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Sujet: Prudence est mère de sûreté | RAJAH| Mer 31 Aoû - 9:44
Je déteste traîner au milieu des rayons des grands magasins tous mieux achalandés les uns que les autres. Tout comme je déteste voir ses acheteuses compulsives chiner, fouiller, chercher, compter, découvrir, essayer, hésiter, se décider, se raviser, recommencer, faire demi-tour, attendre, dégainer, payer et changer de boutiques encore et encore jusqu’à ce qu’enfin sonne les trompettes de la rédemption des malheureux accompagnants devant l’ultime négoce. Oui. J’abomine ses heures perdues. Je ne suis décidément pas fait pour le shopping. Toutefois, avais-je seulement le choix ? A manquer de tact devant les desseins de ma sœur, je la blessai plus que de raison. Elle s’est refermée comme une coquille et, bien qu’heureux de l’avoir protégé de la magie noire, je souffrais d’avoir à supporter chaque jour sa mauvaise humeur. Si j’ai l’image, il manque de son et je ne supporte pas ça. Dès lors, naïvement peut-être, j’espérais, bon gré mal gré, qu’en lui offrant un vieux trente-trois tours d’un standard de blues, elle me pardonnerait. Aussi, je retourne des disques antiques entassés dans un bac en plastique en quête de la perle rare.
Soudain, je me sens comme happé par deux auras liés l’une à l’autre par la magie. La première, éteinte, semble dénuée de sens critique. La seconde, plus sombre, ne fait aucun doute : Elle appartient à une sorcière. Discrètement, je lorgne le monde pullulant autour de moi. A qui peut-bien appartenir cette force de caractère ? Qui, parmi ces Hommes de bien asservit en public une âme innocente ? Machinalement, je sonde le monde. Je le sonde avec attention jusqu’à ce que mes pupilles fureteuses croisent le regard vide d’un adolescent. A son bras, une magnifique enfant se pavane avec le sourire. C’est elle, l’inconsciente qui, à n’en point douter, manipule ce malheureux. Ne sait-elle donc pas qu’elle fait mauvais usage de ses pouvoirs ? La sorcellerie n’est pas un jeu. Elle ne peut servir à développer sa côte de popularité. Ainsi, je décide de les filer à bonne distance. « Qui est-elle ? Quel est son but ? Apprend-elle seule la magie ou au contraire, a-t-elle un mauvais mentor ? Tant de questions me taraudent alors que je sens les effets du philtre d’amour dont est victime son acolyte. Ainsi, je devine qu’elle n’est qu’aux prémices de son apprentissage. Il me faut lui parler et l’approcher pour deviner l’état de son âme dans le miroir qu’est ses yeux. Dieu seul sait ce qui aurait pu advenir de la mienne si je n’avais eu Marshall. Peut-être est-il tant de faire amende honorable et d’aider mon prochain. Et puis, force est d'admettre que cette jeune étudiante m’intrigue.
Elle se baladait désinvolte – comme le sont généralement les enfants de son âge – en chantonnant la dernière mélodie à la mode, fière d’elle, le torse bombé et la crinière relâchée. Ses longs cheveux balancent en cadence avec sa démarche assurée. Son compagnon, lui, il traîne les pieds et l’observe avec admiration. Il danse comme elle chante. Ça ne fait aucun doute et, tandis que j’imagine un tordu stratagème pour attirer son attention, un morceau de papier s’échappe de la poche arrière de son jean’s. D’une brise légère, je le pousse jusqu’à mes pieds et, noblement, je me baisse pour le ramasser et en lire le contenu. Une liste d’ingrédients plus interdits les uns que les autres : Alkanet, lotus sacré, sang humain et autres réjouissances qui s’accumulent dans ma cave. Sauf que j’en connais autant les attributs que les méfaits. Que sait-elle, la novice sorcière, du danger que représentent ses herbes ?
« Mademoiselle. » l’interpellais-je poliment, insistant même pour qu’elle se retourne, négligeant la marionnette à ses côtés « Vous avez laissé tomber ceci. » Si je lui tendais son bien, je refusai de lui rendre, me penchant vers elle pour lui chuchoter d’une voix inaudible aux oreilles indiscrètes, une proposition à laquelle elle ne dérogerait certainement pas. « Je doute que tu puisses trouver ce dont tu as besoin ici. Je doute d’ailleurs que tu puisses les trouver n’importe où en ville sans t’attirer de gros, très gros ennuis. Mais, si tu les veux vraiment, je devrais pouvoir t’aider. Quand tu auras fini de faire joujou, tu devrais me rendre une petite visite. » Et je glisse derrière ce bout de papier ma carte de visite. « Ce soir, vers 22 heures à l’orée de la forêt, je t’y attendrai. » Ainsi, j’ai pris congé.
