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dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois »

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Louis E. Leroy

Louis E. Leroy




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MessageSujet: dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » EmptyMer 7 Sep - 5:20

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Aberdeen. J'ignorais pourquoi j'avais choisi cette ville entre toutes les autres dont le nom scintillait docilement sur le tableau de la dernière gare où je m'étais rendu. Aberdeen, aux premiers abords, semblent être une ville tout ce qu'il semble de plus normal. Cependant, au fur des jours qui passent, on se rend compte qu'elle a l'inconvénient des « petites villes ». Vous ignorez s'il s'agit de pure paranoïa, mais vous sentez sans cesse un regard sur vous. Comme si, finalement, les Autres ne s'en foutaient pas, de votre existence. Comme s'ils vous guettaient, comme si pour commettre le moindre faux pas, il fallait emprunter des mesures draconiennes. Je n'étais pas quelqu'un de simplet, en fait, j'étais plutôt vif d'esprit. Cette faculté pouvait me permettre de devenir un excellent menteur, et il faut avouer que je l'avais assez exploité ces derniers temps, bien que mentir était un péché. « Tu ne mentiras point ». Je trouvais cet ordre plus qu'ardu. La définition du mensonge est tellement vaste. « Ne pas dire la vérité », c'est tellement simple. Que ce soit par le silence ou par les mots, on peut éviter de la conter. Le mensonge est un monstre avec une large gamme de nuances. Il y a ceux qui mentent crapuleusement comme ceux qui l'emploient afin de se tirer d'un mauvais pas, de se protéger, d'éviter de faire du mal aux autres. Mon cas s'accordait davantage avec ces derniers motifs.

Aberdeen me rassurait comme m'effrayait. J'ignorais réellement ce qui me retenait ici, peut-être la simple idée que la cité était trop enterrée pour que tout ce que je fuyais se retrouve (ou me retrouve) ici. N'avais-je pas dû penser que justement, ce genre de ville pouvait déceler de choses et personnes bien pires que celles qu'abritaient les villes plus peuplées ? Plus vivantes ? Plus éclairées ? Aberdeen me faisait repenser au lycée avec ses cliques. Chaque individu semblait appartenir à un quartier bien spécifique et les tensions apparaissaient lorsqu'il marchait sur les plates-bondes d'un autre. On aurait dit un jeu de dominance entre hommes, chose que je n'avais jamais connue auparavant. Pourtant, les délimitations semblaient ambiguës. C'était comme avancer à tâtons et savoir que l'on ne peut s'aventurer sur ce terrain que lorsqu'on aura reçu des coups. Au final, j'avais visé le centre, où il y avait le plus de monde possible, me disant qu'au moins, je ne risquais pas de me trouver en face d'une molécule liée serrée. Ici, il n'y avait que des atomes, de toute évidence. Pas vraiment d'étiquettes, un peu d'anonymat. C'était parfait.

Vivre composait le souci. Depuis le début de l'été, j'étais en « cavale ». Techniquement, ou du moins, de ce que je m'en rappelle, je n'avais rien fait de mal. Je n'avais rien quémandé, rien provoqué. J'étais l'exemple parfait de Monsieur Pas de chance prit contre sa fichue volonté. J'aurais pu en vouloir à Hanna, si elle ne s'était pas éprise de ce jeu stupide de s'enfoncer dans la forêt pour m'en faire voir de nouveau de toutes les couleurs, jamais la machine de mon nouvel enfer n'aurait été engrangée. Jamais je n'aurais été transformé en loup-garou, en lycanthrope, en créature sanguinaire qui luttait perpétuellement contre l'homme que j'étais. Aucun repos n'était autorisé, aucun time-out. Dès que je l'oubliais, dès que je retrouvais cette sensation d'être normal, la bête revenait plus fort pour me rappeler que ma vie était désormais radicalement changée. Que je ne serais plus jamais normal. Que je n'étais plus humain. Et de ce raisonnement s'enchaînaient les interrogations basiques : Qu'être ? Que faire ? Que devenir ? Le seul loup-garou que j'avais pu connaître était celui qui m'avait Changé contre ma volonté, et en toute honnêtement, je n'étais pas pour sympathiser avec lui. De toute façon, il se fichait de ma présence. Il aurait pu attaquer un vulgaire rat, ça lui aurait fait le même effet, sans nul doute. Je n'étais qu'un moyen de paiement pour lui et sa farouche cupidité. A cet homme, je pouvais lui en vouloir. Il avait tout pour me faire perdre la foi en l'humanité. Encore fut-il qu'il ne soit pas vraiment humain... Mais l'admettre serait admettre que je ne le suis plus non plus. Or, j'étais trop attaché à cet ombre d'humanité. C'était me conforter dans l'idée qu'il y avait encore de l'espoir dans ma vie, que je pourrais recoller les morceaux de mon existence et continuer mon petit bonhomme de chemin plus facilement. Une belle mission que je m'imposais. De toute façon, les conséquences si je ne la prenais pas en main étaient assez désastreuses, voire mortelles.

Alors il fallait vivre. Prendre ses repères dans Aberdeen tout en ne se faisait pas remarquer. Éviter les flics, les regards pesants, les gens. Ne pas se lier d'amitié, ni parler très longtemps avec quelqu'un. Ne pas attirer l'attention, passer inaperçu. Assez délicat, lorsqu'on est un sans abri affamé et d'humeur particulièrement massacrante. Voler devenait pour l'instant mon gagne-pain. J'étais assez agile et rapide, si bien que jusqu'à présent, je ne m'étais pas fait remarqué ou attrapé. Du moins, pas dans cette ville-ci. Dans la précédente, j'avais fui les ennuis. Me faire conduire au commissariat rimerait à ma fin. L'on découvrirait probablement que j'étais recherché dans ma ville natale et que j'étais cet adolescent fugitif qui filait comme le vent. Ce cas assez étrange, puisque je n'avais jamais à proprement parler présenter un quelconque désir de partir, ou un mal-être. Certes, il ne fallait pas me marcher sur les pieds, mais j'avais su organiser ma vie. J'étais populaire au lycée, avait des amis, et aimait ma famille bien qu'elle était loin d'être normale. Toutefois, j'étais désormais assez mal placée pour parler de normalité. Quoi qu'il en soit, les autorités étaient proscrites. Je ne retournerais pas chez moi, c'était du suicide. J'aimais énormément ma mère et ma sœur, ce n'était pas le problème, mais il y avait trop de danger là-bas pour quelqu'un comme moi et me « rendre » serait attirer l'attention sur moi. On se demanderait ce que j'avais pu faire pendant ces mois, pourquoi j'avais fui. Il serait nécessaire d'inventer un plan en béton, de mentir à nouveau, qu'on me croit. Les loups-garous avaient beau avoir fait leur coming-out, je ne désirais aucunement qu'on apprenne mon infortune. Autant mourir.

