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dakota ♛ it's time for me to take a stand

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Andreas Maguire

Andreas Maguire




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dakota ♛ it's time for me to take a stand Empty
MessageSujet: dakota ♛ it's time for me to take a stand dakota ♛ it's time for me to take a stand EmptyLun 5 Sep - 7:53

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« Je n'aime pas particulièrement les visites surprises, Halloran » que je murmure par-dessus mon épaule, détournant légèrement la tête à l'intention de l'intrus dans mon domaine de prédilection où, malheureusement pour lui, le silence est roi. Il était aussi discret qu'un gosse dans une boutique de porcelaine, à peu près aussi doué pour les entrées subtiles que mon frère pour faire des nœuds. C'est pas peu dire, Callum était une putain de calamité quand il était question de navigation et tout ce qui s'y rapprochait. Évidemment, quand il était question du moindre autre talent, il excellait. Moi? Je le regardais faire, perplexe, envieux, quand il parvenait à terminer les carnets que j'avais abandonné, deux ans avant d'arriver à ce niveau. J'échangerais toutes mes traversées pour avoir l'occasion de revivre de ces instants précis où j'ai été le plus éminent trou du cul du monde avec mon cadet, et même si ça représente tout ce que j'ai et tout ce que j'ai toujours connu. Sans hésiter, pas une seule minute, pas une seule seconde « Les mots t'ont prévenus de mon arrivée ou quoi? ». Un léger, très léger sourire parvient à se frayer un chemin jusqu'à mes lèvres. On ne peut pas lui enlever un truc: il est marrant dans son genre. Aussitôt, je retrouve ma mine d'enterrement, celle qui sied depuis des décennies, quoique légèrement agrémentée d'un regard plus brillant qu'à l'habitude quand je me retourne pour lui faire face, prenant le temps de retirer mes gants avant de lui répondre « Tu te déplaces avec autant de grâce qu'une baleine échouée, pas besoin de revenants pour t'entendre débarquer ». Il grimace, puis regarde autour de lui, intéressé. Je ne sais pas ce qu'il compte y découvrir, en fait, je n'ai pas pour habitude de prendre le thé avec les dépouilles des gens de la région qu'on me confie en attendant les avis des médecins responsables des autopsies, de la préparation soigneuse des thanatos, bref, un tas de gens qui, même après le trépas, continue de porter une attention particulière à ces chairs sans âmes « Ce n'est pas avisé de m'insulter ». J'éclate de rire, trouvant le chemin d'un bureau faiblement éclairé, un peu à la dérobée de la salle, passant près de lui au passage « Je n'ai pas peur de toi, sorcier. Puis tu veux quelque chose de moi, alors tu envoies tes airs de gros durs au placard et tu t'assis ». Un ton calme, mais sans équivoque. Il semble percevoir le fait que je ne rigole pas, et son expression change. Il est trop intelligent pour risquer de compromettre ses chances que je lui inculque ce que j'ai appris, ce que je réussis à faire de ce don qu'on m'a offert, un don inutile pour les rares fois où j'en aurais bien fait usage pour mes intérêts personnels, d'ailleurs... « Pour l'instant, je n'ai rien obtenu de toi ». Je ne peux pas dire que je n'affectionne pas sa manière d'être, surtout son impatience, son impulsivité et sa soif de connaissance. Dans tous les cas, il devra voir que la patience est une vertu et que n'apprend pas la nécromancie qui veut bien. Il n'est qu'un sorcier avide d'un savoir capable de décupler ses capacités et la portée de ses sortilèges. De ma vie d'homme - certes, nettement plus prenante sur la longue ligne du temps quand même - des comme lui, j'en ai vu des tas. J'en ai vu certains mourir, j'en ai vu certains pousser leurs capacités au-delà des limites de ce qui est concevable. Abel Halloran est bien inconscient de croire que c'est sa colère, son amertume qui l'aidera à devenir un puissant mage. Pour être capable de leurrer et d'invoquer la Mort, il faut lui être impassible, lui démontrer qui est le maître. Le calme, impassibilité, l'insensibilité sont de mises. Il est trop fougueux maintenant, trop fragile face à la Grande Faucheuse. Elle n'en ferait qu'une bouchée. Je ne ferais qu'une bouchée de sa magie aussi prévisible que ce rustre, mais intriguant personnage peut l'être. Il ne le sait pas, et je ne compte pas lui dire de sitôt. J'affectionne le fait d'être sous-estimé, ça donne un coup d'avance à toute occasion « Le fait que tu n'as vu émergé aucune âme de l'Outre-Monde ne veut pas dire que tu n'as rien gagné à me côtoyer, jeune sorcier ». J'ai remarqué qu'il n'appréciait pas non plus la condescendance, ce que je comprends tout à fait, mais quel plaisir de voir ses traits se tordre et de le voir tenter de ravaler les paroles venimeuses qui viennent lui chatouiller les lèvres. Un silence s'installe pendant plusieurs minutes avant qu'Halloran plonge son regard dans le mien « Explique moi, nécromancien, parle moi de ta magie à toi ». Je souris, passe la main dans les cheveux, puis mes lèvres s'agitent, des mots en sortent, et j'ai la curieuse impression d'être tuteur d'un élève tout particulièrement semblable dans son intérêt pratiquement maladif d'apprendre que pouvait l'être Callum Mac Uidhir...

Une effroyable migraine. Des yeux qui brûlent dès qu'on les ouvrent. Une paume déposée sur le creux des hanches d'une inconnue. Je reste immobile, ne songeant pas le moins du monde à faire autre chose qu'inspirer et expirer l'air ambiant, lourd des miasmes d'alcool, de sueur et de sexe qui se dégage de la chambre dans laquelle on se trouve. J'ai fini par m'habituer, j'ai l'impression de revivre ces escales en mer, sur des ports pratiquement désaffectés, mais avec les plus somptueux bordels avec des demoiselles particulièrement voraces, et toutes plus capable de porter un homme au septième ciel. Seul hic: je ne ressens pas les effluves lointaines de la mer, d'ici. C'est tout ce qu'il me manque. Les yeux clos, je rêve. Du moins, je le crois, même si j'en ai pleinement conscience. Je me revois dans la forêt de mon village, je me revois tenir le corps frêle de Brighid contre le mien, sentir sa peau frissonner à chaque fois que mes doigts glissaient sur son épiderme, ses lèvres se pincer chaque fois que je déposais mes lèvres dans son cou, sur sa poitrine, au creux de son ventre. Une seule et unique fois. La seule et unique fois que je l'ai aimé. La seule et unique fois que je n'aurai jamais aimé. Je ne le regrette pas, c'est d'ailleurs de ce moment précis que je tire la force d'avancer, de la force et de l'intensité des sentiments que l'on ressent quand on est au bon endroit, au bon moment, et avec la bonne personne. C'est après quoi je cours depuis près de soixante dix ans, et que je risque de courir tout le reste de ma vie. Il n'y aura jamais aucune autre Brighid. Il n'y aura plus jamais personne pour donner un sens à ce qu'elle me faisait ressentir, mais c'est bon de se dire qu'on peut tenter de se sentir vivant en contrefaisant ce sentiment. En usant de ces souvenirs, de chaque seconde que je me repasse parfois, pour tenter de m'en approcher. Rêve inatteignable. Illusion risquant de me rendre encore plus fou que je ne le suis déjà, mais je me complais là-dedans. L'alcool et les prostituées suffisent à me laisser planer sur un paradis artificiel. À plus petite dose, n'est plus cette époque où je passais chaque jour auprès d'une femme, rien que pour ne pas sentir cet abysse de solitude qui m'emplissait chaque fois que je m'éloignais d'une conversation et où le silence m'enserrait le coeur et l'âme « Où suis-je ». Je frissonne. Sa voix ensommeillée sonne comme la sienne. Comme celle de... « Bordel de merde! ». D'accord, ça ne sonne pas du tout comme ma défunte femme, mais les premiers soubresauts ont suffit à amplifier significativement la poigne de ma paume sur sa hanche. Elle se redresse promptement, me lâche un regard lourd de sous-entendus, fouille dans mon pantalon, en tire le nombre légitime de billets puis s'envole. Je ne connais pas son nom. Elle ne se souvient sans doute déjà plus du mien. Tout est bien qui finit bien...

Le retour au quotidien ne me gêne pas, je passe aisément de ce monde, cet univers troublé qui est plus semblable à celui que j'ai toujours connu qu'à l'agitation de la vie contemporaine, où le créneau horaire se résume à se lever pour aller bosser, s'en retourner, se gaver de nourritures achetées sur la hâte et se presser d'aller au pieu, seul et aigri. Je passe le plus clair de mes nuits devant le manteau de la cheminée où finit par s'éteindre un feu que j'ai allumé de toute pièces quelques heures plus tôt. Je me laisse bercer par les flammes qui lèchent la cheminée, tentant de prendre le dessus sur les pierres indolentes qui ne se laissent jamais charmer par la danse lascive du feu. Je garde les yeux rivés sur le tableau au-dessus de la cheminée à en devenir cinglé, mais ce n'est pas le cas. Du moins, pas entièrement. Quand je me force, j'entends les vagues qui se frappent contre la coque du navire qui doit traverser une mer déchaînée, les Dieux luttant volontairement contre l'expertise des marins qui tentent de manœuvrer malgré une telle agitation. Le bois grince sous le pas pressé des matelots trempées par l'eau qui tombe du ciel, ne laissant aucun répit, ni même espoir de se tenir au sec. Les plus faibles commencent à faillir, à perdre pied, à perdre espoir. Le capitaine tente de garder ses troupes dans le bon chemin, car ce n'est que tous ensemble qu'ils pourront survivre à la tempête. Les matelots et le bateau ne font qu'une seule et même entité. Il faut se faire mutuellement confiance, se concéder des responsabilités, des devoirs. C'est une alliance qui se termine soit par une réussite, soit par le naufrage. C'est une histoire d'amour qui ne se termine que lorsque la Mort les sépare. On ne devient pas matelot, on naît matelot...

Mon tableau, c'est mon unique richesse. La seule utilité que j'ai trouvé à l'argent que je gagne à travailler à la morgue, un travail qui ne m'en semble pas en être un. Je me complais dans le silence de l'endroit, dans les relations quasi-inexistantes entre les employés, et le peu de nécessité à parler que cela comporte. J'ai perdu l'envie de discourir depuis des lustres, il n'y a qu'au contact de Tom que je veux bien collaborer. Tout nouvellement, Abel Halloran me pousse dans mes retranchements pour lui donner accès à cet univers plutôt intime qui ne s'ouvre pas à qui veut bien. J'ai beau avoir ce talent particulier à lever les morts de terre, l'envie de partager mon don ne me plait pas exactement. Non par jalousie, non par soucis de garder pur et héréditaire ce talent que je considère comme une tare plus qu'autre chose. Pourtant, rien n'arrête un élève avide, je le sais, j'en connaissais un. Ça lui a coûté la vie, à ma référence, d'ailleurs. Je me dis donc que je ne réitèrerai pas deux fois la même erreur, et vaut mieux que les connaissances viennent de moi qui n'ait aucun parti que de quelqu'un qui chercherait à manipuler la magie trouble du jeune Halloran. Je ne suis pas noble, je n'ai pas le mérite d'être pour la justice et l'équité, je n'y crois pas, d'ailleurs. À quoi bon croire à quelque chose qui nous a été tout bonnement refusé? « Que fais un corps à la verticale ici? » lâchais-je en voyant, interdite, une jeune femme dans la pénombre, tout près de la porte reliant la morgue au reste de l'hôpital. Attendant une réponse - en vain - pendant quelques secondes, je détaille du regard l'intruse - plus aucun respect pour les morts dans ce putain de coin de pays, tout le monde entre ici à qui mieux mieux « Pas d'air éploré, plutôt une tête de coincée. Je peux vous aider quand même, mademoiselle? ».
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Dakota Halloran

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Hell fire in my veins



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MessageSujet: Re: dakota ♛ it's time for me to take a stand dakota ♛ it's time for me to take a stand EmptyMar 6 Sep - 6:00

