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Dancing in the ruins of our life {Abel}

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Dakota Halloran

Dakota Halloran

Hell fire in my veins



Date d'inscription : 27/08/2011
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MessageSujet: Dancing in the ruins of our life {Abel} Dancing in the ruins of our life {Abel} EmptyMar 30 Aoû - 8:04

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Il était plus de midi, je le sus dès que j’ouvris les volets et que j’aperçus le soleil. Ca me faisait toujours rire quand je me rendais compte de cette faculté à noter le moindre détail de mon environnement, comme si cela avait une quelconque importance, cela aurait pu en avoir si je m’étais trouvée en position de faiblesse ou bien en danger, mais ici, dans ma chambre, c’était sans intérêt et je prenais néanmoins le temps de le faire, malgré moi, engrangeant un tas d’informations plus ou moins utiles. Si l’été s’achevait, l’air était encore assez chaud et humide pour que je laisse la fenêtre ouverte avant de quitter ma chambre décorée comme celle que j’aurais voulu avoir lorsque j’étais adolescente. Il y avait ma guitare dans un coin, ma contrebasse dans un autre, un ordinateur trônait fièrement sur un bureau plein de bouquins. Les murs étaient recouverts de posters d’acteurs et de films que j’avais adorés et j’avais réservé un pan entier de mon mur pour les photos de famille. Sur la grande majorité de ces clichés, il n’y avait que mon frère et moi, ou mon frère seul, ma grand-mère et mon oncle Marshall ainsi que d’autres membres des Douglas et au fil des ans, j’avais ajouté les têtes de mes nouveaux amis, de ces membres de cette grande famille qu’était la meute. La décoration était d’inspiration 50s, résultat de plusieurs semaines de travaux qui avaient failli rendre mon frère complètement dingue à cause de mes exigences et de ma maniaquerie mais nous étions venus à bout de la moquette léopard et du reste. L’objet le plus important de ma chambre était un tourne disque sur lequel je n’avais de cesse de faire tourner de vieux tubes jusqu’à ce que je quitte la maison pour le travail ou des obligations quelconques. Ce fut d’ailleurs vers l’appareil que je m’arrêtai avant de sortir, mettant un disque de Little Richard avant de dévaler les escaliers, pieds nus et dans mon pyjama d’été, un magnifique ensemble short et débardeur Betty Boop qui faisait marrer mon frère mais pas autant que mon magnifique pyjama Bob l’éponge, j’avais l’air d’une grande gamine quand je le mettais et il me demandait souvent si j’osais les mettre quand je découchais. La réponse était simple mais je ne prenais jamais la peine de la lui donner, si je découchais ce n’était pas pour dormir et par conséquent, mes magnifiques ensembles ne m’étaient d’aucune utilité. Mais aux yeux de mon frère, j’étais une sorte d’être asexué, pur et étrangère à tout ce qui pouvait se rapporter aux plaisirs de la chair, du moins, moi j’aimais le voir comme ça, préférant ignorer ce qu’il faisait et avec qui. C’était notre seul sujet tabou : nos relations d’un soir ou sentimentales. Cela était dû à la complexité de nos rapports, n’y voyez rien d’incestueux, loin de là car l’amour que je porte à mon frère est tout à fait platonique bien qu’il soit terriblement fort. Seulement cela a toujours été le problème, on partage tellement et l’on s’aime tant que ça devient vite compliqué de s’immiscer entre nous, car dès que notre alchimie est mise en péril, l’un de nous ne peut s’empêcher de rétablir l’équilibre. Je n’affirmerais pas que j’aime cet état de fait, c’est bien souvent bien plus encombrant que bénéfique et je sais aussi qu’il ne pourra pas éternellement vivre seul mais je préfère repousser ça et me dire que ce n’est pas pour tout de suite.