***
Convaincue que la curiosité – point commun à tous sorciers passionnés et doués – prévaudrait sur la prudence, je l’attendais sur le lieu de mon rendez-vous. Je trépigne d’impatience d’en apprendre davantage sur elle. J’en fais même les cent pas, martelant sans relâche de mes bottines la terre meuble de la sylve. Et si elle ne venait pas ? Pourrais-je la retrouver pour la guider sur les chemins embûchés de la maîtrise de notre art ?
Rajah A. Leonne
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Sujet: Re: Prudence est mère de sûreté | RAJAH| Jeu 1 Sep - 7:48
Les rayons du soleil matinal balaient mon visage, et je sens leur chaleur tout contre mes paupières, qui me force à ouvrir les yeux. Je suis complètement nue, mon corps gracile et pâle étendu aux côtés de celui de mon petit ami. On dirait un cadavre. J'ai décidément l'impression de lui avoir ôté la vie. C'est étrange. Je cherche un regret, un remord, ne serait-ce qu'un soupçon de culpabilité, et croyez-bien que je sonde toute l’entièreté de mon être à la recherche de cette dégoûtante petite émotion ; mais rien ne me vient. Je suis dénuée du moindre ressentiment. Il n'est pas même une victime, juste un dommage collatéral. J'avais lu quelque chose comme cela, à propos des narcissiques. Quelque chose comme quoi ils n’entreverraient les gens qu'à travers une espèce de philtre complètement aliéné, ne jugeant les autres que sur l’intérêt qu'ils pouvaient représenter pour eux. Comme des facteurs divers pour atteindre tel ou tel objectif. C'est exactement la même chose. Tyler est un outil. Il a eu son utilité, et il faut bien croire que je suis quelqu'un de bien au fond, puisque je le garde malgré tout sous le coude. J'imagine que j'ai sans doute pitié de lui. C'est un peu comme un chien qui boîte. On ose ni l'abattre -je n'en suis quand même pas rendue à cette extrémité-ci-, ni l'abandonner sur le bord de la route. Après tout, avec tous les dégâts que j'ai infligé à son pauvre petit cerveau, ce ne doit être qu'une question de temps avant qu'il ne se fasse écraser par une voiture. Il est vraiment très amoché. Enfin, ce n'était déjà pas une lumière avant, alors ça ne fait pas grande différence. Je lui donne un coup de pied et il se réveille en maugréant, mais dès qu'il me voit, son regard s'illumine et sa bouche s'entrouvre. C'est qu'il en baverait presque sur mes draps de satin, l'imbécile. Il a un corps tout à fait délicieux, et je m'en mords les lèvres, l’œil lubrique. Philtre ou non, on peut profiter d'un garçon à n'importe quel moment. Plus encore le matin. Et visiblement, ce matin-ci ne faisait pas exception. Mais j'avais d'autres chats à fouetter, aussi je chassais toute idée salace de mon esprit.
- « Habille toi, on a des courses à faire. »
Il ne répond même pas, trop occupé à enregistré mon ordre et à le mettre en application. Il est un peu comme un ordinateur. Mais ce serait plus un vieux Windows pourri qu'un Mac. Je décide moi aussi de me vêtir et en vient à scruter mon reflet dans la glace. Je suis très belle, pour ne pas dire splendide. Je dois sans doute avoir quelque chose de surnaturel aussi. Mes longs cheveux dorés tombent en boucles éparses le long de mes épaules, jusqu'à mes coudes. Mes yeux sont d'un bleu d'un vigueur assommante. Si seulement il n'y avait pas ce corps. Je suis bien trop grosse. Tout le monde me dit que non mais je le vois bien. Mes côtes ne se voient pas assez. Et mes seins ! Mes petits seins... Je suis trop plate, je n'ai rien d'attirant. J'ai l'impression d'être une gamine. Je suis obligée de composer ma tenue pour détourner l'attention de ma poitrine, et je décide de passer un débardeur blanc simple, une veste de motard en PVC vert à paillettes, des bas déchirés qui iront très bien avec mes chaussures à talons hauts. Puis, le plus important, un short en jean outrageusement court, qui m'allonge les jambes et me donne une allure d'une indécence absolument insoutenable. Je me regarde dans le miroir et délivre l'avis final. Un véritable appel au viol. Parfait.