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Le fait que mon frère se soit, malgré lui, pris de passion – à vrai dire, je ne savais pas quel était le terme approprié pour parler de sa drôle d’addiction à la magie noire – pour la pire magie qui soit, ne me posait pas plus de problème que ça dans l’immédiat, certes, je ne le cautionnais pas et je peinais parfois à assumer les conséquences qui découlaient directement de cet usage, que ce soit sur lui, sur notre entourage ou bien même sur moi. Pourtant, je savais qu’en cas de pépin, je serais en mesure de contrebalancer sa force, capable de rééquilibrer et d’empêcher un désastre d’arriver, ce qui me faisait souvent relativiser sur tout ça, même si je ne comprenais pas d’où lui venaient ces incroyables prédispositions alors que pour ma part, le simple fait d’approcher d’un grimoire bourré à craquer de sorts destinés à faire le mal, me hérissait les poils des bras et me collait une nausée de tous les diables. Au fond, le fait de garder mon calme en surface me permettait de faire taire mes craintes les plus enfouies et de ne pas céder à la panique la plus totale alors que je sentais que nous nous éloignions de jour en jour, par la force des choses. J’avais beau le mettre en garde sur ses drôles de pratiques et lui demander de ralentir, il n’en faisait qu’à sa tête, sûr de sa force et de son mental, sans doute trop. Il s’estimait plus puissant que moi, ce qui signifiait qu’il était le seul apte à se dépatouiller avec les sorts les plus méprisables et ça me rendait malade de l’imaginer utiliser du sang humain pour nourrir ce qu’il y avait de plus bas chez les esprits qui, s’ils étaient bien souvent des guides bienveillants, pouvaient s’animer de toutes autres intentions quand on leur en laissait la possibilité. Pour en avoir longuement discuté avec mon oncle Marshall et à de nombreuses reprises, je savais que la magie noire finissait toujours par happer ceux qui la manipulaient, directement ou indirectement, en leur prenant ni plus ni moins leur âme ou bien en les dévorant à petit feu. Il y avait des nuits où je voyais mon frère n’être que l’ombre de lui, rabougri, vouté et le visage recouvert de rides alors qu’il allait fêter ses 35 ans et chaque fois, je me réveillais en sueur, effrayée par le regard inhumain qu’il finissait par jeter sur moi. Même si je supplias Dieu de faire en sorte que cela n’arrive jamais, je savais que son concours ne serait pas suffisant et que je devrais, tôt ou tard, prendre le taureau par les cornes, allant à l’encontre des conseils de mon oncle et de sa vision des choses. Il considérait qu’on ne pouvait aider quelqu’un qui ne souhaitait pas l’être mais en toute objectivité, je ne me sentais pas le cœur d’abandonner la seule personne qui avait pris la peine d’être là pour moi, de traverser vents et marées pour me protéger et s’assurer que j’irais bien, refusant de déléguer cette responsabilité à qui que ce soit. Ce ne serait pas évident, non seulement parce qu’il était plus têtu qu’une mule et que sa sagesse n’avait d’égale que sa prétention à penser qu’il pouvait tout porter sur ses épaules sans avoir à solliciter sa petite sœur fragile, mais également parce qu’il s’était récemment découvert de nouvelles aptitudes qui m’inquiétaient davantage. J’avais parfois l’impression que depuis ma transformation, j’avais changé de statut, passant de la petite sœur à protéger à l’aînée plus sage et réfléchie devant prendre en charge son frère et gérer les dommages collatéraux de chacune de ses actions. C’était bien souvent éprouvant, psychologiquement et physiquement et j’ignorais combien de temps je pourrais bien tenir à ce rythme avant que je ne sente, le moment venu, que je doive prendre des mesures draconiennes. Nos problèmes familiaux commençaient à inquiéter les loups les plus proches de moi et je voulais à tout prix éviter une visite d’Elijah chez nous, mon frère n’aurait sûrement pas apprécié l’affront que l’alpha lui ferait en venant lui dicter sa conduite et je ne tenais pas à ce que cela se termine par une bagarre ou notre bannissement de la meute. J’aimais mes nouveaux frères et sœurs mais il était hors de question que je laisse mon frère de sang derrière moi pour eux, même s’il passait son temps à me dire que je le délaissais perpétuellement au profit de cette nouvelle famille. Avait-il la moindre idée de ce qu’était le sentiment d’abandon ? Il n’y avait que depuis que je vivais à Aberdeen que je me sentais aimée et en pleine sécurité. Il l’avait peut-être oublié mais moi pas, il avait suffi d’un joli petit cul et d’un job de merde pour qu’il mette les voiles et me laisse sur le carreau et ça, même avec toute ma bonne volonté, je ne parvenais pas à lui pardonner.

« La quoi ? » me demanda ma meilleure amie, les yeux écarquillés tandis que j’enfilais ma tenue pour le travail, la soirée ne faisait que commencer mais j’avais une course à faire avant de retrouver la Lune Bleue
« La nécromancie. La manipulation des morts si tu préfères. Il m’a confié qu’il connaissait un employé de la morgue qui allait l’initier et exploiter ses prédispositions. Comme si le fait qu’il soit le pro de la magie noire n’était pas suffisant, faut qu’il ajoute une corde malfaisante à son arc et que ce soit celle-là. »
« S’il n’est qu’un débutant, je ne sais pas s’il y a réellement matière à s’en faire Dee. » tenta-t-elle faiblement
« Mon frère a une capacité incroyable à apprendre, c’est ce qui le rend si redoutable. Je ne veux pas le retrouver mort dans le caniveau d’ici deux mois parce que les esprits ou Dieu seul sait qui lui sera tombé dessus pour le punir. C’est mon frère, je l’aime plus que tout et si je dois commencer à le fliquer pour qu’il soit en sécurité, alors je m’acquitterais de cette basse besogne. Et ça, crois-moi, c’est le dernier stade avant que je lui botte le cul pour de bon ! »

J’étais, une fois de plus, animée par une colère sourde, seule l’expression de mon regard trahissait la tempête qui se déchaînait à l’intérieur de mon âme. J’avais peur, je mourais littéralement de peur quand je pensais à l’avenir peu glorieux qui attendait Abel et je me refusais catégoriquement à attendre les bras croisés. Il s’était déjà détourné de notre seigneur, j’avais fini par lui passer cette rébellion tardive mais il était hors de question qu’il se détourne de moi, qu’il me crache au visage.

« J’aimerais bien voir ça tiens ! Je miserai tout sur toi, tu peux en être sûre ! » Ironisa la magnifique métisse « Tu as le nom du type ? »
« J’ai cru comprendre qu’il s’appelait Andreas, ça suffira pour le retrouver et lui mettre la main dessus. »
« Je vais t’accompagner, pour être sûre qu’il conserve toutes ses dents. »
« Non, je veux régler ça seule, ne le prends pas mal mais c’est ma famille et ce n’est qu’un avertissement, je n’ai pas encore prévu de me lancer dans une croisade mais si c’est le cas, tu seras la première au courant. » lui dis-je avec un sourire empli de gratitude

S’il ne comprenait pas mes avertissements sympathiques, j’userais alors de tous les moyens que j’avais à disposition, y compris la meute mais personne ne voudrait en venir à de pareilles extrémités, j’en étais quasiment certaine. Je pris mon amie dans mes bras quelques secondes avant que nous descendions les escaliers et que nous nous séparions sur le perron de notre demeure. Je jetai mes sacs sur le siège passager et grimpai dans la vieille voiture, prenant le chemin de l’hôpital, ruminant ce que j’avais sur le cœur, m’assurant que je n’oublierais rien une fois sur place. Autant dire que je fis tache lorsque je pénétrai dans l’immense salle des urgences pour me renseigner sur l’endroit où se trouvait la morgue, moi et mon mini short et mon t-shirt moulant portant le logo de la Lune Bleue, il était inutile de s’interroger plus longtemps sur ce que j’étais, tous ceux qui avaient eu vent de l’endroit savaient qu’il n’était fréquenté que par des lycans mais aujourd’hui, ma couverture m’importait peu. C’est un peu nerveusement que la jeune femme de l’accueil m’indiqua le niveau de la morgue, je la remerciai poliment et descendis, tenant fermement la lanière de mon sac à main, affichant une expression de neutralité totale. La colère avait tout simplement laissé place à de l’indifférence. Je restai un moment interdite devant l’immense porte donnant sur le lieu cauchemardesque par excellence. Je scrutais l’intérieur avec discrétion quand on m’interpela. Je n’avais pas dû être si discrète que ça. Son ton et sa manière de s’adresser à moi en premier lieu me surpris tellement que j’en restasse coite. Le fait d’être perpétuellement entouré de morts avait dû lui faire oublier ses bonnes manières mais également les règles de politesse du monde des vivants. Je posai sur lui mon regard océan, d’une impassibilité à toute épreuve quoi que légèrement glacial. Puis que nous semblions être dans un monde parallèle où les règles de base n’étaient pas respectées, je me permis d’avancer vers lui avec lenteur.

« Je cherchais un certain Andreas … » commencé-je, le reniflant quand je me retrouvai près de lui

Même s’il travaillait dans une sorte de zone de stockage pour macchabées, c’était une toute autre odeur qui était accroché à sa peau, comme si la mort et lui ne faisaient qu’un, qu’elle était sa maîtresse secrète, l’enveloppant de son linceul austère et pestilentiel. Renifler les gens pouvait souvent paraître méprisant et je m’abstenais mais lui n’avait le droit à aucun traitement de faveur, pour ça il aurait fallu que je l’estime un tant soit peu et il suffisait que je pose les yeux sur lui pour que ces choses simples me quittent pour ne laisser que méfiance et dédain.

« Mais je crois que je l’ai trouvé. » ajouté-je avec un sourire qui n’avait rien de cordial tout en reculant pour me poster à un mètre de distance « Qui aurait cru que la mort pouvait être personnifiée par un être vivant. »

Un silence s’installa tandis que nous nous jaugions du regard jusqu’à ce que je finisse par être lasse de ce petit jeu sans intérêt, je travaillais dans moins d’une heure et je n’avais pas le temps pour savoir qui était le plus obstiné de nous deux, bien que je n’aurais pas refusé un petit corps à corps, ne serait-ce que pour lui faire passer l’envie de se montrer condescendant à mon égard.

« Je ne viens pas chercher la guerre sinon vous seriez déjà mort à mes pieds, je viens seulement vous demander de refuser d’enseigner l’art de la nécromancie à mon frère Abel, les raisons vous échapperaient sûrement mais voyez ça comme un échange de bons procédés, je vous épargne des ennuis et vous m’en épargnez et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. »

Ce n’était pas une proposition, une question où la réponse pouvait être non, c’était un ordre implicite et s’il avait le malheur de me défier, il pouvait être certain qu’il le paierait de sa vie. J’étais patience, gentille et un nombre impressionnant de choses positives et niaises mais jamais je ne laisserais qui que ce soit tenter de briser ma famille, quitte à tuer pour ça.
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Andreas Maguire

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MessageSujet: Re: dakota ♛ it's time for me to take a stand dakota ♛ it's time for me to take a stand EmptyMar 6 Sep - 8:40

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Le silence souffle les plus somptueuses mélodies, des murmures intemporels dont chacun interprète la signification. Il n'y a aucune hâte, aucun rythme infernal, aucune subtilité. Le silence est ce que l'on attend de lui, sans mauvaise surprise, jamais. C'est sans doute pour cela que je m'y complais autant, n'entendant plus dans les paroles des uns des références qui n'ont aucun sens à mes yeux, tout comme les banalités d'antan que l'on s'échangeait pour passer le temps. À vrai dire, j'ai toujours préféré le silence à toute forme de manifestation sonore. La voix de mon père était toujours là pour me rappeler à l'ordre et me traiter de cancre, de débile ou d'incapable. La voix de ma mère me donnait des ailes, ailes qui n'étaient d'aucune utilité hors des murs de notre masure, loin de l'affection toute particulière qu'elle m'apportait, débordante de bienveillance et d'affection. Le timbre de la voix de Callum m'irritait plus qu'autre chose, trop capable de le modifier à son bon plaisir, utilisant certaines expressions auxquelles je ne connaissais ni le sens, ni la portée. Les doux murmures de Brighid hante encore mes nuits, avec la même douceur, la même candeur qui me plongeait dans un état léthargique, comme si je pouvais passer une vie ou deux à simplement l'entendre parler de tout et de rien, cela n'importait peu, être à portée d'elle était suffisant pour me faire oublier le sens de ses paroles, ce qui finissait à tout coup par la mettre hors d'elle. Il suffisait ensuite de banales excuses pour la forme et une rasade de baisers pour lui intimer de me pardonner. Depuis que ces voix étaient devenues des échos, à quoi bon perdre un temps précieux à rompre le silence avec des paroles dépourvues de sens? Même le son de ma voix a fini par me lasser, tant et si bien que je passais des jours entiers confiné dans un mutisme obstiné, au grand dam de certains matelots pour qui l'heure des ragots étaient la source même de leur bonheur quotidien. Vraisemblablement, les temps n'ont pas changés, rien qu'à voir l'agitation infernale qui se passe à deux pas d'ici, à même l'hôpital, où un vacarme continuel accueille les arrivants, fatiguant les résidents, les épuisant sans peine dans leur état précaire où ils souhaitent repos et réhabilitation. On y caquette comme dans un poulailler, chaque infirmière rapportant un peu plus loin les propos d'une autre, que ce soit sur un patient ou un médecin, qu'importe, pourvu que cela anime des débats à mi-voix, toujours si peu véridique et insipide au possible. Les patients couvrent les murmures avec cette curieuse manie de regarder un écran où s'anime des personnages imaginaires, enfermés dans cette boîte minuscule où ils parlent, dansent et chantent. J'en serais devenu fou en quelques semaines à peine si on ne m'avait pas offert sur un plateau d'argent ce travail à la morgue. Peut-être a-t-on senti que je n'étais pas fait pour côtoyer l'humanité. Pour évoluer au rythme des vivants. La candeur et l'immobilité de la Mort me correspondant nettement plus, je ne me suis guère obstiné, ravi d'être voué à la cause des défunts auxquels j'avais rendu, au fil des ans, maints et maints services...