« La faim fait sortir le loup du bois ». Vous savez ce qu'on est capable de faire lorsqu'on a faim ? Tout. On perd toute once de moral, on devient fou. Les instincts de survie, les pulsions de vie vous hantent. Vous font agir comme un toxicomane en manque. Vous ferez tout pour un pain, vous en rêvez même la nuit. On est capable de tuer pour manger, l'Histoire l'a bien prouvé avec les anciennes famines dont on souffert certains pays, et dont en souffre encore certains aujourd'hui, d'ailleurs. Je n'avais pas encore d'envie meurtrière, mais plutôt kleptomane. J'avais volé un tas de choses, que j'enfermais dans mon sac à dos. Des breloques, des porte-monnaie, des bijoux parfois. Des fruits subtilisés au marché, des marchandises dérobées des sacs à commission. Ça devenait parfois un jeu d'enfant. Un jeu illégal, certes, mais il fallait avouer que je préférais me contrôler l'estomac plein que laisser mon loup agir. Lui était capable de tout, et sans doute du pire. Je devais mettre toutes les forces de mon côté pour le bien de tous comme du mien, et le prix à payer pour cela était la malhonnêteté.

Après avoir squatté quelques nuits le vieux tacot bon pour la casse de Tanith, la jeune dhampyre – enfin, tout est relatif – avait consenti à m'héberger sous son propre toit. Une idée assez folle, sans doute avait-elle était éprise de pitié. Son acte avait de quoi me donner des idées sur les « autres », ceux qui n'étaient pas humains. Ils pouvaient être bons, a priori. Bien sûr, Tanith était quelque chose de bien particulier. Un dhampyre, un hybride, mi-vampire, mi-loup-garou. De quoi me dépasser totalement. Déjà que j'avais été préservé du monde des « créatures magiques » comme les nommaient mes parents, apprendre que loup-garous, vampires, dhampyres et que sais-je arpentaient les mêmes rues que le plus commun des mortels avait de quoi surprendre. Dans tous les cas, Tanith avait beau se montrer sympathique comme généreuse, je me refusais à l'abus, et en d'autres mots, mes habitudes de vols n'avaient pas pâties de ma nouvelle cohabitation. Et il faut avouer qu'en matière de délit, Colombia Street était tout à fait parfaite. Cette rue commerçante, jonchée de personnes venant faire les emplettes. La cohue qui ôtait toute sécurité du secteur, de quoi plonger sa patte aisément dans les sacs et en extirpait le butin. J'arpentais la longue rue, analysant les différents points de vente, mon estomac se plaignant du manque que je lui imposais malgré moi. J'étouffais un gargouillement en appuyant dessus avec ma main, ce qui était particulièrement stupide et vain puisque je doutais que quiconque puisse l'entendre. Je vissais une casquette sur ma tête et plongeais mes mains dans mes poches. Mon loup me narguait, avec ses sens un peu trop aiguisés. J'avais l'impression de sentir tout ce qui pouvait se manger et s'avérer plus que délicieux mais ne pouvoir me l'approprier. Je déglutissais, affamé à l'idée d'engloutir les différents aliments qui passaient sous mon nez. Il valait mieux une situation où la victime ne se rendrait nul compte du fait que je m'apprêtais à la dépouiller de ses biens fraîchement achetés. Finalement, je repérais la situation parfaite – ou plutôt, il faut dire que le fait que je perdais, tout comme mon estomac, patience m'incitait à y aller et ne pas marcher plus longtemps sans rien dans le blouson. Je grimaçais, m'approchant de chevelure brune ondulée qui me tournait le dos. Ma respiration s'accéléra, tandis que mon coeur battait avec davantage d'intensité contre ma poitrine. Il y avait quelque chose d'autre, quelque chose qui m'énervait vraiment autour de moi. J'ignorais si c'était le fait que j'avais à voler pour manger ou si la faim me rendait si instable, mais la colère s'installait progressivement en moi jusqu'à ce que je puisse jeter un coup d'oeil dans le sac en papier qui pendait à la main de la jeune femme. Je fermais les poings, luttant contre l'envie de le lui arracher tout simplement et m'en aller. Perdre la raison, toute prudence. Je levais les yeux de nouveau sur les boucles qui rebondissaient sur ses épaules alors que sa voix parvenait à mes oreilles. Des paroles d'usage que je retenais même pas. Je m'en fichais, ce n'était pas l'important, et je tentais de la faire taire dans mon esprit comme on essaie d'éloigner un parasite récalcitrant. Je sentais mes ongles pénétraient ma peau tant je mettais de la pression dans mes poings et finis par les desserrer, glissant promptement une main dans le sac de la femme et y attrapant une marchandise que je faufilais rapidement en sécurité sous mon blouson. Enfin, dans tous les cas, c'était l'idée, puisque j'avais à peine le temps d'exécuter la moitié du court chemin que je sentais une main serrer violemment mon poignet.

Je grognais d'indignation assez fortement, alors que je sentais mon dos se cogner à un mur violemment, l'emprise de la jeune femme contre mon poignet ne perdant de force. J'essayais de récupérer ma main violemment, affligeant au passage des coups de coudes dans le mur dans un état frénétique. J'ignorais si j'agissais davantage sous l'emprise de la colère ou de la peur, mais savais pertinemment que j'étais prêt à tout pour me défaire de l'emprise de la femme. De toute évidence, le fait que je faisais face à une force quasiment égale n'avait rien pour me rassurer. En fait, ça me terrorisait totalement, si bien que mon instinct de survie me rendait incontrôlable, et le loup en moi s'en délectait. Je revoyais mes quelques jours dans ce camion vers Nashville où ce « scientifique » s'évertuait à me mettre en position de vulnérabilité pour effectuer toute sorte de tests sur ma personne. Pire, je voyais quasiment une alliée de cet homme, et imaginer être de nouveau enfermé me rendait enragé. Le simple fait de ne pouvoir récupérer la liberté de ma main me rendait fou. Je fronçais les sourcils et finissais par consentir à laisser tomber mollement le sachet de pain sur le sol. J'étais têtu, déterminé et en aucun cas du genre à me laisser faire. Cependant, je n'étais pas stupide non plus et savais reconnaître une cause « perdue ». Le pain, en l'occurrence, l'était. Je serrais mon poing prisonnier, finissant par lever les yeux sur celle qui aurait dû être ma victime et non le contraire. Je la fixais quelques instants, puis baissais les yeux, ravalant ma présence.
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Dakota Halloran

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MessageSujet: Re: dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » EmptyVen 9 Sep - 4:27