Une fois dans la cuisine, je trouvai une pile de pancakes, du café frais et une tasse toute prête pour moi qui ne buvais que du chocolat chaud ou bien du thé. J’eus un sourire en coin tandis que je mettais mon lait à chauffer et que je m’installais sur ma chaise attitrée, remerciant le ciel de m’avoir donné un frère plus doué que moi en cuisine. Les premiers temps ne furent pas évidents, nous avions déjà vécu tous les deux mais pas complètement livrés à nous-mêmes et il fallut très vite trouver des solutions, si on nous « offrit » plus ou moins gracieusement notre lieu de vie, nous dûment investir dans pas mal de meubles et étant fauchés, nous n’eûmes d’autre choix que de chercher rapidement un travail. Il nous fallut près d’un an pour trouver un équilibre et parvenir à se répartir les tâches mais également pour s’habituer aux habitudes de vie de l’autre. Je finissais souvent tard au petit matin et passait la journée à dormir quand lui commençait quand je rentrais du boulot. Je préférais lorsqu’il faisait les nuits parce que nous pouvions passer du temps ensemble, plaisanter, papoter et parfois même fabriquer tout un tas de potions, juste au cas où. Ce fut d’ailleurs le programme de la journée, j’avais moi-même un rituel de prévu en fin d’après-midi et j’avais besoin de son aide pour quelques mises au point, l’occasion parfaite pour passer du temps tous les deux alors que ça faisait près d’une semaine qu’on ne faisait que se croiser. Cela aurait sans doute été plus judicieux de prendre des cours de cuisine que de passer mon après-midi à fabriquer des potions mais je n’avais pas encore pour projet de me marier à qui que ce soit et encore moins à un gros naze incapable de faire quoi que ce soit de ses dix doigts et je trouvais la magie bien plus excitante que le fait de mettre du sel dans de l’eau bouillante. J’engloutis mon petit-déjeuner en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je filai à la douche et fus parée une heure à peine après que mon pied ait touché le sol. Les cheveux encore mouillés, je descendis à la cave que nous avions aménagée et qui ressemblait presque à la bâtisse de notre oncle Marshall. Des animaux morts et quelques parties d’eux étaient pendus aux murs alors que des tas de flacons vides attendaient leur tour sur de vieilles étagères en bois, la lumière était sommaire et pour cette raison, nous avions mis quelques ampoules et aménagé un coin pour faire un feu sans risque de brûler les maison toute entière. Des plantes étaient soigneusement rangées sans que le moindre nom ne soit inscrit en-dessous, nous savions les reconnaître à l’aspect et à l’odeur. Mon frère était déjà en plein travail, les sourcils froncés par la concentration, la langue sortit dans l’effort alors qu’il versait quelque goutte dans une un petit bol de bois. Il finit par déposer le flacon à côté de lui, le reboucha avant de mélanger soigneusement. Ce fut ce moment que je choisis pour déposer mes lèvres sur sa joue, jetant un œil à ce qu’il faisait au passage.

« Envoûtement ? » demandai-je à cause du mélange de cannelle et de piment qui me montait au nez
« J’ai un rituel ce soir, communication avec les esprits en direct. » repris-je avec le sourire

C’était l’une des choses les plus compliquées que l’on pouvait me demander de faire, communiquer avec les ancêtres, me servir de leur force pour soigner un mal invisible. Mon frère savait parfaitement comment je rentrais après une pareille cérémonie, j’étais souvent épuisée et incapable de faire de la magie pendant plusieurs jours mais c’était pour quelqu’un de la meute et j’avais promis de tenter, de toute façon, il était impossible de pratiquer la magie sans donner un peu de sa personne. Et tout ce que j’avais entrepris chez cette personne n’avait rien changé, ni les inscriptions sur les pans de porte dans une langue connue que d’un nombre réduit de personnes, ni les plantes placées aux quatre coins de la maison et mes grigris n’avaient empêché Levy de picoler comme un trou. N’importe qui l’aurait envoyé chez un psy pour qu’il parle de la mort de ses deux gamins mais moi je connaissais une autre médecine et j’espérais qu’elle marcherait. Soit on déplaçait le mal en le redonnant à quelqu’un d’autre ou bien on décidait de l’absorber de lutter intérieurement contre mais on ne pouvait le faire seul et pour ça, j’avais besoin de la force des esprits et il n’y avait pas meilleur moyen d’obtenir leur aide que par un beau sacrifice.