Voilà près d'un an que je suis affecté ici, et je me complais merveilleusement bien dans mon environnement. Peu d'adaptation, simplement l'impression d'enfiler mes pantoufles chaque fois que j'inscris ma présence sur la feuille de poinçon. Je n'ai que rarement affaire aux familles éplorées, laissant cela aux unités compétentes n'ayant pas été constamment harassée par ces dernières pour ramener leurs proches à la vie, ne serait-ce qu'un temps, pour éclaircir un point nébuleux leur permettant de continuer paisiblement leur vie, ne pensant pas le moins du monde au début du voyage vers l'Éternel que commençait doucement le défunt, voguant sur une barque mortuaire vers leur terre promise selon le genre de vie qu'ils ont vécus. C'est ainsi que je me figure le départ vers la mort, quelque chose entre la mythologie grecque et la vision de la religion catholique. J'aimerais que Charron permette aux défunts d'accéder aux Enfers si tel est le dessein du mort. J'aimerais qu'un purgatoire permette de trier sur le volet ceux qui sont voués au Paradis comme à l'Enfer. J'aimerais même que ce soit le poids du coeur sur une balance versus une plume, comme chez les Égyptiens, mais j'imagine que ce n'est qu'une perception un peu idiote, idéaliste de ce qui se passe dans l'Au-delà. Je n'ai jamais osé demander à un mort, de peur qu'on lève le voile sur mes douces illusions. Peut-être oserais-je un jour, lorsque la Mort m'ouvrirait tendrement les bras, à moi aussi.

« Je cherchais un certain Andreas … ». Ses traits sont fins, son visage immaculé, mais elle est habillée comme les traînées qu'on fréquente sur les ports. Quoique, elle ne dévoile pas une poitrine qui semble, sur elle, être plutôt menue. On est bien loin de la chair pour laquelle on faisait une obsession au début du vingtième siècle, ne serait-ce qu'à regarder l'étrange impression que donne ses cuisses à vivre une existence propre l'une à l'autre. Je ne me gêne pas pour la dévisager, ça m'apparaît comme la moindre des choses, si elle connait mon prénom, c'est qu'il y a eu quelque recherche sur mon compte. Habituellement, une femme qui débarque comme ça avec une identité en bouche et les jambes fermement close n'est pas là pour une heure de plaisir. J'ai mes expériences pour en témoigner. De toute façon, elle semble plutôt déterminer à m'en démontrer fermement la teneur, et plus vite que ça « Mais je crois que je l’ai trouvé ». Je lui adresse un sourire, décroise les bras de sur mon torse, rivant mon propre regard dans les siens qui me défient ouvertement « Vous deviez être douée à Clue, du premier coup, félicitations ». À quoi bon faire des façons? C'est futile et dépassé. Le temps des gentleman est révolu depuis bien longtemps, et elle ne m'inspire aucune sympathie. Sa tête me dit quelque chose, de loin, sa morphologie, peut-être ais-je jamais connu quelqu'un de son ascendance à quelconque niveau. Ne s'en laissant pas découdre pour autant, la brune fait un pas, puis un autre vers l'arrière. Un sourire mesquin aux lèvres. Peste, qui plus est. On risque de s'amuser elle et moi « Qui aurait cru que la mort pouvait être personnifiée par un être vivant ». J'arque un sourcil, reste muet quelques secondes avant d'éclater de rire, ouvrant grand les bras, baissant le torse en guise de brève révérence, nettement plus moqueuse qu'autre chose « C'est trop aimable de votre part, j'ai laisser ma fauche et mon habit noir à la maison, histoire de me fondre parmi les vivants ordinaires comme vous, en somme ». Je fais un pas vers l'avant, l'invitant à reculer si bon lui semble « Quoique, un truc vous rend spéciale, peut-être. Une enchanteresse? Vous en avez les traits nécessaires, bien frêles j'en conviens, mais quand même ». Un silence s'installe où j'ai l'impression que si ses prunelles étaient des fusils, je serais mort troué comme un vieux gruyère depuis longtemps...

« Mais assez de devinettes, que me vouliez-vous, au juste? ». Je suis perplexe devant la visite impromptue, quoique visuellement plutôt agréable. Il y a longtemps que je n'ai pas volontairement cherché les problèmes, bien qu'ils n'ont eu jamais grand dam à venir à moi sans invitation. Il semblerait que j'aie pourtant mis la main sur quelque chose qui lui appartenait, ou bien qui lui importait. On peut deviner les gens sans trop de difficultés quand on en a côtoyé autant que je l'ai fait. On devine ce qui les motive, ce qui les anime, ce qui leur donne la force d'avancer et de rêver. L'être humain n'est pas compliqué, en somme. Trois motivations principales: la vengeance, l'amour ou l'ambition. Évidemment, ces dernières se séparent en plusieurs branches, mais découlent toutes de celles-ci. Je m'amuse donc à tenter de démystifier l'air méfiant et dégoûté qui enlaidisse peu à peu ses traits. La vengeance? Je ne crois pas. Il y a longtemps que je n'ai volé de vie à qui que ce soit, et cette jeune femme n'a pas l'air d'avoir vécu suffisamment longtemps pour en avoir côtoyer une. L'ambition? Il n'y a aucun mérite à vouloir avoir ma peau, ou même à me soutirer quelconque information. Je me méfie du Directoire, jugeant bon de m'en tenir loin, et le peu de contacts que j'ai avec les humains normaux n'ont rien à voir avec les secrets digne de la CIA. Je vois des prostituées, des ivrognes, je salue certains employés, connait peu et s'intéresse peu aux autres. Vu sa piètre opinion de mon aura de nécromancien, elle n'a certainement rien à voir avec Tom. Peut-être est-ce donc l'amour, mais de qui? « Je ne viens pas chercher la guerre sinon vous seriez déjà mort à mes pieds, je viens seulement vous demander de refuser d’enseigner l’art de la nécromancie à mon frère Abel ». La voilà donc, ma réponse. Affichant un air songeur, je me permets donc un hochement de tête en trouvant là la raison de sa venue. L'amour d'un frère. L'idée préconçue que l'on peut protéger les siens de tout, même d'eux-mêmes. J'hausse les épaules « La mort ne me fait pas peur, petite idiote. Ne croyez-vous pas que c'est la plus puérile des remarques à faire à un nécromancien? ». Je veux bien collaborer à sa piètre performance de soeur bienveillante, mais il ne faut pas charrier « Ne vous méprenez pas, l'envie de partager mon savoir ne me vient pas d'un plaisir quelconque à l'enseigner. Votre frère me l'a expressément demander, et il peut se montrer convaincant. Plus que vous, en tout cas ». Ça risque de mal se terminer tout ça, mais bon, il y a longtemps que je ne me suis pas amusé comme ça au détriment de quelqu'un « [...] les raisons vous échapperaient sûrement mais voyez ça comme un échange de bons procédés, je vous épargne des ennuis et vous m’en épargnez et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes ». Mes deux paumes se joignent l'une à l'autre en un applaudissement plutôt glauque, vu l'endroit dans lequel on se trouve « Belle prestation, vraiment, vous m’émouvez. Je n'ai, cependant, aucun ordre à recevoir de qui que ce soit, et encore moins d'une femme. Tenez votre frère loin de moi si vous en êtes capable, mais ne croyez pas avoir la moindre incidence sur mon existence ».
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Dakota Halloran

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MessageSujet: Re: dakota ♛ it's time for me to take a stand dakota ♛ it's time for me to take a stand EmptyJeu 8 Sep - 8:57

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Aider les gens était plus qu’une vocation pour moi, c’était quasiment une mission. Je dépensais beaucoup d’énergie pour la mener à bien et tendais la main à tous ceux qui se trouvaient dans le besoin, comme si j’étais le messie réincarné, comme si j’avais la possibilité, moins, simple mortelle, de venir en aide à tous les malheureux de l’état par le simple fait de ma volonté. C’était ridicule et je concevais parfaitement le fait que c’était purement et simplement impossible, néanmoins, je ne pouvais m’en empêcher, c’était plus fort que moi et mon propre intérêt ou celui de ma famille, j’avais besoin d’aider les autres pour me sentir vivante, c’était ma manière d’exister en tant qu’individu. Alors que d’autres avaient besoin de se recentrer sur eux pour se sentir enfin eux-mêmes et surtout bien moins oppressés par la présence d’autrui, je réagissais tout autrement, je puisais ma force directement dans cette masse informe que représentait « les autres », je ne me nourrissais pas de leur détresse mais simplement du fait de les aider d’une manière désintéressée et de la reconnaissance qu’ils me renvoyaient avec tout autant de simplicité et sans aucune arrière-pensée. J’étais faite ainsi, je passais mon temps à courir à droite et à gauche dans l’espoir de sauver l’humanité ou tout du moins de limiter ses péchés et autres crimes et d’amortir le tribut payé par de nombreux individus. Ca m’obligeait, bien entendu, à faire un nombre de sacrifices incroyables et parfois, c’était même la guerre entre ma conscience et mon égoïsme primaire mais au final, mon sens surdéveloppé de la communauté dépassait, et de loin, mes propres intérêts. Je devais sans doute ça à ma toute récente nature de loup ou bien à ma foi inébranlable en Dieu, même si ce besoin d’être là pour les autres fut de tout temps en moi. Le fait de subir la maltraitance de mon père, jour après jour, ne me poussa en rien à me replier sur ma petite personne, à vrai dire, si cela avait été le cas, je n’aurais sûrement pas pu tenir et supporter ce traitement plus que radical. A l’époque, je me rassurais en tentant de me convaincre qu’il y avait pire que moi, que dans certains pays, des enfants mouraient de faim et de soif, d’autres n’avaient plus de parents et erraient avant d’être récupérés par des groupes armés pour devenir soldats à 12 ans à peine et moi à côté, je ne faisais qu’être punie pour les conneries que je faisais, une fois que j’avais pesé le pour et le contre – ce qui me prenait généralement que quelques secondes- je m’apercevais qu’il était préférable d’avoir quelques bleus mais deux parents que d’être paumé dans un coin du monde à souffrir de la famine et de la guerre. J’étais encore trop jeune pour réaliser qu’il n’y avait rien de pire que la torture psychologique et qu’un ventre plein ne permettait aucunement de panser les plaies et les bleus, la honte d’être humiliée mais aussi montrée du doigt à l’école, de n’avoir aucun ami hormis son frère parce qu’on est trop étrange pour être intégrée dans une bande quelconque. Ce fut sans doute à ce moment que je me pris de passion pour les autres et que je décidai de leur venir en aide, ça me permettait de les approcher et de me faire apprécier d’eux, d’être intégrée dans un tout, c’était sans doute ridicule et la pire des façons de se faire aimer mais c’était ma manière, la plus maladroite qu’il soit, j’en convenais.