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Contrairement à beaucoup de personnes que je connaissais et fréquentais et qui n’entraient pas du tout dans la définition du mot normalité, je n’étais pas arrivée en ville par hasard, au contraire, j’avais bénéficié de la large liste de contacts que mon oncle Marshall possédait. Ce fut lui qui m’envoya dans l’état de Washington, se souvenant alors qu’il avait autrefois connu un lycanthrope qui en venait et lui avait parlé de quelques meutes installées là-bas, profitant d’une vie plus ou moins en autarcie et de grands espaces susceptibles de répondre à tous les besoins d’évasion des loups les plus dangereux et redoutables. Un peu plus tard, j’apprendrais que des meutes, il y en avait à peu près partout et que j’aurais très bien pu rester par chez moi et m’épargner un changement drastique d’environnement qui me fit tout drôle quand je débarquai à Aberdeen, près de cinq ans plus tôt. A tout cela s’ajoutait des loups solitaires, des lycans plus qu’asociaux qui évitaient soigneusement les gros rassemblements de ceux de leur race, pour leur propre bien mais également dans l’intérêt des autres, ils étaient souvent bien moins enclin à respecter la trêve entre les vampires et les loups et vivaient affreusement mal la révélation. Sans doute à tort, je m’imaginais que c’était également le cas de Keith, l’homme qui devint mon messie une nuit où mon petit ami eut la main plus lourde qu’à l’accoutumée. Sans lui, je n’aurais pas eu la chance de voir ma vingt-deuxième année arriver, néanmoins, si je ressentais énormément de gratitude à son égard, celle-ci était indubitablement ternie par l’abandon donc je fus l’objet après qu’il m’ait mordu et que je me sois transformée. A ses yeux, je ne méritais pas qu’il s’arrête plus longtemps dans la petite ville modeste que j’habitais à l’époque et il mit les voiles aussi vite qu’il m’était apparu ce soir-là, me livrant à un sort peu enviable selon le commun des mortels et surtout me laissant dans la détresse la plus totale. Sans ma famille, j’aurais probablement viré complètement dingue, sans ma rencontre avec ces gens qui deviendraient ma meute, j’aurais sans doute fini par me montrer violente et aurais été incapable de trouver une quelconque paix intérieure. Cependant, le fait que je ne me sois pas retrouvée à Aberdeen par hasard ne signifiait en aucun cas qu’il s’agissait d’un choix de ma part. Quoi qu’on en dise et surtout, quoi qu’on en pense, je restais une jeune fille du sud, une amoureuse de ses traditions. Il n’y avait qu’en Louisiane que je me sentais autant dans mon élément, il n’y eut que là-bas que je me sentis faire corps avec ma nature de sorcière et il ne se passait pas une journée sans que l’humidité étouffante et oppressante de cet état impitoyable me manquent. L’état dans lequel on me donna la vie incarnait, à mes yeux, tout ce qu’il y avait de magique en moi, tout ce qui relevait du don quasi extraordinaire et qui m’avait rendu exceptionnelle alors que j’étais partie perdante, avec un père violent et une mère soumise. Ce fut donc compliqué pour moi de toute laisser derrière, de prendre mon petit baluchon pour reconstruire quelque chose ailleurs. Quant à l’état de Washington, il n’était que la résonnance de ma nature lupine, il n’y avait quasiment plus rien de magique, seulement de primitif et d’implacable, une sorte de douceur dissimulant quelque chose de plus sauvage qu’on ne pouvait se le figurer.

Je n’étais pas restée par amour pour le froid cinglant qui arrivait en hiver et vous rongeait la peau, ou bien pour le vent chargé d’humidité et de l’odeur de feuilles moisies en Automne, pas plus que pour le côté pittoresque de la ville dans laquelle je m’étais établie. En réalité, Aberdeen incarnait tout ce qu’une femme ou un homme du sud pouvait grassement mépriser. Les températures restaient trop basses pour être agréables, toutes les villes se ressemblaient et manquaient cruellement de cette joie de vivre qui faisait la particularité des villes de Louisiane à mes yeux et surtout, aucune musique ne résonnait lorsque l’on parcourait les rues désertes. Pas de blues, de negro spirituals ou de gospel, pas de mélodie s’échappant d’un violon, d’une contrebasse ou que sais-je encore, seulement le silence et la chape de mystère apportée par la nuit. J’étais purement et simplement nostalgique de cet endroit qui condensait tellement de souvenirs et de bonheur, que ce soit mes escapades dans les marais, mes vacances dans ma famille noire ou tout simplement mon installation chez mon oncle Marshall. Malgré tout, je me refusais à quitter Aberdeen. Ici, j’avais trouvé une autre famille toute aussi concernée par mon sort que pouvait l’être mon frère et mon oncle mais pas seulement, j’étais également parvenue à me construire une vie sociale solide et bien loin de tout ce que j’avais pu connaître par le passé et il ne m’en fallait pas plus pour me remplir d’allégresse et de bonheur, comblant le vide laissé par ma Louisiane. Je n’avais jamais croulé sous les amis fiables, ayant toujours eu la fâcheuse tendance de m’acoquiner avec la pire vermine qui soit, ce qui m’avait valu pas mal de remontrances d’Abel qui se rendait malade pour moi. Il fallut que je sois transformée pour que ma vie le soit également et que je lui donne un tout nouveau sens. Alors certes, c’était bien loin de tout ce que j’appréciais mais c’était de bonne guerre si cela me permettait de conserver mon train de vie actuelle. Il ne se passait pas une seule journée sans que l'on me sollicite pour du shopping, un cocktail et j’en passe et c’était exactement ce dont j’avais besoin pour cesser de penser à tort et à travers. Principalement à tout ce qui me tourmentait, que ce soit mon passé ou bien les gens qui en avaient fait partie. Mais mon sujet de préoccupation numéro un ces temps –ci, c’était le retour improbable de Keith. J’ignorais ce qu’il me voulait, tout comme les raisons de son retour mais je n’avais pas envie de le voir, ayant un très mauvais pressentiment. J’étais donc constamment sur mes gardes dès que je quittais le territoire de la meute et le simple fait de me dire qu’il m’épiait sûrement me rendait malade. Il m’avait effectivement sauvé mais cela ne lui donnait en rien le droit de me tourmenter.

Je parcourais donc les rues de la ville en me tenant sur mes gardes, mes sens surdéveloppés en ébullition, ne laissant rien m’échapper, pas même le plus insignifiant des détails, je savais que tout se jouait souvent sur ça. Cette crainte que quelque chose vienne bousculer mon quotidien, ma nouvelle vie si bien rodée, ne me lâchait plus, même pas quand je prenais la peine d’aller remplir le frigo pour mon frère aîné et moi. Il avait une sainte horreur de tout ce qui se rapprochait de près ou de loin d’un supermarché, c’était donc moi qui devait me faire un plaisir de m’acquitter de cette tâche, ayant négocié pour qu’il cuisine tandis que je me chargeais du reste et il ne lui fallut pas longtemps pour accepter. Il était de notoriété publique que j’étais une bien mauvaise cuisinière et qu’en prime, on pouvait frôler l’empoisonnement quand j’avais le malheur de mettre la main à la pâte. Me faire participer était la meilleure des manières de gâcher un bon repas, j’étais néanmoins plus douée en potions qu’en cuisine, heureusement pour moi. Quelle pitoyable sorcière j’aurais fait sinon. Aujourd’hui était donc la journée désignée pour me perdre dans les rayonnages nombreux de cet hypermarché américain bien connu. Je poussais mon cadis d’un air absent tandis que j’essayais de me souvenir de ce que j’avais inscrit sur cette fichue liste restée sur la table en bois de la cuisine. Mes heures de sommeil en moins ne m’aidaient pas à conserver la mémoire et ça se soldait par des catastrophes. Au bout de trois quarts d’heure, je finis par rendre les armes et décidai de prendre le minimum vital ce qui signifiait : du pain, du bacon, des œufs, mes produits de beauté et quelques autres trucs pris sous le coup d’une envie viscérale. Un sac dans chaque main, j’eus la joie de retrouver la civilisation et je ne pus m’empêcher de réprimer un sourire lorsqu’une bourrasque vint m’effleurer la peau. Mon regard s’attarda sur les nombreuses boutiques de la rue et je fus tentée par la vitrine de l’une d’entre elles, ce qui m’obligea à traverser pour me retrouver face à une robe magnifique dont la coupe convenait parfaitement à mes courbes. Pourtant, je m’empêchai de pousser la porte, je n’avais pas les moyens de dépenser 400 $ dans un bout de tissu, les factures ne se payaient pas seules et on ne roulait pas sur l’or. A contre cœur, je détournai les yeux et repris mon bonhomme de chemin pour rejoindre ma vieille voiture ou plutôt le taco miteux qui me servait de voiture et que j’adorais comme s’il s’agissait de mon enfant. Curieuse relation, je le concevais. J’étais à mi-chemin lorsque je sentis un changement dans l’air à peine perceptible, le mouvement de mon sac n’était plus calqué sur le rythme de ma démarche et il me fallut un quart de seconde pour comprendre que l’on tentait de me voler. Immédiatement, je me saisis du poignet de ce sale morveux qui osait s’en prendre à moi et je l’attirai dans une rue adjacente plus calme que celle où nous nous trouvions quelques minutes plus tôt. Je ne l’avais pas fait pour lui régler son compte en silence et à l’abri des regards mais parce qu’en posant ma main sur sa peau j’avais immédiatement compris ce qu’il était et je ne souhaitais pas me retrouver dans une situation délicate qui pouvait mettre des humains en danger. J’avais vu en lui, que ce soit ce monstre qui montrait les crocs et secouait son âme ou bien sa détresse mais ça n’enlevait rien à la colère que je ressentais. Cette même colère que j’envoyai au visage de mon frère des jours plus tôt. D’une main et après avoir lâché mes emplettes, je le collai au mur avant de le soulever du sol tandis qu’il se débattait avec force, pour un peu, il aurait pu me faire lâcher prise.