« Du coup j’ai prévenu que je n’irai pas travailler ce soir. J’ai appelé Marshall, pour lui demander des conseils et il pense que ce serait mieux si tu me secondais, ce que j’en pense c’est que je peux le faire seule ! » tentai-je pour le rassurer

Je détestais l’idée de devoir être assistée de mon frère, même si j’appréciais le fait de partager ça avec lui, ma faiblesse qui brillait aux côtés de sa puissance me rendait complètement folle, j’aurais voulu pouvoir toucher du bout des doigts ce qu’il possédait, son don, sa force mais on m’en tenait fermement éloignée comme si cela allait me tuer. Alors de mon côté, je le tenais loin de ma magie, me contentant de tout faire pour le protéger et ne faisant appel à lui que si cela était nécessaire, comme ce soir, j’aurais dû lui demander mais j’étais trop fière pour accepter le fait que réaliser ce rituel pouvait me tuer alors qu’il aurait pu le faire les yeux fermés. C’était injuste, dans cette histoire, j’étais constamment la chose frêle et faible et ma condition de lycan n’avait rien arrangé, bien au contraire, je n’étais pas encore parvenue à faire entendre la sorcière que j’étais avec la bête. Parfois, j’aurais aimé que notre oncle nous ait suivis, les choses auraient sûrement été plus simples. Je sentais le regard d’Abel sur moi mais je ne levai pas les yeux, me contentant de préparer ce dont j’avais besoin et me mettant au travail. Ce genre de discussion ne pouvait finir que par une dispute et je ne voulais pas me battre avec lui.
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Abel Halloran

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MessageSujet: Re: Dancing in the ruins of our life {Abel} Dancing in the ruins of our life {Abel} EmptyMar 30 Aoû - 13:33

Désespéré, d’une main tremblante je fouille un à un les tiroirs de notre maison en quête d’un somnifère. Ce petit cachet blanc qui me promet un sommeil sans rêve quand Morphée me boude allégrement. Toujours il éconduit mes prières et m’inflige, si d’aventures je m’endors, l’inconfort de sanglants cauchemars. Ainsi, malgré moi, je revis cette nuit d’arcane où je désobéis à Marshall en usant de magie noire à mauvais escient pour suicider un lâche. Un pleutre malappris qui, par ce geste qu’il m’impose, m’arracha un morceau de mon âme. Quel homme, fondamentalement bon, pourrait vivre sainement avec ce souvenir ? Aussi justifié soit mon geste, il n’en reste pas moins monstrueux. Après tout, qui suis-je pour décider de vie ou de mort sur un être humain ? Je n’ai rien d’un Dieu ni d’un Roi de droit absolu. Je ne suis personne. Je ne suis rien. Rien de foncièrement bienveillant, rien de diablement malfaisant. Juste la proie d’une magie plus terrible et plus vigoureuse que moi. Une magie qui me volera, de jour en jour, le peu de conscience qu’il me reste. Dès lors, à mes nuits tourmentées, je lénifie mes traumas en gobant des narcotiques. Des narcotiques disparus de ma table de chevet et savamment caché par ma sœur. Qu’elle s’inquiète pour moi, je peux comprendre. La fatigue creuse sous mes paupières de cernes sombres. Mais qu’elle agisse dans mon dos, je ne le supporte pas. Je grimpai donc l’escalier en hâte, enjambant quatre à quatre ses marches grinçantes.

Si je m’arrêtai devant la porte de sa chambre, je n’ai pas trouvé le courage de la réveiller et j’interromps la course de mon poing rageur avant qu’il ne cogne le bois usé de la porte. Qu’aurais-je pu décemment lui dire ? Où sont mes cachets, j’en ai besoin pour dormir ? J’en ai besoin depuis ce soir où, pour te venger, je suis devenu un meurtrier. Que penserait-elle de moi ? Que je suis un monstre incapable de pardon, dénué de qualités, vidé de la grâce de son Dieu ? Impossible. Plutôt mourir que déchiffrer dédain et déception dans ses grands yeux. Je n’y survivrais pas. En dehors de Marshall, elle est ma seule famille. C’est elle qui, par sa grandeur d’âme, maintient ma raison en équilibre. Alors, mes bras retombent mollement le long de mon corps, je soupire et, puisqu’il me sera impossible de dormir, je redescends jusqu’à la cuisine où je chauffe aux micro-ondes un restant de café de la veille. Il est dégueulasse mais je m’en contenterai. D’ici peu, dans ce sanctuaire décoré à mon image, je serai bientôt trop concentré pour me soucier du temps qui s’égraine.