Mon frère, pour sa part, n’avait jamais compris. Nous étions à la fois si différents et identiques que ça me plongeait souvent dans la perplexité la plus totale. Je me souvenais encore de nos disputes virulentes en ce qui concernait mes activités personnelles, il me poussait sans cesse à penser à moi, à arrêter de m’occuper des autres alors qu’il ne voyait aucun inconvénient à ce que je lui dédie des heures entières, justifiant cela par le fait que nous partagions le même sang. Pour moi, c’était du pareil au même, qu’il s’agisse de mon frère ou non, ça revenait à faire une bonne action, à tendre la main et en ce sens, ça me comblait. Néanmoins, pour être tout à fait sincère, je me posais toujours moins de questions quand il s’agissait de voler au secours de mon aîné que pour une toute autre personne. Il était ma moitié dans le plus pur sens du terme, mon meilleur ami et mon confident et je savais que s’il lui arrivait malheur, ma vie ne serait plus la même et que je ne pourrais pas m’en remettre. Je dépensais donc mon énergie et mon temps à tenter de l’éloigner de tout ce qui pouvait le blesser trop profondément, que ce soit la magie noire, les femmes ou tout simplement son amour pour les mauvaises fréquentations. Et en dépit de mes efforts répétés, il n’en faisait qu’à sa tête, ignorant toutes mes tentatives, toute mon implication dans ces choses qui le concernaient. Aussi étrange que cela puisse paraitre, il était celui dont j’obtenais le moins de reconnaissance et même si je n’agissais pas pour avoir quoi que ce soit en échange, ça me blessait plus que je n’aurais bien voulu l’admettre, parce que pour lui, c’était devenu normal. Je supposais que c’était logique, à force de trop donner, on finit par vous en demander de plus en plus jusqu’à ce que vous frôliez le point de rupture et je savais qu’à un moment, je finirais par saturer pour de bon et par tout envoyer chier. Mais peut-être étais-je déjà arrivée à cette limite étroite entre altruisme et désintérêt complet ? J’ignorais comment qualifier la dispute que j’avais eu avec Abel la veille mais une chose était certaine, ça avait mis à nu quelque chose d’enfoui depuis bien trop longtemps.

J’avais plus peur de perdre Abel que de ce type qui se trouvait face à moi. Certes, mes connaissances en nécromancie restaient indubitablement limitées mais je savais l’essentiel et j’estimais être suffisamment puissante pour le mettre hors d’état de nuire toute seule, cadavres ambulants ou pas. A vrai dire, les araignées représentaient bien plus une phobie pour moi que des zombies, sans doute était-ce un avantage en plus, je l’ignorais. La chose dont j’étais certaine c’était que j’avais toutes les cartes en mains et qu’il ne fallait pas abattre mes cartes trop rapidement pour ne pas foncer directement dans la gueule du loup et j’étais passée maître dans l’art de dissimuler mes faiblesses mais surtout mes forces. Beaucoup me voyaient comme une frêle jeune femme jusqu’à ce que je me retrouve à les porter à bout de bras sur plusieurs mètres. Je n’étais pas mon frère et si lui peinait parfois à garder les choses fondamentales pour lui, j’étais assez patiente et réfléchie pour tourner autour du pot et laisser mon interlocuteur croire ce qui l’arrangeait, tant que je n’étais pas en danger, je n’avais pas le moindre besoin de montrer les crocs. Lorsqu’il m’envoya une remarque de son cru, je fronçai le nez avec mépris et retint un soupir de dédain. Comment pouvait-il ignorer qu’il puait le cadavre ? A force de fréquenter ce genre d’endroit, il avait sûrement dû s’habituer à sa propre odeur. Je retins de justesse un sourire et garda cette remarque d’esprit pour plus tard, je n’avais pas pour but d’user des mots à tort et à travers et voir quelqu’un d’aussi sûr de lui m’amenait à croire qu’il était plus faible qu’il ne voulait bien le croire. Une trop grande assurance était rarement justifiée, c’était même souvent un mécanisme de défense pour s’épargner d’autres blessures et tenir à distance de sa personne les autres. Je faisais dans le social depuis assez d’années maintenant pour affirmer que je connaissais relativement bien les êtres humains. Je laissai m’échapper un petit rire qui carillonna et se répercuta sur les murs proprets de la morgue lorsqu’il me qualifia d’être humain ordinaire. Pauvre homme, s’il avait seulement conscience de ce que j’étais, il m’aurait probablement accueilli d’une toute autre façon. Hilare à souhait, je me contentai de le fixer de mes billes bleues tandis qu’il avançait, ne faisant pas un geste. La proximité ne m’effrayait pas plus que la mort ou bien lui.

« Sous-estimer ses interlocuteurs est aussi imprudent qu’impoli mais je suppose que ça colle parfaitement à votre personnage antipathique. » je m’approchai un peu et murmurai sur le ton de la confidence « La rumeur selon laquelle les hommes prétentieux et imbuvables attirent les femmes est infondée et même fausse. Vous pouvez donc arrêter votre numéro je ne vous en voudrais pas ! »

Je me redressai, mes lèvres s’étirant en un drôle de rictus. Je me payais ouvertement sa tête mais il m’avait cherché et n’était pas au bout de ses peines. Je savais aussi bien manier les mots que mes poings mais je préférais la puissance et le piquant des premiers à la violence des seconds. J’étais assez clairvoyante pour savoir quelles étaient mes faiblesses et ce n’était un secret pour personne, ce qui m’emporterait serait bien évidemment mon frère et mon amour démesuré pour lui. Je n’avais jamais été femme à agir pour l’argent ou un quelconque intérêt matériel, quant à la vengeance, j’en apprenais tout juste la signification et le goût, et je préférais laisser à Dieu le soin de régler les soucis de punitions, bien qu’au fil des ans, mon pardon se méritaient davantage, j’avais appris à le distribuer avec bien plus de parcimonie qu’auparavant.

« Le fait de jouer avec elle ne prouve aucunement que vous ne la craignez pas, ça se saurait, grand crétin ! » répondis-je avec la même condescendance que la sienne « Quant à vérifier si vous pouvez déjouer la mort aussi bien que vous le prétendez, je ne vois aucun inconvénient à essayer si vous m’y contraignez ! »

L’immortalité était une notion parfaitement subjective dont le sens changeait selon les croyances, els civilisations, les pays et les continents et je doutais fortement qu’il soit à l’épreuve de la grande faucheuse, tôt ou tard, elle savait réparer ses erreurs et il n’était pas impossible qu’elle me pousse à réparer l’une de ses plus grosses, à savoir d’avoir laissé cet homme en vie trop longtemps pour que ce soit réellement supportable. Ce genre de rebouteux de pacotille n’était bon qu’à combler les places vacantes dans les cimetières, à mon humble avis. Il n’y avait rien que je trouvais plus dégradant et immoral que la manipulation des morts. A mes yeux, c’était un péché aussi gros que celui d’enlever la vie d’un être humain.

« Rassurez-vous, je ne cherchais pas à vous convaincre de quoi que ce soit, seulement à vous avertir. Voyez ça comme une visite de courtoisie bien que vous ne soyez ni courtois et encore moins de bonne compagnie mais je ne m’attarderais pas sur ce genre de détails. » ajouté-je en agitant la tête comme si je lui faisais une énorme faveur

Le fait qu’il applaudisse et se gausse littéralement ne m’émut pas le moins du monde, je n’en attendais pas moins du personne qu’il jouait à la perfection, c’était aussi navrant que pathétique. Comment arrivait-on à vivre avec un tel degré de cynisme sans finir par s’étouffer avec ? C’était cependant tout ce que je lui souhaitais. Je répondis à son couplet bourré d’arrogance par un fin sourire. Je posai mon sac non loin de moi et rompis la distance qui nous séparait, mon visage à seulement quelques centimètres du siens alors que l’atmosphère s’alourdit sensiblement.

« Vous ferez ce que je vous dis, bon gré malgré, peu m’importe, mais vous le ferez. Non pas par moralité parce que je doute que vous ayez eu quelque chose à faire un jour mais parce que je vous ferai des choses qui vont bien au-delà de la douleur si vous osez vous mettre en travers de mon chemin et mettre en péril la vie de mon frère. Je pourrai vous déposséder de votre corps et enfermer votre essence dans un bocal ou bien encore laisser les esprits vous torturer jusqu’à ce que vous vous arrachiez vous-même les yeux, la langue et les oreilles mais je n’aime pas spécialement laisser de trace. Je pencherais sûrement pour le contrôle de votre esprit et ce serait alors un jeu d’enfant pour moi de vous soumettre à mes impératifs mais je suis du genre à aimer laisser le choix, j’espère que vous serez capable d’agir dans votre propre intérêt, bien que vous ne soyez qu’un homme empestant la mort et l’amertume ! »

Je plantai un moment mon regard dans le sien, ne cillant pas, avant de reculer, ne le quittant pas des yeux tandis que je reculais et remettais mon sac sur mon épaule. Toutes ces choses, je les connaissais sur le bout des doigts et contrairement à ce que mon frère s’imaginait, je les maîtrisais mieux que personne. Je n’étais pas seulement douée pour le défensif mais également pour l’offensif et je débordais d’imagination quand il s’agissait de tourmenter ceux qui le méritaient. Je me prenais sans doute un peu trop pour la main de Dieu mais qui cela inquiétait ? Pas mon père en tout cas, lui qui n’était désormais qu’un fétiche pendu au mur de mon refuge en bois. C’était cette vengeance-là qui m’empêcha de m’occuper de Clayton quand le moment fut venu, sans doute parce que j’avais peur de cette partie de moi qui aimait tant faire le mal, répondant parfaitement à cette phrase de la Bible qui dit Œil pour œil, dent pour dent. Je n’avais pas envie d’en arriver à de telles extrémités mais si je le devais, je ne comptais pas hésiter, consciente qu’en prime, je protègerai ma meute en n’agissant pas sous ma forme lupine.



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Andreas Maguire

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MessageSujet: Re: dakota ♛ it's time for me to take a stand dakota ♛ it's time for me to take a stand EmptyLun 19 Sep - 16:19

    Je dois dire que si une demoiselle pareille aurait fait son apparition il y a plus d'un demi-siècle avec une effronterie semblable, j'en aurais certainement perdu contenance. De mon époque, les femmes ne se prenaient pas la tête, elles faisaient ce qu'on attendait d'elles sans chercher à comprendre, sans en demander plus. On n'envoyait pas une femme faire le boulot d'un homme, et celle-ci pouvait clairement attendre sa vie entière avant que l'on ne daigne lui livrer plus de responsabilités que celles d'élever une marmaille, prendre soin d'une maison et de s'assurer que son homme ait nourriture à la table au moment même où il posait son pied sur le perron de la demeure. Ça a toujours été ainsi au village, et ma mère n'était pas différente de toutes les autres. Au contraire, elle se complaisait à pouvoir prendre soin de Callum et de moi le plus souvent possible, quitte à me faire manquer une journée d'école pour me garder auprès d'elle. Avec Callum, c'était mission impossible, je crois qu'il se sentait plus heureux près du maître qu'à la maison. Moi, pour ma part, je trouvais nettement plus gratifiant de recevoir les sourires et les compliments de la femme qui m'avait mis au monde que de me faire donner la raclée pour ne pas avoir envie d'apprendre une leçon qui ne me servira à rien du tout. Ma mère était une sainte, une femme exceptionnelle, et elle était tout ce qu'un homme pouvait attendre. Elle était docile, belle à damner, fidèle et dévouée. C'est sans doute ce à quoi je me serais arrêté, moi aussi. Du moins, s'il n'y avait pas eu elle. Si les yeux clairs de Brighìd n'auraient pas croisé les miens, elle et son caractère bien trempé, ses idéaux bien arrêté, sa vision contemporaine d'un âge plutôt sombre pour les ambitieuses comme elle. En y repensant, c'est le 21ième siècle qui aurait permis à ma défunte épouse de s'épanouir. Elle n'a pas eu la chance de voir à quel point le métier de femme a changé et comment le monde s'ouvre pour celles qui savent étirer les doigts et rêver de plus. Elle n'aura jamais eu la chance de savoir que la vie ne s'arrêtait pas à l'orée de la forêt bordant notre village, ni même à quel point il était devenu d'une facilité déconcertante de traverser les océans et d'aller d'un endroit à l'autre. Ma femme se serait émerveillée du soleil, du béton et d'une bibliothèque. Tout la rendait heureuse, tout faisait pétiller ce feu contagieux au fond de ses yeux. Elle était fébrile à la moindre découverte, à la moindre avancée. Elle était, elle... merveilleuse. C'est le seul mot qui convient. Merveilleuse. Et puis voilà que malgré tout, même si de nos jours les femmes sont médecins, avocats et pompiers, le plus vieux métier du monde perdure. D'accord, on pourrait penser aux prostituées, mais non. Celui d'exaspérer la gente masculine. Je crois pertinemment que la demoiselle qui me fait face, calme et posée, intransigeante et froide, en est la parfaite égérie. En terme moins polis, on appelle ça une garce, du moins on le faisait chez moi...