« Calme-toi ! » lui ordonné-je alors que le son de ma voix se répercutait contre les murs en briques de la ruelle

Néanmoins, il gigota de plus belle, me faisant perdre patience et m’obligeant à saisir sa gorge de ma main libre tandis que je lui permettais de toucher à nouveau le sol et que nos regards se croisaient.

« CALME-TOI ! » répété-je avec plus de force

Cela fut, visiblement, plus efficace et j’eus beaucoup moins de peine à le maintenir bien que ma prise s’adoucissait au fur et à mesure que les secondes s’égrenaient. Il n’était pas mon ennemi ou ma proie, il était un frère, un égal et je n’avais pas à le maltraiter, il s’en chargeait assez bien tout seul de toute façon. Je finis par le lâcher pour de bon, remettant en place son blouson et détaillant son apparence digne d’un clodo de bas étage.

« Je t’épargnerais le laïus sur le fait de voler, y compris sur le fait de voler un semblable mais sache seulement que tu aurais pu tomber sur bien moins sympathique que moi. Comment ça se fait que tu es ici tout seul ? Tu n’as pas de meute ? » m’enquis-je en ramassant mon paquet de pain alors qu’il se murait dans le silence le plus total

« Ecoute, ne me force pas à en venir à des extrémités que je préférerais éviter. Pourquoi tu es là et surtout pourquoi tu ne t’es présenté auprès d’aucune meute ? »

Réalisant soudain qu’il ne savait rien de moi et que par conséquent, cela pouvait faire obstacle à toute communication, je levai les yeux au ciel et repris :

« Je m’appelle Dakota Halloran, je suis une lycanthrope, comme toi et ce depuis cinq ans. Maintenant que tu sais tout de moi, réponds à mes questions avant que je ne perde patience. »

Pour la douceur et la diplomatie, on repasserait mais il m’avait manqué de respect et il n’y avait rien qui me mettait plus en rage que ça.
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Louis E. Leroy

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MessageSujet: Re: dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » EmptyVen 16 Sep - 9:11

Il n'avait fallu que d'un contact avec la peau de la jeune femme pour savoir que les choses s'envenimaient et s'envenimeraient. L'effleurer était comme aguicher le loup en moi que je tentais désespérément de calmer. La toucher était comme l'enregistrer dans mon cerveau, comme s'il s'agissait d'une donnée qu'il fallait que je retienne, or les critères que mes neurones retenaient semblaient complètement dénués de tout sens logique. Ou du moins, de tout sens humain. Il était invraisemblable qu'interagir avec cette parfaite inconnue relevait du mystère. Elle régissait en moi des sensations que je n'avais connues qu'une fois auparavant : celle avec l'homme qui m'avait Changé. Il ne me faudrait pas des heures pour faire la relation entre mon assaillant et la personne en face de moi qui prenait déjà le dessus sur ma personne qui elle-même s'avérait en complète difficulté.

A l'instant présent, je l'abhorrais, je la haïssais plus que je me détestais moi-même pour avoir provoqué cette réaction. Son acte était tout à fait légitime, mais la rage rejetait toute faute sur elle, stupidement, probablement dans l'optique générale d'accuser le premier lycanthrope que j'avais rencontré et qui avait fait de moi une de ses victimes. Certes je démontrais ici un flagrant manque de jugement, cependant, toutes réflexions semblaient proscrites. La frénésie prenait possession de mon corps, tentant de se débattre sans limite en vue de me défaire de l'emprise solide qu'entretenait la femme sur ma personne. C'était mon seul but, l'humain entrait presque en symbiose avec le loup qu'il méprisait depuis le premier jour de la cohabitation pour s'entendre sur le résultat de regagner la liberté. Je voyais l'adolescent que j'étais, celui qui était effrayé et tentait de toutes ses forces de fuir, revoyant rétrospectivement les actes de violence dont il avait été victime, les expériences incessantes s'enchaînant inlassablement sur le cobaye qu'il était devenu, celui qui craignait plus que tout de mourir enfermé dans une cage à dix-sept ans, celui qui était complètement paumé, qui avait du mal à s'assumer lui-même en n'étant seulement qu'un vulgaire humain et devait aujourd'hui s'accepter comme lycanthrope, créature bannie, damnée par l'éducation et le mode de vie dans lequel il avait baigné dès le premier jour de sa naissance. Et d'autre part, il y avait le jeune loup, qui voyait la confrontation avec un de ses pairs comme un défi, un combat, une affaire de dominance. Qui n'en avait cure de l'humain et de ses motifs, mais voulait simplement, par pur orgueil, ne pas se faire maîtriser par quelqu'un qu'il ne connaissait ni d'Adam ni d'Ève, et de plus, de sexe féminin. Un loup aux tendances dominatrice malgré son jeune âge qui nécessitait son espace personnel, son respect, et surtout, qui avait besoin de s'affirmer et réussir au moins une fois à combattre l'adversité, à battre quelqu'un, pour une nouvelle fois gonfler ce que les humains nomment « orgueil », bien que le loup nommerait plutôt cela « instinct de survie. »

« Calme-toi ! »

Elle l'ignorait peut-être, mais elle n'avait pas pu avoir meilleure réaction de m'entraîner dans cette ruelle adjacente bien moins fréquentée. Bien que son ordre se répercutait contre les briques contre lesquelles mon dos avait été frappé, je ne cessais mon activité. Néanmoins, le simple fait que ce soit elle qui s'adresse à moi, donc une lycanthrope, me percuta de plein fouet. Pendant un court instant, mes yeux eurent un reflet vague, complètement perdu. Le loup en moi grondait face à l'ordre, voulant riposter, difficilement docile, bien qu'il ne pouvait nier que son interlocutrice avait un certain pouvoir sur elle. Quant à l'adolescent, il ne pouvait nier qu'elle l'aidait. La force directe dont elle avait su faire preuve assagissait le loup un minimum et me permettait de prendre un léger contrôle sur celui-ci, si bien que tandis que je me faisais un instant tout mou dans sa poigne, je vacillais même légèrement, peu habitué à un tel revirement de situation, comme si le loup subissait un vertige, désirait courber l'échine alors que l'homme n'y comprenait strictement rien. Cette accalmie dura quelques misérables secondes avant que la peur et la colère entrent de nouveau en scène qui reçurent comme accueil une main ennemie se refermant légèrement sur sa gorge. Mes pieds touchèrent de nouveau le sol, bien que je sentais plus que je tenais debout grâce à l'étreinte de la jeune femme que par ma propre force.