Aujourd'hui, j'ai décidé de m'essayer à un sortilège d’envoûtement. Je dois bien avouer que j'ai mis un frein à ce genre de charme après que Tyler eut manqué de me violer -et que j'en eu fait un légume. Mais il n'est plus temps de ressasser les erreurs du passé. Je suis talentueuse, et je le sais. C'est une espèce de conviction, ancrée en moi. Je ne sais pas si c'est une illusion, mais c'est d'une puissance absolument phénoménale. C'est semblable à une faim, comme si une bouche était née au plus profond de moi, terrée loin dans mes entrailles, et qui demandait à ce que je la nourrisse de colère, de tristesse et de peur. Mais, surtout, de magie. Jusqu'à présent je me suis limitée à la concoction de philtres d'amour que j'administre à mon petit ami, ce qui en plus d'un an m'a permis d'exceller en la matière ; ainsi qu'à quelques sortilèges de malchance mineurs. Non, ce que j’apprécie le plus, c'est refroidir les choses. J'aime glacer l'eau dans les verres. Cesser le trouble. Comme si je retirais la vie à la matière. Ça me laisse rêveuse de penser que les gens sont constitués à 70% d'eau. C'est ce à quoi je pensais lorsque je me suis retrouvée dans une vieille boutique du Loop. Je ne sais pas ce que j'avais fini par faire ici. C'était un disquaire ou un bric-à-brac, enfin, quelque chose pour les pauvres ou les hipsters. Et aussi hipsters dont je puisse avoir l'air, j'appartiens à un tout autre niveau social. Nous étions donc là, Tyler et moi, mains dans la main. La lumière des néons bleus venaient éclairer son visage complètement stoïque et vacant de toute autre expression que cette béatitude propre aux attardés mentaux, ce qui lui conférait un certain charme en fait. Moi, une odieuse pute au visage d'ange, l'air tout à fait frivole et adolescent. Il fallait nous voir. Sexe-symboles et enfants terribles. C'était presque poétique. Enfin, toujours est-il que je m'apprêtais à ressortir de la boutique, lorsque j'ai entendu une voix grave m'interpeller. Un masque glacial sur le visage, je me retournai pour me retrouver face à un charmant jeune homme. A peine avais-je eu le temps de me dire que j'en ferais bien mon quatre heure, que ce dernier me tendait la liste de mes achats, visiblement tombée de mon short, et ne me la rendait pas pour autant. J'étais sur le point de lui décocher l'une de mes mythiques réflexions plus qu’acerbes avant qu'il ne m’emboîte le pas. J'écarquillais les yeux et prenais un air dubitatif, avant de me rendre compte que Tyler à mes côtés devait rendre l'effet terriblement comique. Je changeai de mine et il tournait déjà les talons. Je ne savais pas trop quoi penser de son invitation. Je murmurais un « Pervers » à moi-même, en souriant doucement. J'étais plus que ravie d'avoir trouvé un 'collègue'. Je faisais semblant de peser le pour et le contre, mais c'était déjà décidé. Je n'avais que croisé d'autre pratiquants, et que celui-ci m'aborde de la sorte devait être un signe. Ou un piège.
- « Je peux venir ? - Bien sûr que non, Tyler », soupirais-je tendrement.