    « Sous-estimer ses interlocuteurs est aussi imprudent qu’impoli mais je suppose que ça colle parfaitement à votre personnage antipathique ». Je hausse les épaules, non pas pour narguer, mais simplement par dépit. Je n'ai jamais été sympathique, je n'ai jamais eu la flamme sacrée pour avoir des sourires à offrir à profusion ou une bonne humeur contagieuse. Je laisse cela à ceux qui ont eu un parcours suffisamment léger pour en avoir encore envie, ou de se rappeler tout simplement à quel point il est facile de faire semblant. Je ne fais plus semblant, du moins la plupart du temps, je n'en ai plus envie, il y a des lustres que j'ai perdu la moindre motivation à montrer que tout va bien, que tout ira mieux et que je m'en sortirai. Ce n'est pas le cas. Ça n'arrivera pas. Ce qu'il me faut est hors d'atteinte, tout comme la seule chose qui pourrait me blesser. Un mal pour un bien dans une vie comme la mienne où l'on se fait des ennemis pour un oui ou un non « Vous excuserez le fait qu'il y a bien longtemps que l'on ne souligne plus mes écarts à la galanterie. Puis recevoir une leçon d'une intruse si aimable et conciliante n'est pas très sain... ». Elle m'aime bien, c'est évident, rien qu'à cette manière pratiquement animale qu'elle a de se déplacer, mielleuse, confiante, tellement, mais tellement naïve. Je n'ai peur de rien, ni de ses paroles vides de sens, ni de ses prétendues menaces. Si la Mort peut accepter de me bercer dans ses bras, c'est là le plus beau des cadeaux qu'on pourrait me faire. Cette gamine n'a pas idée à quel point il n'y a pas une seule minute où je ne songe pas au plaisir que ce serait de ne pas avoir connu les descendants des descendants de ma famille, puis de les avoir vu mourir les uns après les autres. Pendant un temps, je me suis tenu au courant, puis ça ne m'a plus intéressé. À quoi bon, de toute façon? Les miens ne verront pas le jour, pas plus que ceux de Callum: je suis mort à l'intérieur quand on m'a enlevé Brighìd, et on m'a enfermé dans une enveloppe de chair à double-tour quand mon frère a disparu à son tour « La rumeur selon laquelle les hommes prétentieux et imbuvables attirent les femmes est infondée et même fausse. Vous pouvez donc arrêter votre numéro je ne vous en voudrais pas! ». Je soutiens son regard, sourit, même. Je dois admettre qu'elle est amusante, nettement plus marrante que peut l'être Halloran mâle « Et vous croyez que votre air de dominatrice et de Wonderwoman inspire le moindrement l'envie de se prendre une fessée? Soyons honnête: ça donne des résultats, parfois? ». À l'air sombre et furieux qu'elle affiche un quart de seconde inconsciemment, j'émets un léger petit ricanement, passant la main dans mes cheveux « Évidemment que non. Ça vous ferait grand bien, pourtant, rien qu'à vous voir traîner votre carcasse, je devine qu'il y a un moment que ça a rien donné à l'horizontal ».

    Je n'ose pas imaginer ce que dirait les seules personnes qui ont un jour mérité que je donne un retour positif à leur avis. Mon père m'applaudirait pour ouvertement traiter une femme avec si peu de considération, voir même un manque aussi flagrant de délicatesse. Il était marin, je l'idolâtrais par-dessus tout, mais dès qu'il mettait le pied à la taverne, il était un ivrogne doublé d'un porc, rien à voir avec le capitaine vertueux et professionnel que l'on trouvait sur le pont d'un navire quand les tonneaux de vin étaient scellés. Ma mère me collerait la gifle de ma vie, se demandant quand j'ai pu devenir aussi peu soigné, aussi peu réceptif à ces dizaines de leçons qu'elle a tenu à me prodiguer quand elle me retenait à la maison. Ce n'est pas parce que tu n'es pas un noble que tu ne traiteras pas ta femme comme si elle était de la porcelaine, Aindreas. J'entends l'écho de sa voix dans ma tête, et je jurerais qu'elle est là, derrière mon dos, à vouloir me foutre sa main derrière le crâne. Je crois que Brighìd serait mortifiée. Je crois que je n'aurais jamais pu traiter un être humain de cette façon si elle serait restée à mes côtés. Peut-être que c'est elle qui tenait les rênes de mes manières, de mon savoir vivre et source suprême de chaque acte de gentillesse ou parole réconfortante qui passait le cap de mes lèvres. C'est sans doute le cas. Callum m'aurait imité, et je me serais traité mentalement d'idiot jusqu'à ce que je parvienne à lui faire entendre raison, lui dire que j'ai tord et que c'est quelque chose qu'un homme ne doit pas faire. Ne devait. Enfin, je ne sais plus trop, j'ai loupé quelques passages de la mise à niveau contemporaine de la situation féministe dans ce monde moderne « Le fait de jouer avec elle ne prouve aucunement que vous ne la craignez pas, ça se saurait, grand crétin ! ». Je crois que mon épouse prendrait grand plaisir à voir une femme tenter de me remettre à ma place. Je crois même qu'elle éclaterait de rire en voyant une parfaite inconnue se moquer aussi ouvertement de ma condition. J'en suis intimement persuadé. C'est sans doute ce qui me faisait rire jusqu'à ce que la brunette m'interrompe « Quant à vérifier si vous pouvez déjouer la mort aussi bien que vous le prétendez, je ne vois aucun inconvénient à essayer si vous m’y contraignez ! ». Mon rire s'arrête brusquement, laissant pourtant place à un sourire qui vient de loin, rêveur probablement. Je ne réponds plus de l'endroit où je me trouve, ni même de mon interlocutrice. Je m'adresse à quelqu'un d'autre, ce qui explique pourquoi j'ai pratiquement tourné le dos à cette exaspérante et navrante créature. À mi-voix, je m'adresse à la seule femme qui hante mes pensées, hormis celle dont je suis veuf depuis des décennies « Jouer avec toi? Mais elle n'a rien compris. Il y a des années que je ne m'amuse plus à t'arracher les âmes que tu emportes. Peut-être que tu prendrais plaisir, ma chère, à me voir perdre cette once de dignité qu'il me laisse à cette impudente... ». Je souris doucement, vaguement. Je reste comme ça, immobile, à des kilomètres de mon enveloppe charnelle, profondément empêtré dans mes souvenirs, dans mon esprit où je baigne dans l'incompréhension, où je suis lasse et fatigué, où je manque très certainement d'intérêt pour le présent, trop préoccupé à ressasser le passé. Ce passé que je me rembobine pour avoir l'impression d'exister. Continuellement. Perpétuellement, il me semble. Je sursaute en entendant de nouveau cette voix stridente qui me tire de mes rêveries. Je suis exténué, soudainement. Je trouve le chemin d'un bureau, m'y adosse, m'y assoit, la dévisageant en me frottant la tête, devinant cette migraine lassante qui me surprend de plus en plus souvent « Voilà de précieuses secondes d'écouler, mais allons droit au but, si vous voulez bien: Si Abel cherche à me revoir, je lui donnerai ce qu'il veut. À mes conditions. À ma manière. Quoi que vous en pensez, peu m'importe. S'il s'intéresse à la nécromancie, croyez-moi, je ne suis pas le pire type sur lequel il peut tomber ».

    Mais ça aurait été trop simple que cette demoiselle têtue et harassante écoute, s'excuse et tire sa révérence. Je devais savoir, je savais même. Halloran est difficile à dissuader quand il désire ardemment quelque chose, et il était fort à parier que son double féminin soit différent. Nous voilà donc en terrain connu, pour la millième fois de mon existence, à fermer les yeux en écoutant une personne proférer une quantité phénoménale de menaces en peu de temps, prenant la peine de distinguer chaque mot, chaque torture à laquelle elle se livrerait avec un plaisir malsain à me faire subir si je n'obéis pas à la petite dame. Je bats des paupières, rive mon regard au sien pendant son monologue, tandis qu'elle s'évertue à m'effrayer - en vain. Ils sont nombreux à avoir tenté, et si grand bien lui fasse d'être une petite sorcière sans verrue au bout du nez, il lui en faudra plus pour daigner me tirer de mon perpétuel ennui « Je ne suis qu'amertume, c'est vrai. Quand cela m'insupporte, je trouve de quoi perdre la carte, une femme nettement moins agaçante, et le monde parait soudain nettement plus beau ». Je soupire, fait un pas vers l'avant. Tant vers elle que vers la porte de sortie qui me permettrait de rejoindre l'extérieur, et puis pourquoi pas aller boire une bière ou fumer sur le bord de mon manteau de cheminée. Trop simple. Trop demandé, sans doute. Elle bloque le chemin de tout son frêle corps. Je penche la tête, mord l'intérieur de ma joue, la dévisageant longuement avant de reprendre la parole « Votre sollicitude familiale m'émeut, Halloran. Sincèrement. Ça remue les tripes, croyez-moi. Mais allez prouver votre valeur ailleurs, sorcière, je n'ai ni envie ni besoin d'écouter vos larmoyants témoignages. Si ça peut vous faire du bien, frappez, allez-y. Je vais tout de même terminer la nuit près d'un feu chaud, une pipe bourrée de tabac pincée entre les lèvres et les yeux rivés sur un tableau peint bien avant votre naissance. On ne pourra pas me reprocher de ne pas me préoccuper de satisfaire les besoins d'une femme ».
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MessageSujet: Re: dakota ♛ it's time for me to take a stand dakota ♛ it's time for me to take a stand EmptyMar 20 Sep - 5:05