« CALME-TOI ! »

Je me figeais, tournant la tête, fuyant totalement le regard de mon interlocutrice, fixant un point invisible au bout de la ruelle. J'inspirais tandis que ses doigts desserraient un à un l'étreinte qu'ils pressaient autour de ma gorge puis tout contact entre elle et moi cessa. Ma poitrine se gonflait et se dégonflait à une vitesse impressionnante, comme si je venais d'achever un marathon et que j'étais prêt à tomber dans les vapes tant j'avais forcé. Néanmoins, je restais debout, légèrement fébrile, fixant ce point invisible, totalement perdu. Le fait qu'elle m'ait lâché me rejetait violemment dans mon monde précédent : celui où j'étais seul et j'avais faim. Cependant, bien que l'échange avait été plus violent et désagréable qu'amical et généreux, une partie de moi espérait qu'elle ne s'envole pas, qu'elle m'offre au final le dit échange que je désirais. C'était probablement naïf, il était sans doute plus sage de me méfier de la jeune femme que de me jeter à ses pieds, toutefois, elle avait su me rendre ma liberté sans me produire le moindre mal significatif. Ses mains tirèrent sur les pans de mon blouson et j'attirais finalement de nouveau mon regard vers elle, l'air toujours aussi perturbé.

« Je t’épargnerais le laïus sur le fait de voler, y compris sur le fait de voler un semblable mais sache seulement que tu aurais pu tomber sur bien moins sympathique que moi. Comment ça se fait que tu es ici tout seul ? Tu n’as pas de meute ? »

Je l'écoutais, décryptant chacune de ses paroles, sa voix résonnant en moi comme si elle était pénétrée dans ma tête et qu'elle rappelait à l'ordre chacune des parties de mon organisme. « Un semblable », ce sentiment de relation entre sa personne et la mienne était donc fondé. Il y avait bien quelque chose en commun entre elle et moi, comme entre moi et le loup-garou qui m'avait attaqué : nous étions tous les trois atteints de lycanthropie. « Tu aurais pu tomber sur bien moins sympathique que moi ». J'ignorais si elle envisageait un quelconque individu, un humain détenant les droits des autorités, une brute malfamée, un gang de rue particulièrement violent, ou plutôt « un semblable » qui possédait les propriétés qu'elle avait dictées. Dans tous les cas, bien que j'étais conscient du risque que j'encourais, cela ne m'aurait pas fâché qu'elle omette ce passage dans sa déclaration. « Comment ça se fait que tu es ici tout seul ? » Instinctivement, mon visage se fermait. Je m'étais juré de ne rien dire sur la personne que j'étais, sur le Louis Leroy de Nashville. Celui qui avait une famille qui le recherchait probablement à l'heure actuelle, celui qui fuguait et qui était peut-être même recherché quant à la résolution des différents actes qui s'étaient déroulés la fameuse nuitée où j'avais été Changé, celle où le sort de sa petite amie n'avait pas été des plus délicats. J'étais sans doute une pièce à conviction, un suspect, un élément non-négociable du puzzle que composait l'affaire. Mais je ne pouvais me risquer à retourner chez moi étant donné ce qu'il était advenu de ma personne. Je ne pouvais pas cacher ma nature de loup-garou que je contrôlais à peine, je ne pouvais pas mettre en danger ma famille. Lorsque je me changeais, j'ignorais tout des activités que menait le loup qui maîtrisait alors l'intégralité de mon corps. Je ne pouvais plus être moi-même, je devais me résoudre à couper les ponts avec mon ancienne vie, la dissimuler aux yeux de tous, fuir ceux qui pourraient me reconnaître et espérer qu'on m'oublierait, que mon dossier finirait par se classer dans les non-résolus, que les hypothèses macabres affaibliraient les actions de mes proches et que je pourrais apprendre à vivre en tant que lycanthrope sans avoir à regarder continuellement derrière mon épaule. Je ne pouvais plus être Louis. Je ne devais plus être lui. Et de toute évidence, je ne l'étais même plus depuis cet été. J'ignorais qui j'étais, ce que j'étais. Je me savais différent, je me savais dangereux. Je savais qu'il faudrait réadapter ma vie dans les moindres détails pour excommunier toutes les coutumes, les réflexes, les modes de vie et façons de faire que j'avais adoptés. Glisser dans la peau d'un autre qui devait n'entretenir avoir moi qu'une pure ressemblance ornée de coïncidences. « Tu n'as pas de meute ? » Mes sourcils se froncèrent un instant. Une « meute ». J'avais beau connaître la signification du terme dans les grandes lignes, j'ignorais ce que désirait évoquer véritablement mon interlocutrice. J'envisageais une défaillance auditive de ma part. Après tout, j'avais du mal à considérer un environnement, une vie si élaborée pour tout loup-garou fixée uniquement sur leur lycanthropie. Je voulais bien assimiler les subtilités d'un homme Changé, mais songer à une double-vie dans toute sa splendeur me semblait encore complètement loufoque. Je conservais religieusement mon silence tandis que la jeune femme se penchait en vue de ramasser son pain au sol. Le temps de se redresser, son impatience semblait s'être envolée.

« Ecoute, ne me force pas à en venir à des extrémités que je préférerais éviter. Pourquoi tu es là et surtout pourquoi tu ne t’es présenté auprès d’aucune meute ? »

Il n'y avait donc aucun risque, elle évoquait bien la notion de meute. Pourquoi ne m'étais-je présenté auprès d'aucune meute ? La réponse à son interrogation était simple : parce que je n'en connaissais aucune, parce que j'ignorais l'existence de « meutes » avant qu'elle ne me l'évoque, parce que j'ignorais même comment pouvait-on se « présenter » auprès d'une d'entre elles. J'étais un loup-garou depuis le début de l'été seulement, le seul lycanthrope que j'avais réellement rencontré, que j'avais approché, était celui qui m'avait Changé pour me vendre auprès d'un cruel scientifique avide de connaissances. Sinon, j'avais fui tout contact, que ce soit humain ou lupin. Il était inconcevable que j'en sache énormément sur le sujet, si bien que même l'idée de meute m'échappait. Ma culture vis-à-vis des loups devaient se limiter grosso modo à « Croc Blanc » et franchement, je ne préférais pas étaler mon ignorance devant le second loup-garou avec lequel j'avais le loisir d'interagir plus de quelques minutes. Ma voix me faisant toujours défaut, ses yeux se levèrent au ciel, avant qu'elle prenne une nouvelle fois la parole.