Au cœur de mon antre faiblement éclairé par une ampoule suspendue à un socle de plastique usé, j’apprends par cœur, à la lueur d’une bougie, une recette transcrite dans le vieux grimoire d’un Douglas flirtant lui-aussi avec la magie noire. S’il atteint mon niveau, je n’en saurai jamais rien. Toutefois, il me légua son savoir sans langue de bois, ne négligeant aucun détail quant à la culture des plantes interdites. Ainsi j’aménageai une serre adjacente à ma pièce de travail. J’y soigne avec amour et fascination Datura, Ninrooth et Solanacées toutes destinées à m’affranchir d’handicap certain. A l’une, je prévois une potion de force, à l’autre d’invisibilité et à la dernière, de vision nocturne. J’ignore quand et comment elles me seront utiles mais, très jeune, l’apprentissage de la magie s’est mué en véritable passion. Une passion insatiable que seule ma faim régule. En effet, mon estomac crie famine et, jetant un coup d’œil à l’écran digital d’un vieux réveil jeté négligemment sur ma table au milieu des mortiers et des alambics. Il est déjà huit heures du matin. Et je constate avec stupeur que cela fait déjà cinq heures qu’à demi-nu, je sue sous la chaleur du brasero séchant mes herbes matures. Peut-être devrais-je me préparer quelques pancakes et un bon café à déguster sur le perron à profiter de la lumière du jour avant de prendre une bonne douche. Sans doute. L’idée me parait bonne. J’en ai déjà l’eau à la bouche. Aussi j’éteins mon brasier, étouffe les flammes vacillantes des bougies et je rejoins la cuisine, aveuglé par les rayons du soleil inondant cette pièce si chaleureuse.

Derrière les fourneaux, j’ai toujours été un autre homme. Un homme sain et serein. Aux odeurs alléchantes, tantôt sucrées, tantôt épicées de mes préparations, je me revois ma grand-mère, aimante et affectueuse, souriant quand les bambins que nous étions trépignaient d’impatience à l’idée de goûter à ses petits plats. Et ma mémoire jongle entre mouvements et ingrédients. Je comble mon manque d’elle tandis qu’à cette perte douloureuse, mon deuil, sous l’influence d’un père tortionnaire, fût trop mal vécu. Je ne me lasse pas donc pas de cuisiner. J’y mets, comme elle, tout mon cœur, souvent pressé de revoir les yeux de ma sœur brillé de plaisir. Toutefois, ce matin-ci, je la devinai profondément assoupie après sa nuit de labeur. Je ne la réveillai donc pas, me contentant de dresser la table en son honneur. Sous sa serviette, je lui glissai un mot l’intimant de venir me saluer avant de partir. Précaution inutile, je sais. Jamais elle ne dérogerait à nos habitudes, à moins bien sûr, que sa meute l’appelle. Je déteste cette idée. Exclusif, je la voudrais toujours à mes côtés pour mieux la protéger. Sauf qu’elle n’était plus une petite fille. Je mets donc un point d’honneur de respecter au mieux ses devoirs et ses responsabilités. Seul, j’avalai trois énormes crêpes badigeonnées de miel de lavande. J’arrosai le tout de ma sacro-sainte boisson chaude et finalement repu, j’investis discrètement la salle d’eau. Une douche réparatrice détendit mes muscles endoloris par ma nuit blanche. Toutefois, je choisis de terminer mon œuvre en négligeant ma séance de sport quotidienne. Je ne m’en sentais pas la force. Je ne ressentais nullement la fatigue mais, je n’ai rien d’un surhomme. Bientôt, elle me rattrapera quand j’ai au cœur d’achever mon entreprise.