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Mes rapports avec les hommes étaient faussés et l’avaient toujours été et ce à cause de l’étrange relation qui me lia longtemps à mon paternel. J’étais alors trop jeune pour voir autre chose qu’une leçon d’éducation chaque fois qu’il me frappait et il me fallut d’ailleurs beaucoup de recul et la lecture d’un nombre imposant de livres sur la psychologie pour que je comprenne que toute cette violence était ni plus, ni moins, générée par une puissante tension sexuelle. Ma mère répétait souvent que notre père était un homme bien et je n’osai jamais la contredire, il ne crachait jamais sur des heures supplémentaires pour aider la famille et ne touchait pas à une goutte d’alcool, pas plus qu’il ne fumait. Certes, il lui arrivait de se rendre à quelques matches de football et quelques concerts quand ce n’était pas des rendez-vous ponctuels avec de vieux amis. Outre ça, il était bien sous tous rapports, élevant ses gosses à la baguette et ne leur pardonnant aucun écart. Pourtant, il aurait dû être clair pour tout le monde qu’un homme sans défaut comme mon vieux, devait forcément avoir un vice caché et c’était moi. J’étais son vice inavouable, la chose qui le tenait par les couilles sans le savoir et qui pouvait le rendre fou en un quart de seconde et en me contentant de respirer, de montrer que j’existais. Au fond, mon frère ne subissait ses violences que lorsqu’il dépassait les limites ou s’interposait mais mon père n’allait jamais de bon cœur vers lui en lui balançant cette phrase devenue célèbre : « Je m’inquiète beaucoup pour toi tu sais ». J’étais la seule et unique à y avoir le droit et ce fut pire quand la puberté pointa le bout de son nez et fit son œuvre, me transformant en femme de jour en jour, rendant mon père plus furieux encore qu’il ne pouvait l’être quand je n’étais qu’une gosse plate comme une limande. Peu importait que je me soumette pour que ça passe plus vite, que je m’excuse ou que je tente de discuter, il frappait avec davantage de force et de mépris, comme pour essayer d’éteindre cette attirance amorale qu’il avait pour moi. Je ne fis le rapprochement que lorsque je vis la même lueur allumer le regard de Clayton chaque fois que nous étions sur le point de défaire les draps d’une façon peu conventionnelle. Lorsque j’en pris totalement conscience, mon monde s’écroula et toutes mes convictions ne furent plus que ruines et mon dégoût immense. Sous la colère et l’incompréhension j’agis de la pire des façons et me vengeai, chose qui ne me ressemblait pas et pourtant … Ce fut la seule et unique fois que j’utilisai la magie à des fins personnels et pour répandre le mal. Cet homme avait gâché ma vie, il m’avait transformé en esclave pour les hommes possédant un problème d’ego et un trop plein d’autorité à distribuer. Il avait fait de moi une femme soumise, désireuse de tout faire pour satisfaire l’homme dont elle partageait la vie et dans un monde dans lequel le féminisme avait battu le pavé pour nous permettre d’être plus libre, je trouvais ça non seulement inacceptable mais surtout injuste. C’était l’une des raisons pour lesquelles je refusais avec tant de vigueur tous les rendez-vous et autres invitations qui risquaient de tourner en quelque chose de sérieux, j’avais bien trop peur qu’une fois encore mon père soit derrière tout ça et ce même s’il n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été. Je l’avais pourtant asservi à ma volonté et malgré tout, il m’effrayait encore, tout comme Clayton et ce en dépit du fait que je sois une louve en pleine possession de ses moyens. Ces relations compliquées et violentes avaient marqué mon âme au fer rouge et j’étais certaine de ne plus pouvoir faire confiance à quiconque car il semblait que je possédais l’incroyable don de rendre les hommes fous et pas dans le bon sens du terme. Chaque fois qu’ils se trouvaient dans mon périmètre ils devenaient de véritables goujats, violents et odieux. Je devais sans doute dégager un parfum qui les poussait à vouloir m’humilier jusqu’à ce que je ne sois plus rien qu’une crêpe servile et silencieuse. Si j’étais plus forte que j’avais pu l’être par le passé, je ne l’étais pas encore assez pour faire de nouveau face à ce cas de figure. Les plaies étaient encore béantes et je ne survivrais jamais à un affront supplémentaire de cet acabit. C’était sans doute un peu bête, les loups de ma meute étaient, pour la grande majorité d’entre eux, des gens respectables et prêts à tout partager mais ma peur gâcherait sûrement tout et pour eux, il valait mieux que je me tienne à l’écart.

Pour me toucher, il fallait entrer dans mon cercle intime, s’attirer ma confiance et me convaincre qu’on ne me voulait aucun mal et ceux capables d’un pareil exploit n’étaient pas nombreux. Les étrangers comme celui qui me faisait face, ne pouvaient m’atteindre autrement qu’en tentant de s’en prendre à ma famille, d’une manière ou d’une autre. Mais les mots me laissaient de marbre, même s’ils agitaient le loup qui dormait en moi et qui ne demandait qu’à déchiqueter et mordre dans de la chair fraîche, ne serait-ce que pour avoir cette délicieuse sensation du sang glissant dans son organisme. Je n’avais jamais été du genre impulsive et ce à cause de ma constitution plutôt faible, je me contentais d’observer et de choisir la meilleure de mes options mais depuis que j’étais lycanthrope, mon caractère avait énormément changé et si j’avais gardé des choses de la personne que je fus, j’étais plus mordante et moins peureuse que je n’avais pu l’être. J’allais bien souvent à la confrontation, quitte à y perdre des poils et ça me plaisait, m’exaltait, je n’attendais que ça à chaque fois parce qu’il n’y avait aucun autre moment où je me sentais plus vivante, si on omettait de parler des moments où j’évoluais sous ma forme lupine. Si j’étais purement et simple agacée par son attitude, j’étais également terriblement amusée, il m’offrait une distraction que je n’avais pas eu la chance d’avoir depuis un certain temps. Quand on me connaissait un peu, on évitait de se lancer dans une dispute ou quoi que ce soit qui s’en approche, avec moi parce que je ne lâchais pas prise et pouvais me montrer blessante et pénible, si bien que les occasions de balancer des répliques cinglantes se faisaient de plus en plus rares, particulièrement face à un adversaire de taille. Il avait du répondant et énormément de suffisance, c’était exactement ce dont j’avais besoin pour me remettre en jambes, comme une douche froide pour se réveiller d’une trop longue nuit. D’ailleurs, je ne pus réprimer un éclat de rire quand il me compara à une castratrice, une dominatrice de pacotille. J’étais tellement loin de ça, en d’autres circonstances, j’aurais sûrement décidé de garder cette bonne blague pour la partager avec mon frère mais je doutais que nous ayons prochainement envie de nous marrer tous les deux.

« Il y a des adeptes et il parait que je porte parfaitement le mini short bleu, ça doit convaincre les sceptiques. » dis-je sur le même ton, un sourire en coin « Merci de vous inquiéter de ma vie sexuelle mais je ne suis malheureusement pas venue pour vous consulter. Je crois que ça aurait été de l’argent jeté par les fenêtres, un sexologue digne de ce nom sait que les choses réellement intéressantes ne se font pas à l’horizontale ! » ajouté-je en levant un sourcil suggestif

Des années en arrière, le simple fait d’évoquer quelque chose de sexuel m’aurait fait monter le rouge aux joues et baisser les yeux alors que j’aurais désespérément tenté de détourner la conversation. Mais j’avais fait du chemin depuis cette époque et j’avais surtout eu beaucoup d’hommes dans mon lit, assez pour prendre confiance en moi et comprendre qu’il n’y avait rien de mal ou de sale dans le sexe. Ca l’était uniquement avec Clayton qui rendait tout ce qu’il touchait complètement dégueulasse, à la différence de Midas, lui changeait tout en merde. Grâce à ma transformation et à mes besoins allant de paires, j’avais pu aller de l’avant et changer mon point de vue sur la chose mais surtout ne plus m’en vouloir après coup, ce qui n’était pas tout à fait normal pour une jeune femme de mon âge. C’était le genre de choses dont je ne pouvais pas parler avec mon aîné et le fait de me retrouver dans une meute m’avait permis de m’ouvrir là-dessus, Kendra m’y avait vivement poussé et elle avait fait de moi la débauchée que j’étais à présent. Si j’avais été un peu plus saine d’esprit, je lui en aurais probablement voulu mais qui peut prétendre ne pas être fou ? Il faut l’être un peu pour continuer à vivre dans un monde pareil. Qu’il se fasse des idées sur moi et ma vie en général ne me posait aucun problème, au contraire, moins il en saurait et mieux cela serait. Pour une raison simple, je gardais un certain avantage sur lui, quoi qu’on en dise et ça me plaisait assez d’avoir toutes les cartes en mains et ce malgré le fait qu’il demeurait certaines zones d’ombre comme l’étendue de son pouvoir et ce qu’il pouvait bien me faire si j’avais le malheur de dépasser les limites. Mais même cette éventualité ne m’effrayait pas, j’étais persuadée que ma magie dépassait la sienne et si ce n’était pas le cas, il me resterait toujours mon arme secrète qui était ma seconde nature, animale et violente, tout ce que l’être humain rêvait d’être sans l’avouer. Il se mit à disserter seul ce qui, je devais bien l’admettre, m’effraya quelques peu, je n’étais pas réellement habituée à ce genre de comportement et s’il s’était montré violent, j’aurais sans doute eu moins de mal à gérer les choses mais ce type était aussi atypique que son don. Dommage pour moi.

« Vous avez tort de croire que mes menaces ne sont que des paroles en l’air, je n’ai pas pour habitude de menacer de parfaits inconnus, peu importe qu’ils ne soient pas ce que l’humanité a fait de pire. Vous faites courir un risque à mon frère et peu importe ce qu’il m’en coûtera, je vous en empêcherais. Enivrez-vous tant que vous le pouvez encore, car la prochaine fois que je mettrai les pieds ici, la conversation que nous aurons n’aura plus rien d’amical, croyez le bien ! »

J’étais la gentillesse incarnée mais je me transformais en tigresse quand Abel venait à risquer bêtement sa vie ou sa santé mentale. Je détestais les menaces, principalement quand c’était moi qui les proférais mais il devait être sûr d’une chose, je ne le lâcherais pas avant d’avoir obtenu gain de cause et peu importait si je devais l’éliminer pour ça. Je préférais ne pas avoir de sang sur les mains et un autre mort sur la conscience mais je me sentais parée pour cette éventualité. Dieu seul savait ce qu’il adviendrait de moi après ça, si j’osais franchir le pas. Il me sortit de mon raisonnement, poursuivant son monologue misogyne au possible et surtout terriblement méprisant. Toute trace d’hilarité me déserta et laissa place à un agacement palpable qui rendit l’atmosphère électrique. Le frapper ? Cela serait lui faire trop d’honneur et pourtant je mourais d’envie d’enfoncer mes crocs dans sa chair et de le secouer alors qu’il serait prisonnier de ma gueule démesurée. Mon nez se fronça, signe de mon mécontentement et je lâchai mon sac pour prendre une poignée d’une poudre curieuse que je lui soufflai dessus et qui l’immobilisa. J’aurais pu faire plus fort mais je n’avais pas envie de faire une démonstration, je voulais juste qu’il sache que j’avais de la ressource et je laissais le reste à son imagination qui, j’espérais, était fertile. Je m’approchai de lui alors qu’il glissait vers moi un regard bourré d’incompréhension et qu’il tentait d’esquisser de simples mouvements mais c’était peine perdue. Je sortis une lame de ma botte et un petit flacon et lui entaillai la main pour en recueillir quelques précieuses gouttes de sang avant de reboucher le tube et de le faire disparaitre d’un battement de cils et de ranger mon couteau alors que je voyais déjà son visage bouger à nouveau et à l’air furieux qu’il affichait, j’allais passer un mauvais quart d’heure et pourtant, je décidai de ne pas bouger d’un cil, par esprit de provocation et pour lui montrer que je n’avais pas peur, j’aurais sûrement dû.

« Voyez ça comme une simple précaution, au cas où vous n’auriez pas compris que je ne plaisantais pas. »

Ses doigts commençaient à s’agiter mais il fallut plus de temps pour qu’il en soit de même de ses bras. Je sentais que ma louve jubilait à l’idée qu’il provoquerait ce qui se rapprochait d’un combat au corps à corps et cette excitation finit par me gagner, tant et si bien que je ne me préoccupais plus du fait d’arriver en retard à mon travail.