« Je m’appelle Dakota Halloran, je suis une lycanthrope, comme toi et ce depuis cinq ans. Maintenant que tu sais tout de moi, réponds à mes questions avant que je ne perde patience. »

Je fixais son regard pas plus de deux secondes avant de baisser la tête, l'air abasourdi. Je déglutissais, ressassant ses dires. « Je suis une lycanthrope, comme toi ». L'entendre de la voix d'une quasi inconnue était effarant, si réel et irréel à la fois. Elle me plongeait dans ce monde que je pensais intégralement fantastique et m'y attachait bon gré mal gré. Je ressentais sans difficulté son impatience comme sa frustration. Je devinais assez facilement que je l'agaçais, que mon comportement frisait l'inacceptable, et que s'il avait été issu d'une personne de son entourage, probablement aurait-elle su perdre son sang-froid et lever davantage le ton. D'une certaine manière, son « calme » (tout était relatif) était une preuve qui me penchait à me montrer davantage avenant que méfiant vis-à-vis de la dénommée Dakota. Je levais finalement les yeux, répliquant lentement :

« Je suis désolé d'avoir agi de la sorte avec vous. Je... »

Laissant ma phrase en suspens, je déviais mon regard vers ce même point invisible vers lequel j'avais tendance à me réfugier. « Je m'excuse d'être un véritable danger ambulant ? D'être incapable de me contrôler ? Mais je suis heureux d'être tombé sur vous puisque d'une certaine manière, votre autorité a su adoucir quelques instants mon loup ? » Honnêtement, articuler ces aveux afin de continuer dans la même ligne de franchise que j'avais empruntée était digne du suicide. Il valait mieux que je me taise, que je laisse planer un léger flou, bien que je me doutais fortement que Dakota avait jugé que j'étais loin d'être un être sécuritaire et contrôlée dans les rues d'Aberdeen. Je finissais par avouer, misant sur une autre de ses questions :

« Je ne connais aucune meute. »
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Dakota Halloran

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MessageSujet: Re: dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » EmptyDim 18 Sep - 3:44

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Je m’en voulais et ce gosse était en train d’en payer chèrement les conséquences. Je m’en voulais de l’avoir laissé approcher si près et de ne pas avoir été en mesure de le sentir avant qu’il ne se trouve si près de moi qu’une taupe aurait pu le voir. Ma culpabilité ne faisait que s’accroitre davantage lorsque je pensais au fait qu’il aurait pu s’agir de Keith. Si cela avait été le cas, je n’aurais pu m’extirper de cette situation aussi facilement qu’en usant de ma force surnaturelle et de mon expérience, certes très récente, mais qui était suffisante pour mettre à mal, ou presque, la folie d’un jeune loup qui avait voulu me défaire de mes biens sans effusion de sang. Raté ! Le fait qu’il s’en soit pris à moi ne faisait qu’intensifier ma colère et mon sentiment d’impuissance, j’étais donc si insensible et vulnérable que cela ? Au point d’être incapable de sentir l’un de mes congénères à seulement quelques mètres de moi ? Cette idée me rendait malade et remettait en question énormément de choses, notamment ma place au sein de la meute mais également ma nature de lycanthrope. J’ignorais si ma magie interférait un peu trop avec mon loup ou bien si ce n’était que la conséquence d’une trop grande fatigue et des soucis qui me tombaient dessus, les uns après les autres, ces derniers temps. De toute mes forces, je priais pour que mes dons n’aient rien à voir là-dedans, je ne voulais pas abandonner cette partie de moi au profit d’une autre, je savais que je ne m’en remettrais jamais. Ma magie était mon lien avec ma famille, ma terre natale et mes aïeux mais également le seul qu’il semblait maintenir l’équilibre entre mon frère et moi. Quelques jours auparavant, j’eus l’impression que rien d’autre ne nous rapprochait, que nos chemins s’étaient séparés depuis bien longtemps et que la seule chose qui nous avait maintenu l’un près de l’autre, fut notre volonté farouche de nous protéger, de rester une famille dans l’adversité et surtout mon incroyable capacité à prendre sur moi et à pardonner, encore et toujours, même quand j’étais au bord du gouffre, prête à sauter pour ne plus le voir se faire du mal et me blesser par la même occasion. J’étais souvent considérée comme la plus immature des deux, candide et stupide à souhait mais je ne le voyais jamais autrement que comme un gosse à qui on avait offert un bouquin de magie noire, un bouquin bourré de rituels visant à faire le mal, respirant le mal. Un gosse qui avait envie de tous les essayer pour voir quelles seraient les conséquences, pour se venger de choses qui ne pourraient jamais être réparés par de la haine et le concours du malin. Durant des années, notre père avait fait de son mieux pour me brimer et tenter de me briser, de faire de moi une femme soumise, une chose fragile et sous dominance masculine mais comme un roseau, je n’avais fait que plier sous ses assauts, comme poussée par une bourrasque. Effectivement, j’avais pris de sacrées raclées, certaines avaient manqué de me tuer mais je m’étais toujours relevée, plus forte et plus déterminée à l’aimer et à lui pardonner, laissant à Dieu le soin de le punir et de le juger. J’aurais pu devenir un monstre mais ce fut mon frère à qui l’on confia cette lourde tâche, ce fut lui qui, empli de haine et de ressentiment, ressentit un puissant besoin de vengeance, lui encore qui souffrait plus que moi des coups que je recevais. Et en ça, j’avais échoué. Mes appels au calme l’avaient souvent empêché d’assassiner notre père sur un coup de colère, alors qu’il n’était qu’un gosse et que le vieux était une armoire à glace quasi impossible à coucher. Abel avait toujours été plus impétueux et révolté que moi, il avait une fougue et une insolence que j’aurais voulu posséder à l’époque mais tout ça l’avait conduit du mauvais côté. Chez le commun des mortels, l’envie de vengeance finit par faire place à du ressentiment et puis l’amour que l’on reçoit des autres efface tout et nous fait avancer mais pas lui, cela semblait au-dessus de ses forces. Il ne pouvait et ne voulait oublier, tout ce qui le motivait aujourd’hui était tant la soif de pouvoir et de savoir que l’envie de faire payer au monde entier l’injustice dont ils avaient été victime. Il n’avalait toujours pas le fait que je sois devenue louve pour survivre, à ses yeux, il n’y avait pas pire sort que celui-ci. Mais ce qui l’avait réellement tué sur place fut le fait que je parvienne à me constituer une nouvelle famille dont il ne pouvait faire partie, en dépit de ses efforts, malgré sa volonté farouche de me coller aux basques parce qu’il voulait être sûr que j’irais toujours bien. Il n’était pas lycan, il ne comprendrait jamais ce que j’avais enduré et ce même si je tentais de lui expliquer, encore et encore. Il vivait peut-être sur le territoire de la meute et était accepté ou peut-être plus toléré qu’autre chose, mais il n’était pas un membre de la grande famille que tous les lycans formaient, il était une pièce rapportée. Ca me faisait mal au cœur d’y penser, tout comme j’avais toujours refusé de choisir mais je savais que le jour viendrait où je devrais faire un choix cornélien : suivre mon frère de sang ou bien rester avec tous mes frères et sœurs de cœur.