Concentré sur un mélange difficile à réaliser, j’ignorai la présence de Dakota jusqu’à ce qu’elle pose ses lèvres sur ma joue mal rasée. Par chance, mon précieux flacon reposait sur la table car, à l’attention je sursautai. « Tu m’as fait peur » avoué-je posément, mélangeant lentement un breuvage verdâtre à l’odeur nauséabonde. Elle en déduit qu’il s’agissait d’un envoûtement si bien que j’hésitai à lui révéler la vérité sur mes expériences. Je la considérai donc avec emphase, jaugeant de son humeur afin d’éviter ses incessantes morales sur mes activités et ma santé mentale. « Pour tout avouer, je ne suis pas certain qu’il s’agisse d’un envoûtement » D’un geste de la tête, je lui désignai le pupitre où repose un livre à la couverture de cuir élimée « Va voir. J’ai trouvé ce grimoire dans le grenier de Tita mais je n’avais jamais osé l’ouvrir. Je me suis décidé cette nuit puisque tu m’as privé de sommeil en subtilisant mes somnifères. » Si l’allusion frôle à peine la subtilité, elle a au moins le mérite d’être dénuée de mesquinerie. J’ajoutais même à mon sous-entendu un franc sourire. « Qu’est ce que tu en penses ? » l’ai-je ensuite interrogée en évitant le sujet fâcheux de ma colère nocturne et bien avant qu’elle me confie ses desseins pour la soirée : un sombre rituel de magie noire où elle perdra volontiers des plumes pour honorer une promesse. Dieu que son insouciance m’exaspère parfois. Dès lors, à ses sombres projets, j’arque un sourcil réprobateur et je lui prête un mensonge éhonté. Un après-midi d’été chaud et humide – monnaie courante en Louisiane – Marshall m’a clairement confié la lourde tâche de tenir éloigner ma sœur de mon art. Malheureusement, elle s’en approche de plus en plus. De sacrifices en sacrifices, elle transforme le vaudou en magie débonnaire quitte à s’en brûler les ailes. Pour peu, elle me blesserait de prétendre avec assurance, que Marshall conseille plus qu’il n’ordonne ma présence à son invocation.

« Oui. Une invocation tu veux dire ? Laisse-moi deviner. Tu veux aider Levy à se débarrasser de ses démons. Un transfert d’une âme à une autre je me trompe ? » Question rhétorique. J’en étais convaincu pour l’avoir entendue en discuter avec sa diablement sexy de meilleure amie. « Et tu essaies de me faire croire que Marshall a juste demandé que je te seconde ? » Le savoir est amusant. Le répéter est hilarant. Aussi, je suis victime d’un fou-rire que je réprime difficilement tandis que je tente précautionneusement de déverser ma décoction dans le flacon précédemment rempli.

« Pardonne-moi. Je ne me moque pas de toi. Je trouve juste que tu ne débordes pas d’imagination, c’est tout. » expliqué-je plus calme. Machinalement, je m’assois sur la vieille chaise de bois moisi en secouant la fiole fermement coincée entre mon pouce et mon index. Et, mes yeux caramels précédemment rivé sur la couleur que prend ma potion – j’étais plutôt fier de moi – se posent sur sa moue boudeuse. Je réponds pourtant à l’impatiente d’une voix claire, débordante d’affection. « L’oncle Marshall nous a toujours clairement expliqué que notre force réside dans notre complémentarité. Tu lances des sorts de protection et je fais le sale boulot. Point barre. Si tu te foires sur ce coup-là, si tu es trop faible ou tracassée, c’est à toi que s’accrochera ce démon, pas à l’âme que tu voleras. Tu peux leurrer la meute en sur-jouant ta force mais avec moi ça ne prends pas Dakota. On sait très bien tous les deux qu’en ce moment, tu es loin d’être aussi bien dans ta tête que tu le prétends. Je téléphonerai à l’hôpital d’ici une bonne heure, tu vas me rendre mes cachets, j’irai dormir un peu et ce soir, j’en serai. Tu sais donc ce qu’il te reste à faire Dee. Va voir Elijah et informe-le de ma présence ! Et ce n'est pas négociable. » ordonné-je autoritaire. D’aucune façon je n’étais lié à la meute. Je n’étais pas leur sorcier. Mais quand bien même me faudrait-il affronter tous les lycans de la terre, jamais je ne laisserais la prunelle de mes yeux fourvoyé son âme pour un combat qui n’est pas le sien. «C’est ça ou ton ami finira saoul dans une ruelle plus souvent qu’à son tour.»
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Dakota Halloran