Il était donc dix heures du soir, et il faisait complètement nuit. Le ciel m'avait l'air de n'être qu'un vide gigantesque, qui menaçait de m'aspirer à tout moment. Je restais là, immobile, à me demander ce que je ressentirais si c'était le cas. Je me sentais devenir guimauve, mes larmes menaçaient méchamment de couler, et j'avais finalement très envie de me perdre. J'approchais de plus en plus de nôtre lieu de rendez-vous, et j'étais de plus en plus sûre qu'une fille de mon âge avait été tuée dans les environs à un moment ou un autre. Je n'étais pas capable de voir les fantômes ceci-dit. Je pourrais au moins commencer nôtre entretien avec une question. Puis, au détour d'un arbre au tronc démesuré, j’aperçus la bâtisse, glauque au possible. Je remarquais bien vite que mon hôte m'attendais déjà, et je m’attardai un instant sur sa carrure absolument charmante. C'était un homme, clairement, et pas un adolescent, catégorie à laquelle Tyler appartenait, aussi bien battît qu'il fut. Cette observation me donna des frissons très agréables, et je les sentis me picoter l'échine. Finalement, je décidai de m'avancer jusqu'à lui, étonnamment nerveuse. Comme c’était étrange et embarrassant ! J'avais revêtu un simple jean taille basse avec des baskets montantes, un T-shirt rose pâle et un perfecto en cuir. Je me demandai encore pourquoi j'avais tenu à ne pas passer pour une pute. Peut-être était-ce parce-que j'allais le voir en tant que sorcière, et qu'ainsi il fallait que je me montre professionnelle. Je m'étais même maquillée avec légèreté et bon goût. Il fallait avouer que j'étais jolie comme un charme. Une fois parvenue à sa hauteur, ce qui me tira un sourire puisqu'il n'était bien grand et que j'étais loin d'être petite, je lui adressai un sourire aussi chaleureux que possible. C'était très dur. Autant parce-qu'il faisait froid que parce-que les lieux étaient terrifiants. Il aurait put me tuer. J'aurais certes pu me servir de la magie contre un agresseur ordinaire, mais lui dégageait une présence singulière. Sa force calme et comme souveraine m'écrasait de son ampleur. Et dire que je me pensais talentueuse. J'essayais de réunir mes force et lui lançai avec la froideur qui m'était habituelle :
- « Pour habiter dans un endroit pareil, vous devez être un sorcier très attaché au traditions. ». J'avais essayé de dévier l'attention. Je n'avais presque plus envie de rentrer dans le vif du sujet. C'était à croire que j'avais peur de m'attaquer à la véritable sorcellerie. Cette pensée m'agaça et mon regard se fit plus décidé, « Bon, je suis là. Qu'est-ce que vous voulez exactement ? » Clair, concis, professionnel.
Abel Halloran
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Sujet: Re: Prudence est mère de sûreté | RAJAH| Ven 2 Sep - 13:24
Obsédé par le minois mutin croisé plus tôt dans la journée, je suis distrait et peu attentif aux plaintes incessantes de mon collègue. Lui, il déplore injustement la tyrannie de ses patients. Moi, je considère avec attention mes traits dans le miroir usé des vestiaires de l’hôpital. Mes yeux, alourdis de cernes sombres, sont anormalement éteints. Il a raison, le plaintif, j’ai vraiment mauvaise mine. « Abel ? Tu m’écoutes ? Qu’est ce que tu ferais à ma place.» répète-t-il visiblement agacé par mon manque flagrant d’intérêt. J’ignorais jusqu’au sujet de la conversation. J’étais ailleurs et ma réponse en demeure évasive quand il m’observe incrédule, soucieux de prêter logique à mes propos. Au moins, peut-il se vanter de m’avoir amusé. J’en ai même souri, un peu las, avant de solliciter sa grandeur d’âme : « Dis-moi Doug, tu as fini là ? Tu as des projets pour la soirée parce que je ne me sens pas bien et franchement, tu me tirerais une épine du pied si tu enchaînais avec ma garde. Je te revaudrais ça vieux.» En ami dévoué, il hocha la tête, pris de court mais heureux de me rendre service. Dès lors, soulagé, je le remerciai, le saluai et quittai mon lieu de travail, priant Morphée de me céder quelques heures de sommeil.
Sincèrement, à l’abri du monde derrière mes quatre murs, j’aurais largement apprécié une sieste crapuleuse. Impossible. De jours comme de nuits, mon fardeau pèse lourd sur mes épaules. Je suis la proie de mes traumas. Je réfléchis donc beaucoup, beaucoup trop et naturellement, mon esprit divague vers elle. Elle et sa marionnette de petit copain. Elle et son assurance de jeune adolescente. Prométhée a-t-elle déjà son Pygmalion ? Est-il mauvais maître ? Lui cache-t-elle au contraire ses pratiques égoïstes ? Ces questions sont tant de mystères qu’il me tarde de pénétrer. Aussi, je suis pressé de la voir fouler le sol terreux de mon domaine. J’ai tellement hâte qu’après m’être abîmé trop tôt dans une marche sans but, je m’assois dans le vieux Rocking-chair – vestige de ma vie en Louisiane – qui trône majestueusement sur le perron. Dans ma main, une tasse de café chaud. Dans l’autre, les nouvelles du matin. Si je les lis sous la faible lueur d’une bougie dont la flamme tranche avec l’obscurité de la nuit, elles ne sont nullement palpitantes. Un clochard mort de froid, un accident de voiture où périra une entière famille nucléaire. Bref, rien de nouveau sous la lune. Ou du moins, rien d’assez captivant pour détourner ma conscience des rumeurs alentours. Les bruits de la nuit fraîchement tombées sont tantôt rassurants, tantôt angoissants. Les feuilles des arbres gémissent par le vent et leurs branches dessinent à mes pieds des ombres menaçantes. Elle me laisse pensif et je devine, à chaque crissement de rameaux, que ma visite approche. J’avoue, je désespère et j’en soupire.