« Les effets peuvent être plus longs si on se borne à résister mais je pourrais accélérer tout ça si vous me promettiez de ne pas recevoir mon frère ! »



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Andreas Maguire

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MessageSujet: Re: dakota ♛ it's time for me to take a stand dakota ♛ it's time for me to take a stand EmptyLun 26 Sep - 16:01

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    « Il y a des adeptes et il parait que je porte parfaitement le mini short bleu, ça doit convaincre les sceptiques ». Je souris, nettement plus pour moi-même qu'à l'intention de cette étrange créature. Parfaitement, créature, on ne fait pas plus chiante, bornée et agaçante, du moins à ce que je croyais. L'Amérique est peuplé d'une quantité phénoménale - surtout à son époque actuelle - de ces différents types de personnages qui diffèrent totalement du modèle antique. On ne faisait pas dans le sarcasme quand on n'avait rien entre les jambes. On ne menaçait surtout pas les hommes quand on était prédestiné à porter les enfants et s'occuper de la maison. On se taisait à la seconde même où l'air d'un homme se montrait passablement contrarié par la direction prise au cours d'une discussion ou lors d'une activité quelconque. L'idée de voir certaines demoiselles comme celle-là - des contemporaines de ma défunte épouse, j'ose croire - m'épuise autant qu'elle m'intrigue. Dire que je me suis fait à l'idée à la première que j'ai rencontré serait mentir, car si Brighìd avait depuis longtemps su faire oublier son petit côté sauvage en me tenant à sa merci, totalement, éperdument éprise d'elle, les femmes d'aujourd'hui n'avait guère trouver leur compte en me concernant dans les premiers temps. Pourtant, j'ai été témoin de l'ascension de leurs droits, l'émancipation de la gente féminine grâce à la contraception orale, le droit de vote qu'on leur aura accordé après des décennies de rébellion, l'équité salariale dans la plupart des boîtes. Le temps aura été témoin de cette curiosité que mademoiselle Halloran inspire, tant par son manque de considération, sa position ferme, ses menaces à peine dissimuler... c'est intéressant. C'est un échange plutôt sage, considérant les manières plutôt directes de la jeune femme. Je préfère normalement faire dans la subtilité et la discrétion, mais ce n'est guère possible. La discussion tourne autour du désir vif de cette dernière à protéger son frère de lui-même. Pas de moi, je ne suis qu'un pion dans son désir d'apprendre et sa soif de connaissance, mais Halloran femelle est en guerre contre tout ce qui risque de troubler l'équilibre précaire d'Abel. Elle a perdu d'avance, son frère est plus têtu qu'elle, et il ne risque pas de s'arrêter aux caprices de protectrice de son sang « Merci de vous inquiéter de ma vie sexuelle mais je ne suis malheureusement pas venue pour vous consulter. Je crois que ça aurait été de l’argent jeté par les fenêtres, un sexologue digne de ce nom sait que les choses réellement intéressantes ne se font pas à l’horizontale ! ». Je dois admettre qu'elle a un sacré sens de la répartie, celle-là. Je n'ai pas besoin de répondre quoi que ce soit, je crois qu'elle a atteint une pente relativement glissante, passablement déplacé, et puis je me vois mal me lancer dans un débat quand elle vient de mettre le doigt sur une vérité absolue. Je me contente de baisser légèrement la tête et les yeux, un bref instant, m'inclinant doucement devant cette conclusion judicieuse à une pointe maladroite de ma part. Si le temps m'a appris autre chose, c'est d'abdiquer quand il faut admettre qu'on a perdu une manche. Halloran vient de conclure un échange sinueux en beauté, et ce n'est pas sans rajouter à l'estime que je porte au nom qu'elle porte, tant au niveau des bons coups de son frère que cette petite victoire qu'elle vient d’acquérir, mérité en plus.

    Il n'en reste pas moins que l'échange n'est pas cordial. Oh, il est clair qu'elle ne me veut pas du bien, ou peut-être a-t-elle justement envie de passer ses nerfs sur quelqu'un. Je la détaille donc des yeux un moment, juste le temps d'évaluer ce à quoi j'ai affaire. Une jeune femme, ça, c'est évident au premier coup d’œil. Plutôt maligne, impétueuse et fanfaronne. Un brin expéditive, clairement douée quand il est temps de manier les mots et de mettre les cartes sur la table. Pas de détour, très directe. Une qualité que je respecte, mais il n'en reste pas moins qu'elle semble avoir une envie toute particulière d'avoir gain de cause, là, maintenant, tout de suite. Je pourrais le lui donner, ce n'est pas l'envie de donner des leçons à Abel Halloran qui me donne envie de me réveiller le matin, mais je n'en vois pas l'intérêt. Je n'ai pas peur de la sorcière, ou peu importe ce qu'elle est. Je n'ai absolument pas l'intention de plier pour des sortilèges et des invocations, des menaces, j'aurais pu en inscrire des centaines si j'avais pris la peine de les répertorier. Ce n'est pas le cas. Je suis plutôt pacifique à mes heures, en fait. Fuir ne fait pas partie des options, bien évidemment, mais je m'en suis toujours tiré à bon compte. La preuve, j'ai toujours pas tiré ma révérence, et ce, même cent quinze ans après le jour de ma naissance. J'en connais donc un rayon sur l'instinct de survie, même si j'ignore ce qui me motive quand il est temps de sauver ma peau. Je crois que c'est l'idée de me retrouver dans l'Au-delà, pour faire face à une Brighìd furieuse de m'avoir observer baisser les bras. Pour elle, laisser tomber n'a jamais été quelque chose d'acceptable. Elle me l'a on ne peut mieux prouver le jour où elle s'est enfuie avec moi. Elle me l'a rappelé le jour où on me l'a enlevé pour toujours, parce que je sais qu'elle n'a pas fléchie. C'est pour ça qu'on lui a retiré ce qu'on ne pouvait plus s'approprier, puisqu'elle venait de me donner sa main et de lier nos âmes jusqu'à la fin des temps. Il ne l'a pas digéré. Je ne l'ai toujours pas digéré. Je ne le digèrerai sans doute jamais, mais j'ai appris à vivre avec. C'est une bataille au quotidien, mais si ma motivation faillit parfois, à la fin de la journée ou quand la rétrospection sur l'intégralité de mon existence me fait douter de la pertinence à la continuer, je pense à elle. À sa soif d'apprendre. À sa manière de profiter de chaque instant, de le vivre pleinement sans jamais penser au passé ni au futur. À simplement mordre dans les possibilités qui s'offraient à elle, de les exploiter comme bon lui semblait. Il n'y avait aucune limite, sinon celles qu'elle s'imposait elle-même. Si elle m'a accepté et aimé, c'est que j'avais compris et adhéré à la réalité: elle serait toujours libre, et aucun ne pourrait lui mettre une quelconque bride sans la perdre définitivement. Le mariage avait un sens pour elle qui transcendait les âges, se rapportant à la vision actuelle plutôt que celle d'antan. Deux personnes complémentaires, sans n'en être qu'une seule. Deux êtres qui regardent dans la même direction, prenant le même chemin, parfois main dans la main, acceptant d'autres fois que le prochain pas doive être franchi une personne à la fois. Alors je me dis que, pour elle, demain doit venir, qu'aujourd'hui n'est qu'une autre série de pas que je franchi sans elle, mais qui me dirige indubitablement dans la voie que l'on avait à emprunter, ensemble. Il y a seulement notre rythme de croisière qui diffère...

    Il y a longtemps que je n'avais pas passer autant de temps à penser à elle, du moins pas en pleine journée, pas au beau milieu de la morgue, pas quand je n'étais pas seul. Aller savoir pourquoi, la hardiesse de Halloran ne m'effraie pas de la façon dont elle le souhaiterait. Je me rends simplement compte que tout cette impression d'avoir fait un travail sur moi concernant cette nécessité d'avancer sans tout relier à Brighìd n'est qu'une putain de connerie. Je m'étais fait à l'idée qu'elle serait ma principale motivation à accomplir tout ce qui se présenterait, mais pas à un tel point, pas de cette façon, pas comme une béquille. Elle devait être mon roc, pas une béquille qui me retarde, qui me tient prisonnier et qui me condamne à ne pas avancer sans claudiquer. Je mords l'intérieur de ma joue, passe la main dans mes cheveux. J'aurais bien besoin d'un verre, voire même de deux. Mais non. Je me retrouve en plein combat de coq avec une femme complètement aveuglée par sa noble intention de protéger les siens pour comprendre à quel point elle s'y prend mal. Je ne crois pas que de me diriger vers le bureau pour en sortir la flasque d'argent que je possède et y camoufle ne l'enchante tout particulièrement, peu importe si je lui offre le goulot ou non « Vous avez tort de croire que mes menaces ne sont que des paroles en l’air, je n’ai pas pour habitude de menacer de parfaits inconnus, peu importe qu’ils ne soient pas ce que l’humanité a fait de pire. Vous faites courir un risque à mon frère et peu importe ce qu’il m’en coûtera, je vous en empêcherais ». Toujours la même rengaine. Rien de nouveau. Aucun apport à son argumentation, ne serait-ce que de répéter encore et encore la même chose. Les gens sont redondants, et prévisibles. Tellement, mais alors tellement prévisibles « Enivrez-vous tant que vous le pouvez encore, car la prochaine fois que je mettrai les pieds ici, la conversation que nous aurons n’aura plus rien d’amical, croyez le bien ! ». Je soupire doucement, nettement plus ennuyé par mes propres problèmes de conscience qu'attendri par les siens « Je crois que j'ai complètement zappé le moment où vous vous êtes montrer amicale depuis le début de cette entretien, sorcière ». Ma main se redresse d'elle-même, tandis que je ferme les yeux de nouveau en frictionnant mes tempes. Relevant la tête par la suite, clairement moins conciliant et amusé que je me figurais l'être depuis le début. Ce que fait émerger cette conversation dans mon esprit ne me fait pas rire du tout, m'emmerde même, et ce n'est pas quelque chose qui améliore mon humeur, au contraire « Parce que vous croyez sincèrement qu'il a besoin de moi pour se foutre dans la merde, votre frère? Mon dieu, vous êtes plus naïve que je le croyais. S'il est aussi borné que vous semblez l'être, moi ou un autre, quelle importance? Vous ne l'arrêterez pas, vous n'y arriverez jamais, vous allez simplement passer votre vie à échouer lamentablement ». J'ignore si je parlais autant pour elle que pour moi, mais je préfère foncièrement l'ignorer. Ne pas y penser. Ne surtout pas pousser la réflexion plus loin. Ne surtout pas laisser le fantôme de Calum se rajouter à mes tourments concernant ma défunte femme. Cela risque d'arriver, vraisemblablement, la présence des Halloran a le don de faire remuer cette muraille de protection et de discrétion derrière lesquels les spectres du passé se tenait en rang. Je pourrais partir, m'éclipser, quitter cet endroit maudit, cette ville où je n'ai aucune attache, sinon les quelques rapports que je peux avoir avec Tom Wright. Je pourrais conduire jusqu'au bordel, aller me perdre dans les bras d'une jeune femme pas trop usée, froisser des draps jusqu'à l'aube, jusqu'à la fin des temps. Pourquoi pas? Pourquoi je me laisse chercher des noises par une idiote qui a le cinquième de mon vécu? La réponse est évidente: je suis masochiste. Tout bonnement. Ça explique pourquoi je la laisse approcher, souffler son truc, sans esquiver, sans reculer, sans invoquer les quelques maléfices que j'ai laissé dans la morgue, ne serait-ce par surplus de zèle. Ils restent endormis tandis qu'on faisait une incision au creux de ma paume, sans que je grimace, sans que j'esquisse le moindre geste. Je n'ai pas peur de toi, sorcière. Les tourments physiques ne sont rien. Je parviens à vivre avec ce qui peuple mes cauchemars depuis des décennies, amuse-toi, aller, je ne plierai pas l'échine aujourd'hui, pas plus que j'ai laissé qui que ce soit voir à quel point le passé m'a mis l'âme et le coeur à vif, et tout dépendant où vogue mon esprit, la cicatrice s'ouvre de nouveau, déversant son flot d'insécurité, de remords, de regrets, de colère et d'amertume dans mon quotidien « Voyez ça comme une simple précaution, au cas où vous n’auriez pas compris que je ne plaisantais pas ». Je n'ai pas cillé. Je laisse quelques gouttes de sang tomber par gravité sur le sol de cette coupure superficielle. Son charme reste latent, j'ignore sur quel œuf je risque de marcher, mais rien ne me parait moins important là, maintenant. Le bout de mes doigts chatouillent, et je les meus pour tenter de m'en débarrasser. Ça se propage comme un poison, un besoin latent de m'agiter et quitter cet état léthargique au plus vite. Je ferme mes paumes, enfonçant mes ongles dans la chair à vif de la plaie que j'agrandis dans ma paume « Les effets peuvent être plus longs si on se borne à résister mais je pourrais accélérer tout ça si vous me promettiez de ne pas recevoir mon frère ! ». Je murmure des mots, des mots qui glissent sur mes lèvres et qui se perdent bien avant d'attendre les oreilles de la jeune femme. Des mots qu'elle ne pourrait comprendre, car il ne s'agit pas d'une langue dans laquelle elle peut s'être exercer. Le langage celtique n'est pas trop commun dans cette parcelle de terre qu'est l'Amérique. C'est pourtant dans cette langue que j'invoque ma propre magie, beaucoup plus spécifique que la sienne. Nettement moins noble, selon les critères de la demoiselle. Tant pis. Je relève ma main, laissant donc une longue traînée de sang venir tacher le blanc de ma chemise « Il serait donc malencontreux que vous me laissiez le temps de prononcer l'ultime invitation de certaines âmes damnées à rejoindre le monde des vivants ». J'entrouvre la paume, y tient un cheveux qu'elle a perdu dans son avancée présomptueuse, conquérante, qui m'a permis d'attraper ma propre assurance « Êtes-vous en paix avec votre passé, mademoiselle Halloran? Celui-ci trépide d'impatience de vous rendre visite en tout cas... ». Ça ne me surprend pas, pas avec la façon dont l'Outre-Monde semble apprécier les rapprochements avec son frère, ils ne sont certainement pas aussi preux et chevaleresque que semble vouloir bien faire croire la brunette...
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Dakota Halloran