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MessageSujet: Re: Dancing in the ruins of our life {Abel} Dancing in the ruins of our life {Abel} EmptyMer 31 Aoû - 21:06







Même si la médecine avait fait ses preuves depuis des décennies voire même plusieurs siècles, elle ne m’en laissait pas moins perplexe. Je n’avais jamais compris comment le fait de s’aseptiser pouvait aider à être moins déprimé ou bien à connaître les joies d’un véritable sommeil. Tout ça n’était que de la poudre aux yeux, du factice qui permettait de maintenir les illusions de l’homme moderne et de le réconforter. Mais ces cachets ne soignaient pas le mal en profondeur, ils ne faisaient que calmer les manifestations de ces problèmes internes. Mieux que personne, je savais que nous avions tendance à somatiser, vieux restes du 19ème siècle et des découvertes de Freud sur l’hystérie. La psychologie était une science que je trouvais bien plus obscure encore que la magie et qui, pourtant, me fascinait réellement. Je dévorais certains ouvrages en quelques heures, m’intéressant à tout et me disant que ça ne pouvait qu’améliorer ma compréhension de l’être humain et sans doute renforcer ma magie. Toutes les connaissances étaient bonnes à prendre à mes yeux, autant d’un point de vue de sorcière que d’être humain pieux et désireux d’aider son prochain. Mais il existait différentes manières, toutes contradictoires de comprendre ces problèmes : la possession démoniaque pour les croyants les plus fervents, le trouble psychologique lié à un traumatisme dans l’enfance pour les psychanalystes ou bien considérer que tout n’était que mensonge et la conséquence d’un monde qui allait mal quand on faisait partie du commun des mortels. A mes yeux, c’était un mélange de tout ça et il me suffisait de poser les yeux sur mon frère pour en avoir confirmation. J’aurais voulu l’aider, d’ailleurs, je ne manquais jamais de le faire, mettant de la camomille dans tout ce qu’il ingérait, tentant des rituels pour qu’il trouve la paix intérieure et enfin le sommeil quand je ne priais pas avec ferveur pour qu’on le débarrasse de ce poids sur ses épaules. Mais rien n’y faisait, le mal qui le dévorait semblait plus fort que tout et surtout plus fort que moi. Petit à petit, il laissait sa magie le contrôler entièrement, le consumer, comme la bête en mon sein aurait pu le faire si je n’avais pas été capable de prendre les rênes et de combattre certains de mes instincts les plus primaires et ce pour continuer à vivre presque normalement. Si mes ruses n’avaient pas rencontrées un réel succès, je n’avais pas baissé les bras : je pris le taureau par les cornes en allant directement fouiller dans les affaires de mon frère, subtilisant son flacon de somnifères que je mis en lieu sûr, certaine que je l’aidais, n’ayant pas conscience qu’au contraire, je précipitais sa chute qui était déjà programmée depuis une éternité. J’étais parfois si naïve que je m’en serais frappée la tête contre le mur mais c’était souvent ma manière d’affronter l’adversité, comme si le simple fait d’espérer que tout se règlerait d’un claquement de doigts pouvait changer une réalité quelconque. C’était stupide et principalement quand cela concernait mon frère et ses problèmes découlant directement de son usage de la magie noire et de Dieu seul savait quoi. S’il avait fallu que je lui chante des berceuses pour qu’il ferme les yeux pendant huit heures d’affilé, je l’aurais fait mais je n’étais même pas certaine que ma présence le réconfortait encore quand il cherchait à conquérir Morphée et le convaincre de lui offrir un peu de répit. Combien de temps vivrait-il à ce rythme effréné ? Si j’étais une louve relativement puissante même si mes pouvoirs de sorcière étaient réduits, lui, n’était qu’un humain et je craignais que ce mode de vie ne l’abîme trop jusqu’à ce que la grande faucheuse ne me l’enlève, jugeant que la torture avait assez durée comme ça.