Soudain, la vieille pendule du salon sonne dix coups. Dix coups qui me révèlent sinistrement - la scène est digne d’un film d’horreur – la frimousse désenchantée de la jeune sorcière. Poli, je quitte mon siège confortable, me redresse noblement, m’appuie sur la rambarde et la détaille discrètement. Ainsi, je constate avec amusement qu’elle n’a plus rien de l’aguicheuse résolue rencontrée plus tôt. Son short et son débardeur outrageusement provocant, elle les troqua pour un jean’s et T-shirt. Démarche appréciable. Au moins est-elle consciente que ma proposition ne sous-entend pas marivaudage. A moins bien sûr, qu’elle se méfie de moi. Qui suis-je après tout ? Un sorcier à croire sur parole ou un homme fait de mauvaises intentions ? Soit. Concrètement, je souris, ravi qu’elle m’honore de sa présence. Abstraitement, à son pas lent, je la devine soupçonneuse, peut-être même effrayée si bien que, rassuré, à sa remarque je ris franchement.
« Et encore, tu n’as pas vu l’intérieur. » la taquiné-je pour la détendre « En fait, c’est ma sœur qui a choisi cet endroit. Elle dit qu’il lui rappelle l’endroit où nous avons grandis. Moi, je le trouve plus accueillant que les marécages de mon Oncle mais soit, j’ai arrêté de contrarier les filles depuis longtemps. De nos jours, on ne sait jamais vraiment quand un philtre d’amour ou d’envoûtement nous tombera dessus. Abel. Enchanté. » lui confié-je en lui tendant la main naturel et la gratifiant d’un clin d’œil espiègle.
Bien qu’elle aborde le cœur du sujet, elle semble frigorifiée et je décide, sans malice, d’allumer par magie un feu de joie dans le brasero reposant non loin de nos meubles de terrasse. « Vas-y, assieds-toi. Je ne veux aucun mal tu sais. Si je l’avais voulu, je m’y serais pris autrement, crois-moi.» insisté-je maladroitement, regrettant cet élan de spontanéité. Je précède donc et je prends place un peu plus loin, laissant la lune éclairé mes traits fatigués.
« Avant de te répondre, j’aurais plutôt envie de te demander pourquoi toi, tu es venue. C’était audacieux et j’applaudis ton courage. La forêt, un inconnu, j’ai cru un moment que tu n’oserais jamais te pointer ici. Soit, ce n’est pas le sujet mais je te remercie. Alors, comment t’expliquer sans te faire peur ce que je te veux. » tenté-je alors que glisse mes paumes sur mon visage « En fait, je n’attends rien de toi. Rien de concret en tout cas. La véritable question c’est plutôt, qu’est ce que je peux t’apporter moi. Car, sans vouloir te vexer, si ta magie doit t’amuser, je doute que tu sois réellement consciente des risques que tu prends. Et je ne parle pas que de ton petit-ami, je parle bien de toi. Notre magie – même si je t’avoue que je suis désolé que tu l’aies choisie – est bien plus dangereuse que tu ne le crois. Elle ne peut pas être prise à la légère d’autant que tu as un réel potentiel. Tu étais à plus de deux mètres que moi et j’ai pu sentir ta présence. C’est rare. Vraiment très rare. Et souvent, ce sont les sorciers les plus doués et surtout les moins encadrés qui finissent par sombrer dans la folie. Si tu continues comme ça, seule, je te donne pas deux ans pour que tu subisses ce sort. Et crois-moi, ça arrive plus vite que l’on ne le croit. Par exemple, l'envôutement que tu veux préparer, s’il n’est pas réalisé avec beaucoup de précision, il pourrait tuer le destinataire et à moins d’être une sociopathe précoce, je doute que tu puisses vivre sereinement dans ces circonstances. »