Mais, en toute objectivité, un loup solitaire ne pouvait survivre bien longtemps, surtout depuis la grande révélation et tous ces cinglés de chasseurs qui leur couraient au cul, que ce soit pour récupérer leurs dents et faire les marioles dans des bouges miteux devant des alcooliques notoires ou bien des confréries beaucoup plus dangereuses dont les plans restaient aussi mystérieux que leur existence. Tous les solitaires avaient appartenu à une meute avant qu’un drame ne survienne, on ne décidait pas de se couper de ses congénères du jour au lendemain parce que l’on ne supportait plus la vie en communauté, le fait que Martin vienne prendre votre savonnette alors que vous étiez en pleine utilisation ou bien le fait qu’il n’y ait plus d’eau chaude après que tout le monde soit passé à la douche sauf vous. Non, c’était quelque chose de plus profond que ça, une plaie béante, profonde qui ne se refermait jamais et qu’il suffisait de gratter pour qu’elle suppure de nouveau et vous mette un sérieux coup au moral. Pour ce que je savais des solitaires, leur destin était des plus tragiques et leur sort peu enviable. Cette idée me ramena immédiatement à Keith et un frisson me parcourut la colonne avant que je ne me reprenne et que je poursuive mon interrogatoire. Je voyais bien qu’il nageait complètement dans toutes les informations que je venais de lui donner, ce qui m’amena à croire qu’il était non seulement seul mais qu’en plus, il l’avait toujours été. Mais c’était mon devoir de le questionner, de m’assurer qu’il ne nous poserait pas de problèmes, si je ne l’avais pas fait, on aurait pu me le reprocher plus tard et en cas de litige, on m’aurait tenu pour responsable et je n’y tenais pas particulièrement. Même si ce n’était pas évident tous les jours, j’aimais faire partie d’un tout, être protégée envers et contre tout, avoir une famille si vaste et soudée qu’ils ne me jugeaient pas injustement mais il y avait des règles et si on ne les respectait pas, on ne pouvait plus prétendre à quoi que ce soit et j’estimais que c’était parfaitement normal. Le fait que je n’ai jamais goûté au sang humain me rendait sans doute plus docile que pas mal de loups de la meute et ce même si j’étais une dominante. Qui aurait cru que la gamine battue par son père serait capable de dire non et de tenir tête à pas mal de mâles de sa meute, n’hésitant pas à les provoquer. J’avais, au tout début, été une véritable tête brûlée, comprenant ce que ressentait alors mon frère, mais ça m’était rapidement passé, surtout après que j’ai eu le droit à un corps à corps en bonne et due forme et que j’essuie ma toute première défaite. Si ça me rendit plus hargneuse, je sus que je ne pouvais pas dépasser certaines limites, déjà parce que je n’étais qu’une louve lambda mais également parce que j’avais eu le malheur de naître du mauvais sexe. Mais à mes yeux, ce n’était pas le plus insupportable, en effet, il y avait parfois des inconvénients à ce mode de vie des plus particuliers. Depuis mon arrivée, j’étais fréquemment sollicitée, si je puis le dire ainsi. Les louves étaient plutôt rares et mus par leurs instincts les plus primaires, il arrivait que l’on me tourne autour. Si j’avais accepté quelques rendez-vous sans conséquence, je n’avais jamais accordé mes faveurs à aucun d’entre eux, je refusais de quitter mon frère, lui qui me donnait déjà assez de fil à retordre comme ça et puis un homme, c’était déjà bien assez suffisant pour occuper ses journées. Quand je ne les éconduisais pas gentiment, mon frère le faisait sans détour, et je ne pouvais m’empêcher d’éclater de rire, ne riant pas du malheur de mes amis mais de la manière dont Abel leur faisait comprendre que je préférerais faire un petit voyage en enfer plutôt que de me balader pendue à leur bras. Pour éviter le moindre problème, je ne fréquentais que des humains, malheureusement, ça ne faisait qu’envenimer les choses et susciter l’incompréhension la plus totale. Mais comme tout à chacun, j’avais des besoins et depuis ma transformation, mon appétit sexuel était littéralement décuplé, je n’avais pas trente-six solutions et j’avais choisi la facilité.

Le silence me parut durer une éternité mais il finit par le briser avec le son de sa voix enroué, je ne l’avais pas quitté des yeux, ce qui me permit de voir dans son regard tout ce qu’il ne disait pas. Il n’était qu’un gosse, paumé de surcroît et ce fut assez pour réveiller mon instinct maternel. J’aurais pu l’abandonner là et laisser Elijah gérer toute cette merde mais au lieu de ça, je restais là, à parlementer, tentant je ne savais trop quoi pour d’obscures raisons.

« J’accepte tes excuses mais j’espère pour toi que ça ne se reproduira plus. » m’entendis-je dire comme si j’étais soudain devenue adulte, en l’espace de deux pauvres minutes

Cette constatation me fit soupirer, j’étais purement et simplement ridicule et surtout, loin d’être crédible. Quelque part, ce n’était pas plus mal que je sois privée de la possibilité d’enfanter, je savais que compte tenu de mon background, j’aurais été incapable de faire preuve d’autorité envers mes enfants, de peur de les brimer, leur faire de la peine ou tout simplement les briser. Il m’avoua ne connaître aucune meute et j’eus soudain énormément de pitié et de compassion pour ce pauvre gosse. J’avais au moins eu la chance d’être entourée de ma famille après ma transformation, ce qui n’était visiblement pas son cas, sinon pourquoi se serait-il retrouvé à voler pour subsister ? Je tenais toujours mon paquet de pain entre les mains et je finis par le ranger dans mon sac de courses, réfléchissant à toute allure.

« Qu’est-ce que tu dirais si je te payais un repas dans un grill du coin ? Histoire que l’on parle de la meute, de ce que c’est et de ce que ça implique. Si tu me fais assez confiance, je t’amènerais chez moi pour te donner des fringues que mon frère ne porte plus et je te présenterais à Elijah, l’alpha de la meute à laquelle j’appartiens. Ou alors je te laisserais partir avec un peu d’argent pour que tu ne fasses plus les poches des passants et tu n’auras aucune obligation envers moi. » lui dis-je avec un sourire sincère et doux

Il me scruta un long moment, pesant le pour et le contre, sa faim entrant en ligne de compte ? Je crus bon d’ajouter :

« Je ne te veux aucun mal, mais si tu préfères, je te laisse mon sac de courses. Je pensais seulement que manger chaud pourrait te tenter. Je sais ce que c’est que de se retrouver à devoir gérer les transformations et les changements d’humeur quand on est seul et crois-moi, on a toujours besoin de quelqu’un sur qui compter dans ces moments-là ! »
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Louis E. Leroy

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MessageSujet: Re: dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » dakota&lou ϟ « la faim fait sortir le loup du bois » EmptyDim 2 Oct - 2:44