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Hell fire in my veins



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MessageSujet: Re: dakota ♛ it's time for me to take a stand dakota ♛ it's time for me to take a stand EmptyDim 2 Oct - 23:24

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Autrefois, j’avais l’impression que j’étais celle qui possédait le don incroyable de se mettre dans la merde en un quart de seconde, que ce soit à cause de ma naïveté ou de ma franchise presque candide mais toujours implacable. Je n’épargnais personne, même si ce n’était pas toujours dit et fait dans l’intention de blesser mais c’était tout simplement plus fort que moi, malheureusement, dans une société comme la nôtre, la vérité était bien plus souvent qualifiée d’affront plutôt que de bénédiction ou service rendue à la communauté. Je ne comptais plus les fois où mon frère était intervenu pour empêcher les autres de me coller une raclée, j’en prenais déjà assez comme ça lorsque je me retrouvais face à mon père, le soir. Malgré tout, je n’avais pas cessé de donner le fond de ma pensée, sans détour, sans broder pour brosser l’égo des autres dans le sens du poil et au fil du temps, ça n’étonnait plus personne et parfois, on venait même me demander conseil. Pourtant, il y en avait qui continuait à penser que ce genre de caractéristique ne devait pas être l’apanage d’une femme mais celle d’un homme, prétendant que ceux-ci avaient les armes pour se défendre, ce qui n’était et ne serait jamais le cas de la gente féminine. En toute objectivité, j’étais mal placée pour contre attaquer cet argument ridicule avec des choses empruntées au féminisme, moi qui m’étais laissée frapper durant des années par un père abusif et à l’attitude malsaine et qui n’avait pas trouvé mieux que de se retrouver un autre tyran, juste histoire de ne pas être dépaysée. Je ne faisais pas bon ménage avec le féminisme, même si ce mouvement me parlait plus qu’à n’importe qui, j’étais persuadée que je n’avais aucune légitimité pour soutenir ouvertement le mouvement, ce qui ne m’empêchait pas de me montrer féroce quand on osait m’agiter sous le nez des thèses misogynes et sexistes au possible. C’était au-dessus de mes forces et ça me transformait en folle furieuse quand ces crétins osaient s’appuyer sur la bible pour étayer tout ça. J’avais trop lutté pour accepter que l’on me rabaisser à une notion, à une pauvre phrase sortie de son contexte et provenant du livre saint. J’étais une femme mais je n’avais rien de moins qu’un homme, si on omettait de parler de détails physiques et ma franchise n’était pas une tare, juste un don de clairvoyance, s’ils ne comprenaient pas ça c’était qu’ils étaient eux-mêmes aveuglés par leur vanité ou tout simplement par leur jalousie. Mais avec les années, mon rôle de martyr avait fini par être attribué à mon frère, bien qu’il interprétât le personnage avec beaucoup moins de conviction que je n’avais pu le faire par le passé. J’ignorais pourquoi, il avait un attrait certain pour tout ce qui risquait de lui faire du mal, physiquement ou psychologiquement. Cela allait des filles auxquelles il s’attachait aux amis qu’il fréquentait. Peu importait le nombre de chemins qui s’ouvraient à lui, il choisissait toujours le mauvais, comme guidé par une force malveillante qui ne souhaitait qu’une chose : le voir mort. Cette tendance s’était exacerbée depuis notre arrivée à Aberdeen et bizarrement, le fait de toujours devoir lui sauver la mise commençait à me fatiguer. Il ne cessait de répéter que c’était à lui de me protéger et pas le contraire mais il ne comprenait pas que je n’avais pas besoin de son aide, j’étais assez forte pour m’occuper moi-même de mes ennuis, tandis que lui dépérissait de jour en jour, devenant inconséquent et presque fou, prenant des décisions Dieu seul savait pourquoi, faisant fi du fait qu’il pouvait y laisser la vie et accessoirement m’abandonner. Je lui en voulais de m’obliger à jouer le rôle de l’aîné, moi qui avais toujours été entourée du cocon qu’il avait fabriqué pour moi, pour me maintenir en sécurité et loin de tous les dangers. Voilà donc à quoi j’étais réduite, à essayer d’empêcher le pire d’arriver à remontant ses traces et en essayant de négocier avec ceux qui avaient le pouvoir de l’envoyer directement en enfer, sans possibilité de salut. Je savais que tôt ou tard, la faucheuse viendrait s’occuper de moi et je n’envisageais pas mon arrivée au Paradis sans mon frère, mieux valait une éternité de souffrance à deux qu’une éternité de bonheur sans lui. J’étais bornée et sans doute pas assez objective, sinon j’aurais compris que quoi que je désire, mon frère ne le voulait pas et que sa route, il l’avait choisie avant même que je sois mise au courant.

Si j’avais pu éviter de me retrouver face à l’énergumène qui se tenait debout, je l’aurais fait mais visiblement, Abel ne comptait rien m’épargner et surtout pas la paix de l’âme. Mes pouvoirs étaient, dans une certaine mesure, bien moins impressionnants que ceux de mon aîné, mais néanmoins, ils s’avéraient beaucoup plus efficaces et ne me demandaient pas de puiser trop de force dans mes réserves. La louve en moi, si elle était souvent en conflit avec ma magie, me permettait de tenir bien plus longtemps, du moins pour les sorts et rituels les plus anodins. Pour le reste, je n’avais pas encore osé m’y coller, craignant plus le courroux de mon frère que le fait d’échouer. J’ignorais quelles étaient les limites de ce que j’étais capable de faire et je n’osais pas les explorer, je craignais d’être maudite et de subir la terrible dégringolade qu’Abel subissait en ce moment. Il fallait que quelqu’un garde le cap et continue de faire le bien et j’étais la seule à pouvoir le faire. Pourtant, il y avait des fois, comme à présent, où l’envie de tout détruire me chatouillait, où j’entendais les chants de mes ancêtres résonner dans mon esprit, où les incantations étaient criées si fort que j’avais l’impression de les prononcer moi-même. Mes membres tremblaient alors que j’étais effrayée par cette puissance qui me venait de nulle part. Il avait beau parler, affichant son air méprisant, je ne l’entendais pas, j’essayais simplement de faire taire toutes ces voix, de leur faire comprendre que je n’utiliserais rien d’autres que la poudre que j’avais dans la poche, qu’il était hors de question d’en venir à des choses irrémédiables. Pourtant, j’avais la certitude que d’un simple regard, j’aurais pu le faire se tordre de douleur, que j’aurais pu en faire mon jouet mais ma conscience ne l’aurait pas supporté. J’étais sur terre pour tendre la main à la race humaine, aussi dégénérée soit-elle, je n’étais pas là pour la faire souffrir afin de protéger mon frère et ce même si l’envie ne m’en manquait pas. Je n’étais rien, qu’une poussière de passage, une goutte d’eau dans l’océan et pourtant, c’était l’éternité qui me tendait les bras, la promesse de l’éternité si j’apprenais à me servir de mon pouvoir autrement, à parler aux esprits comme s’ils étaient mes amis. Je fermai les yeux quelques instants, repoussant tout ça aussi fort que je le pus, consciente que j’étais à deux doigts de devenir littéralement cinglée. Les mâchoires serrées, je finis par revenir à la réalité, mais tout s’était déjà déroulé comme dans un rêve. La poussière avait été soufflée et le sang emprunté et envoyé directement dans ma cabane pleine de bric à brac. Ma voix me semblait être un écho lointain et j’eus beaucoup de mal à me concentrer sur ce qu’il disait, la bête en moi dormait laissant le champ libre à la sorcière qui semblait engranger de la force en puisant dans le néant. Soudain, une lumière rouge s’alluma dans ma tête alors qu’il me montrait qu’il tenait l’un de mes cheveux dans sa paume et sans le vouloir, je ricanai comme une démente, ce n’était ni ma voix et encore moins moi. Je me sentais prisonnière de mon propre corps et j’eus tous juste le temps de lancer un regard plein de détresse avec que je ne ferme les yeux, la main sur le front comme pour faire passer une terrible migraine. Lorsque mes prunelles s’ouvrirent de nouveau, elles étaient injectées de sang et ma bouche prononça des mots dont je ne savais rien, faisant naître une légère petite flamme dans la paume du malheureux qui fit se consumer presque entièrement ce qui fut autrefois à moi avant que par imprudence, je le laisse en prendre possession. La minute d’après, tout était terminé, mes yeux reprirent leur teinte bleu azur alors que je fixais mes mains comme si je les voyais pour la première fois. J’ignorais si ma colère était la responsable de tout ce merdier mais il était clair que je devais impérativement me tenir loin de ce type, il réveillait en moi des choses que j’aurais préféré garder profondément enfouies. Il me poussait dans mes retranchements et m’amenait à faire des choses qui me dépassaient et de loin, il m’effrayait plus que je n’aurais voulu l’admettre et je comprenais à présent pourquoi il exerçait pareille fascination sur mon aîné. Je levai vers lui un regard bourré d’incompréhension alors que mes sourcils étaient froncés. Etait-ce possible qu’au fond, je sois aussi incontrôlable que mon propre frère ? J’eus soudain le revers de la médaille, mes forces me quittèrent tandis que tout, autour de moi, s’assombrissait. Je crus un instant que j’allais perdre connaissance mais c’était simplement la bête qui s’agitait en moi, bien décidée à reprendre la place qui lui appartenait de droit, mes yeux avaient déjà changés de teinte et je n’avais pas énormément de possibilités. La fuite était vaine, je serais transformée bien avant et serais dangereuse pour le premier humain qui me croiserait mais rester ici était tout aussi dangereux. Chancelante, je me dirigeai vers un mur pour m’y appuyer et tenter de garder la raison.

« Vous devriez partir. » dis-je d’une voix rauque avant de me plier en deux sous le coup de la douleur et qu’un cri m’échappait suivi d’une salve d’injures dont j’avais le secret

Constatant qu’il n’avait pas bougé d’un cil, se demandant sans doute ce qui me prenait, je tentai de me redresser pour lui expliquer en peu de mots mais une douleur violente me fit m’étaler au sol alors que des larmes roulaient sur mes joues. Je priais, encore et encore, me servant du peu de force qu’il me restait pour ne pas sombrer dans la démence la plus totale. Je me concentrais sur cette idée fixe : je ne devais et ne pouvais me transformer ici. Combien de temps il s’écoula ? Je l’ignore et je finis sans doute par tomber dans l’inconscience mais lorsque j’ouvris les yeux, j’avais changé de place et il était face à moi, m’observant comme un scientifique observerait un de ses rats de laboratoire. Je me redressai et regardai autour de moi avec inquiétude. Il n’y avait pas de sang, aucune trace de lutte et aucune marque de griffe.

« Est-ce que je me suis transformée ? Est-ce que je vous ai blessé ? » m’enquis-je avec inquiétude

C’était la première fois depuis bien longtemps que ce genre de choses m’arrivait et j’étais envahie par une vague de culpabilité.

« Je ne voulais pas en arriver là, toutes mes excuses ! » me sentis-je obligée de dire avant d’ajouter « Pour votre bien, tenez-vous loin de notre famille. »

Il ne s’agissait plus d’une menace mais d’un conseil qui selon moi était justifié. Après cet épisode, il était plus que certain que je me tiendrais loin de la magie et de tout ce qui s’en approchait, j’avais bien trop peur pour qu’on me voit y retoucher de sitôt.

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