Si, durant mon monologue, je restai fier et altier, à l’ultime révélation je pris sur moi pour réprimer ce besoin de baisser la tête. Un jour, j'ôtai la vie par vengeance et j'en paie le prix. Bien sûr, j'ai honte mais pas du geste. Juste d'être, en mon âme et conscience, certain que je le réitérerais sans hésiter. Clayton méritait de mourir. « Si tu veux apprendre vite et surtout bien, je peux t’aider. C’est comme tu veux. Mais si tu hésites, dis-toi qu’il est parfois préférable, surtout à ton âge, d’être guidé pour éviter les catastrophes. » A son âge. Quelle étrange remarque. Je la devinais jeune, certes, mais à quel point. « D’ailleurs, tu as quel âge ? »
Rajah A. Leonne
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Sujet: Re: Prudence est mère de sûreté | RAJAH| Dim 4 Sep - 5:49
Il essaie d'être drôle mais mon rire sonne froid et triste. Ce n'est sans doute pas très approprié de se moquer de mes travers lorsqu'ils ont coûté l'intégrité mentale d'un être humain. Peut-être qu'il est aussi inconscient et aussi peu scrupuleux que moi. Je me demande si Tyler lui a inspiré du mépris. Je le comprendrais si c'était le cas. Le pauvre garçon est ridicule. Heureusement qu'il est beau, sans quoi je crois que sa personne me dégoutterait. Au contraire, sa bêtise est assez attrayante. Il est si vide que je ne peux m'empêcher de le laisser m'aimer de toutes les manières possibles et imaginables. Le voir à l’œuvre m’impressionne. C'est une activité déroutante. Faire l'amour avec un esclave, un être dont la stupidité et l'amour ne sont que le fruit de mes caprices. J'ai l'impression de l'avoir enfanté. Il est ma créature de Frankenstein. Je ne réalise pas ce que j'ai fait. C'est comme un meurtre. C'est effroyable, terrible. Mais cette folie n'est rien à côté de celle que je rêve chaque nuit. Des images me parviennent et je me sens tomber, et je crois qu'un trou s'est creusé sous moi. Il est si profond, et si noir. Il absorbe toutes mes émotions. Mais le sorcier a allumé un feu. Par magie. Ça ma fait sursauter. Il l'a fait comme si ça ne représentait rien. Je suis assez impressionnée pour le coup, même si ce n'est qu'un simple feu. Sa chaleur est si concrète, ça me fascine. Je viens m'asseoir non loin de lui et je ris sans grand entrain. Comment s'y serait il pris pour me faire du mal ? Je n'arrive pas à imaginer un plan concret, juste ses mains autour de mon cou. Je pourrais presque les sentir. Ses doigts puissants qui pressent ma nuque fragile. J'en ai des sueurs froides mais je ne peux ignorer cette chaleur qui naît dans mon ventre, me gagne avec douceur et férocité. Ou bien est-ce le feu ? J'en suis proche, et je le scrute, à m'en faire pleurer. Je n'avais jamais vu d'autre sorcier à l’œuvre avant. Je ne suis pas très connectée à cette bulle, à tel point que je ne saurais dire si bulle il y a. Y a-t-il une scène sociale pour les sorciers noirs ? Ma bouche s'est entrouverte à mesure que j'énumère les questions, et je ne lui prête plus grande attention. Je suis complètement à la ramasse. J'ai un peu sniffé et beaucoup bu. Ai-je si peur que cela de me confronter à lui ? A sa force et aux portes qu'il pourrait m'ouvrir ? Un peu plus et je lui demanderais de me prendre par la main, de s'occuper de moi. Tout se déroule comme en vitesse accélérée, et j'ai pourtant l'impression de le voir peser ses mots, les réfléchir. C'est si lent et si beau. Un homme de sa trempe, qui pense, mesure ses paroles. Avec son air énervé et ses muscles saillants il n'a pas l'air d'être ce genre de garçon. Mais si. Je trouve ça très attirant. Il est si charismatique.