Non, je refusais de m’y résoudre et j’avais en tête un projet qui me demanderais beaucoup d’ingrédients et une étude approfondie du vaudou. Au fond, aider Levy n’était pas un acte de charité que n’importe quel bon chrétien se devait de réaliser pour son salut, il ne s’agissait pas d’une proposition désintéressée, ce n’était que les prémisses de ce que j’envisageais pour la suite. Un coup d’essai, une répétition avant le grand bal. Ce que je voulais étais simple, que mon frère aille mieux et pour se faire, j’étais prête à tout et principalement à mettre ma vie en jeu. Outre ses problèmes de sommeil, je savais pertinemment qu’autre chose se cachait derrière ça et je voulais le faire disparaître pour tenter de retrouver le jeune homme qu’il était avant. Je voulais absorber sa douleur et sa peine et toutes ces choses qui le consumaient à petit feu pour qu’il goutte enfin au bonheur. C’était excessif et complètement fou mais je n’avais que peu de limites quand mon grand frère entrait dans l’équation. Certes, ça me plongerait toute entière dans la magie noire et j’ignorais ce qu’il adviendrait de moi lorsque j’aurais piétiné toutes les interdictions possibles et imaginables ainsi que les avertissements de mon oncle. Ce n’était pas une question de force à mes yeux, je pensais l’avoir, confondant probablement puissance et détermination mais qui s’en souciait ? Marshall nous avait dit un jour que nous étions un binôme inséparable, complémentaire et que l’un renverserait toujours le pouvoir de l’autre, c’était le moment de vérifier cette théorie. Mais peut-être qu’au fond, ce que je désirais vraiment c’était posséder un peu de ce pouvoir qu’il gardait jalousement pour lui, en me tenant loin de ses grimoires poussiéreux et de cette magie que j’aurais voulu manipuler comme je le faisais avec ces rituels de protection et curatifs. Selon moi, j’étais suffisamment puissante pour réaliser un rituel pareil, ce que je risquais était plus abstrait que le simple fait d’exister. Ce n’était pas tant ma vie qui était en jeu que mon âme si je me mettais à tremper dans la magie la plus noire qui soit et si, pour mon frère, je pouvais tout donner sans concession, cependant, je n’étais pas certaine d’être capable de faire le mal de mon plein gré. Bien sûr, il y avait plusieurs paliers sur l’échelle du mal mais j’ignorais quel effet aurait la mort de quelqu’un sur moi et ma conscience. Si moi aussi, je rêvais de pouvoir faire de quelqu’un ma marionnette, de le ou la soumettre à ma volonté, je me savais bien trop bonne pour en venir aux faits et ce même s’il m’arrivait souvent de rêver de tout lâcher, d’arrêter de me la jouer mère Theresa pour les laisser se démerder avec leurs histoires. Il suffisait alors que je me retrouve nez à nez avec une personne dans le besoin pour que cette petite rébellion interne cesse et que je tende de nouveau la main. Regarder quelqu’un mourir ou souffrir était au-dessus de mes forces, j’ignorais si c’était la conséquence directe de ma foi inébranlable pour bien dans ma nature mais il était clair que ce qui me manquait le plus pour pratiquer la magie noire, c’était le mental d’acier. Autrement dit, quelque chose de foncièrement compliqué pour une jeune femme comme moi qui ressemblait à une boule de compassion et de bonté et ce en dépit de toutes les épreuves que j’avais enduré. Souvent, j’aurais voulu que ce soit différent mais le sort en avait décidé ainsi et il n’y avait rien qui me procurait plus de satisfaction et de paix que le fait d’aider les autres. A force, je finissais par m’en oublier moi-même mais l’important n’était pas là, j’en étais certaine. Néanmoins, tout était possible quand il était question de la protection de mon frère. Si j’aimais les gens et leur venir en aide, mon frère passait avant tout le reste et même si j’avais honte de l’admettre, il passait également avant la meute. Ainsi, j’étais prête à tout perdre, y compris mon bon sens, pour que cela lui permettre de repartir du bon pied, de commencer une nouvelle vie où il pourrait prétendre à un peu de bonheur. Pour moi, c’était de la même trempe que ces sacrifices dont on parle dans la Bible, c’était faire passer sa vie et soi, au second plan.