Hanna utilisait toujours ce vieil adage qui clame qu'une « faute avouée est à demi pardonnée ». Je n'ai jamais été quelqu'un de foncièrement orgueilleux, j'ai toujours su reconnaître mes torts, involontaires ou pas. Ça avait sans doute fait partie intégrante de mon éducation, les excuses et l'humilité s'approchant de la politesse et du respect. Le plus dur en formulant des excuses n'étaient pas forcément de prononcer les mots, mais d'accepter l'appréhension, cette tension qui règne pendant l'attente de la réponse de son interlocuteur, le verdict, en quelque sorte. Je n'ai jamais vraiment eu l'impression qu'une faute « avouée est à demi pardonnée ». Au contraire, je trouvais que ça imposait souvent bien plus de difficultés qu'autres choses, que parfois cela brisait des amitiés, des conflits s'extirpaient de la vérité. Mais ces conséquences violentes émanaient de ces personnes bornées, probablement. Celles qui voient le mal de l'acte et non le désir d'être pardonnée et le courage qu'a rassemblé l'interlocuteur pour prendre ce risque qu'engendre toute énonciation véridique. La vérité fait mal, c'est un fait. Dans la société, l'hypocrisie comme la franchise sont mal vues. L'humanité s'est retranchée dans les nuances, de sorte que l'on a l'impression de constamment jouer au poker en matière de relations humaines. Dans tous les cas, Dakota semblait être en bonne position pour s'adoucir vis-à-vis de moi. Réaction qui m'étonna complètement, il faut l'avouer. Alors qu'elle m'effarait par la colère et la tension qui l'habitaient suite à mes actions qui l'avaient froissée, en un instant, mes mots articulés, l'essentiel semblait s'être évanoui. J'ignorais si c'était un jeu de sa part ou pas, si elle était sincère, si elle était si peu rancunière, si intense dans ses émotions qu'elle ne se focalisait que sur une seule d'entre elles. C'était certain, je n'allais pas m'en plaindre, au contraire, j'étais plutôt soulagé et heureux d'être tombé sur une telle personne, si mon jugement s'avérait proche de la vérité.

« J’accepte tes excuses mais j’espère pour toi que ça ne se reproduira plus. »

La confiance s'installant progressivement en moi envers la jeune femme, je pesais mes mots pour répondre à ses autres interrogations. Je craignais de trop en dire, d'être pris à mon propre jeu, sachant que les enjeux étaient énormes dans mon cas. Le moindre détail pouvait m'être fatal, pouvait me trahir et réduire à néant l'anonymat que je tentais de conserver comme moyen radical de survie physique comme émotionnelle. Et d'un autre côté, il y avait toujours cette crainte de l'inconnue. Débarquer dans ce monde et avouer à un de ses habitants qu'on y connait rien, qu'il a toutes les cartes en main pour m'utiliser, me tuer, faire tout ce qui lui passe par la tête de mauvais comme de bon. Cette vulnérabilité à laquelle je ne pouvais strictement rien y faire si ce n'est que de m'y soumettre et prier pour que tout se passe bien. Ironie profonde. Rien ne s'était bien passé depuis mon Changement. Absolument rien. J'avais était amené aux portes de la Mort et réduit au rang de pur cobaye, de moins que rien, d'expérience scientifique. J'étais parvenu à m'enfuir mais même si d'une certaine part, j'étais libre, de l'autre, jamais je n'avais été autant enchaîné. J'avais des milliers de contraintes liées à ma condition de lycanthrope que je ne parvenais à contrôler, j'en avais tout autant vis-à-vis de ma survie et de ma condition d'humain. Je fuyais ma vie, ma famille et m'interrogeais sur le pourquoi j'étais parvenu à ne pas me faire démasquer après ces longues semaines. De la chance, peut-être, ou alors un violent coup du sort pour me préserver et me faire connaître d'autres expériences encore plus traumatisantes. Il valait sans doute mieux que je ne m'enfonce pas dans le pessimisme profond, sinon il était certain que je ne ferais pas long feu. Plutôt tenter l'impossible, question de n'engendrer aucun regret. Le silence s'installait entre nous quand j'eus prononcé mes derniers mots. Je risquais un regard vers Dakota qui semblait plus préoccupée qu'autre chose. Finalement, elle prit la parole.

« Qu’est-ce que tu dirais si je te payais un repas dans un grill du coin ? Histoire que l’on parle de la meute, de ce que c’est et de ce que ça implique. Si tu me fais assez confiance, je t’amènerais chez moi pour te donner des fringues que mon frère ne porte plus et je te présenterais à Elijah, l’alpha de la meute à laquelle j’appartiens. Ou alors je te laisserais partir avec un peu d’argent pour que tu ne fasses plus les poches des passants et tu n’auras aucune obligation envers moi. »

Pendant plusieurs instants, mon interlocutrice aurait très bien pu se demander si j'étais apte à parler la même langue qu'elle. L'air aussi surpris que si une seconde tête venait de lui pousser, je ne pus changer d'expression avant quelques secondes, me rendant compte que j'étais tout sauf transparent. Je détournais une nouvelle fois le regard vers ce point invisible à nos côtés et ressassais ses paroles, mon estomac grondant rien qu'à l'évocation de son invitation à aller manger. Le seul point de sa réplique qui me rebutait était celui où elle faisait allusion à cet « Elijah, l'alpha de la meute ». La signification d'un alpha m'était inconnue, si ce n'est que je m'imaginais que par l'alphabet grec, probablement cet Elijah n'était pas quelqu'un de superfétatoire. De plus, pour qu'elle y fasse allusion, il devait susciter un certain respect comme intérêt et englobait une certaine importance. Néanmoins, ses dernières paroles m'assurant que j'avais souverainement le choix et qu'elle m'aiderait même si je désirais de continuer ma route semée d'embûches méconnues installait en moi un peu plus de confiance envers la lycanthrope. Après tout, qu'avais-je à perdre ? Je la scrutais quelques instants, en plein débat intérieur.

« Je ne te veux aucun mal, mais si tu préfères, je te laisse mon sac de courses. Je pensais seulement que manger chaud pourrait te tenter. Je sais ce que c’est que de se retrouver à devoir gérer les transformations et les changements d’humeur quand on est seul et crois-moi, on a toujours besoin de quelqu’un sur qui compter dans ces moments-là ! »

Si je n'étais pas aussi sous le choc des derniers événements, mes lèvres se seraient probablement étirées en un sourire. Mais pour le coup, j'avais toujours le même aspect que celui que j'avais emprunté dès le moment où j'avais repris mon sang-froid pressé contre le mur derrière moi. Je finissais par baisser les yeux quelques secondes, articulant :

« Je veux bien vous suivre. »

Quelques secondes après mes dires, je croisais les bras contre ma poitrine, comme si je craignais un quelconque coup de la part de Dakota suite à ma réponse assez intrépide. Après plusieurs minutes, alors que nous avions quitté notre ruelle, je reprenais la parole, évoquant un élément des dires de la jeune femme que je ne parvenais décidément pas à faire passer.

« L'alpha de votre meute, c'est qui, exactement ? » Je marquais une pause. L'alpha, la première lettre de l'alphabet grec. Le premier loup. Était-ce le plus ancien de la meute? Ou alors, il n'était qu'une question de hiérarchie. J'ignorais si entre lycanthropes, il y avait une quelconque hiérarchie, même s'il y en avait une entre les loups simples d'ailleurs. Cependant, après réflexion, un lycanthrope est un loup comme un humain, et par conséquent, quelqu'un doit bien régir le groupe... La « meute ». Peut-être était-ce ça, le rôle d'un alpha ? Dans ces cas-là, il se doit sans doute être assez fort pour être accepté comme quelqu'un contrôlant leurs actions et restreignant leurs libertés, bon gré mal gré, même mieux : le plus fort. « Votre chef ? » prononçais-je à contrecœur, espérant que mes hypothèses étaient complètement fausses. En effet, si c'était le cas, je préférais rester à des kilomètres d'un tel loup, et non de le rencontrer.

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