- « Je ne sais pas. Je suis venue parce-que... Tu me l'as demandé ». Hors de question que je le vouvoie. Je voulais être son égale, quitte à passer pour une insolente. Et puis il n'avait pas l'air d'être tellement plus âgé que moi. « Et puis, j'ai toujours été le genre de petite fille à suivre les inconnus qui me proposaient des bonbons. ». C'était vrai. Ça m'était arrivé, avant que je ne sois subitement rappelée à l'ordre par une voisine ou une amie à ma mère. J'avais échappé au pire plusieurs fois. Et je ne l'avais jamais réalisé jusqu'à présent. « J'avais envie de plus. De savoir. De puissance. Je m'ennuie dans la réalité. Et toi, tu m’intriguais. J'ai un faible pour les mauvais garçons ». Catégorie à laquelle il semblait appartenir. C'était quelque chose qui s'échappait de lui, tout comme j'avais l'ai d'être vénale et stupide. Lui avait l'air d'un mauvais garçon. Je suis sans doute superficielle.
J'ai écouté attentivement ce qu'il m'a dit ensuite. Il avait l'air de penser que je faisais cela pour m'amuser. J'avais raison. Il me voyait comme les autres. Je lui renvoyait une image qu'il recevait sans broncher. Je me suis sentie très triste et vexée soudainement. C'était sans doute l'alcool, et c'était sans doute stupide. Pourquoi aurais-je dut être comprise ? Il ne me connaissait pas. Il n'avait pas à lire en moi. Il n'avait pas à m'apprécier. Ce n'était qu'une invitation douteuse à le rejoindre à une adresse douteuse pour avoir une conversation douteuse. Peut-être que l'on baiserait de façon douteuse. Puis je me réveillerais, repenserais à cette soirée douteuse qui ne ferais pas exception, et l'oublierais. Comme toutes les autres. Ça m'a agacé. Il m'énervait tellement. Je n'avais rien à attendre de lui pourtant. J'ai toujours été d'une bêtise et d'une injustice sidérantes. Je me détestais tellement à cet instant précis. Alors j'ai répondu :
- « Je connais les risques que j'encours. Je les vis toutes les nuits. Et je me fiche de ce que ça apporteras. Ça n'a pas tellement d'importance tu sais. Que je sombre dans la folie, que je tue, que je meure. Plus rien ne compte. La vie est dégoûtante, alors ça ne changera rien que je me salisse un peu plus. Je veux juste m'amuser. Je veux juste que ça s'arrête. »
Est-ce que c'était ça ? Était-ce pour cela que je voulais devenir puissante ? Ça me semblait tellement stupide maintenant. Non. C'était pour tout autre chose. Mais quoi ? Je n'avais pas d'objectif précis. Ce sortilège d'envoûtement, c'était juste pour gravir une étape. Vers où ? J'avançais dans le noir, seulement agitée de ce désir, et de cette certitude. Il m'en fallait plus. N'était-ce ainsi que la magie noire qui me poussait à plus ? Était-ce une addiction ? Ça n'avait peut-être rien à voir avec moi en fin de compte. Peut-être que j'allais bien. Il m'a demandé mon âge, et j'ai murmuré, sans vraiment sourire :
- « Dix-sept ans. Mais je peux en avoir dix-huit si tu préfères. »
Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. C'était sans doute bête. Il était évident qu'il aurait put m'envisager comme une partenaire sexuelle viable, puisque j'étais sans doute l'une des plus belles filles qui lui ait été donné de voir. Et puis j'avais envie de lui. Mais ça ne voulait rien dire. Ce n'était pas significatif de quoi que ce soit. Nous n'étions pas dans cette dynamique, ou nous ne l'étions plus, et l'alcool commençais à trop me gagner pour que je puisse vraiment en profiter. Je n'aurais pas dut boire. La chaleur du feu ne me suffisait plus. Il parlait trop. Il voulait m'encadrer. Je ne sais pas pourquoi j’aurais dut dire oui. Je ne sais pas non plus pourquoi j'aurais dut dire non. Pourquoi voulait il de moi comme élève ? Je voulais partir, mais j'ai décidé de rester.
- « Excuse moi mais, on pourrait rentrer s'il te plaît ? Ton feu, aussi charmant soit-il, ne me tient pas si chaud que cela. » Loin de moi l'idée de remettre en question son talent, qui était indéniable. Mais je voulais autant voir l'intérieur de sa maison que je voulais m'asseoir dans un fauteuil confortable. J'avais l'impression d'être en famille. Ça ne m'était pas arrivée depuis si longtemps.