S’il avait eu vent de mes projets, d’une manière ou d’une autre, j’aurais eu le droit à un savon en bonne et due forme mais le fait était que s’il savait cultiver son jardin secret, j’excellais dans l’art de tout raconter en gardant le plus important pour moi. De cette manière, il ne se sentait pas lésé, quant à moi, je m’épargnais des leçons de morale que j’estimais être trop vieille pour entendre. Même si j’avais souvent l’air d’une enfant naïve et le cœur sur la main, je n’en étais plus une et j’aurais voulu qu’il le réalise. C’était une des raisons pour lesquelles je n’avais pas osé lui décrire mon lieu de travail, il n’aurait probablement pas compris. Mais peu importait à présent, je voulais seulement profiter du moment présent et de cette opportunité de passer du temps en sa compagnie. Je ne pus réprimer un éclat de rire quand je le sentis sursauter et qu’il m’avoua avoir eu peur. Ca avait toujours été mon jeu préféré, lui faire peur, que ce soit en sortant de derrière un mur sans qu’il ne s’y attende et en hurlant de préférence ou bien en feignant de m’être blessée pour gagner une course, les blagues c’était mon truc et si je savais que la grande majorité d’entre elles ne faisaient rire que moi, j’étais incapable de m’en empêcher. J’allais poser davantage de question sur le contenu de son bol mais il me renvoya directement vers un gros grimoire qui m’intrigua à sa simple vue, je me dirigeai donc vers lui, sentant toutes les ondes négatives qui en émanaient et me sentant incapable de l’approcher à moins d’un mètre, sans doute de peur que mes mains finissent en cendres. Je reniflai avec dépit avant de me tourner de nouveau vers mon aîné, tentant de faire comme si tout était parfaitement normal.

« Ce que je pense c’est que tu devrais arrêter les somnifères et me laisser te préparer des potions pour le sommeil et aussi que cette petite barbe de quelques jours te donne un petit air plus mature, un coup à tromper tout le monde, tu devrais t’en débarrasser. » lancé-je avant de ricaner

Je pouvais être sérieuse, je n’en avais tout bonnement pas envie, ou peut-être que je ne voulais pas parler de ce que je venais de ressentir à proximité de ce grimoire et de ce qu’il devait sûrement contenir. Je n’avais fait qu’entrevoir le pouvoir incroyablement maléfique de ce vieux bouquin et si je ne m’étais pas contenue, j’en aurais sûrement vomi.

« Tu devrais éviter d’essayer les potions et les rituels de ce livre Abel. » repris-je avec un sérieux oppressant cette fois « Ca respire le mal et je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit ! Si je peux te protéger de beaucoup de choses, je ne suis pas sûre de pouvoir le faire contre ce qui sortira de ces sorts répertoriés dans ce livre ! »

J’aurais probablement mieux fait de me taire concernant le programme de ma soirée mais je savais que mon oncle s’empresserait de téléphoner à mon frère et que ce serait probablement pire s’il l’apprenait de cette façon mais une fois de plus, je parvins à garder l’essentiel pour moi mais c’en fut déjà trop pour mon aîné qui tourna en dérision mon choix et eut l’air de prendre pour de la prétention le fait de vouloir aider quelqu’un de la meute en utilisant des sorts puissants et à ses yeux, hors de ma portée. Mes yeux ne furent plus que deux fentes sous le coup de la colère et je me mordis l’intérieur de la joue, me répétant toujours la même phrase rassurante pour ne pas que ma partie lupine prenne le dessus. Une fois que ce problème fut réglé, je pus laisser libre cours à ma colère, comme souvent, elle était sourde, froide, s’abattant comme un couperet sur la pièce dans laquelle je me trouvais et les gens présents.

« Contrairement à ce que tu te bornes à croire, je ne suis pas une chose frêle et innocente, pas plus que tu n’es le plus puissant de nous deux. Manipuler la magie noire ne te donne aucun ascendant sur moi et encore moins le droit de décider ce que j’ai le droit ou pas de pratiquer. Ne te méprends pas Halloran, tu es peut-être l’aîné de la famille mais je ne dépends ni de toi, ni de tes décisions ! J’ai non seulement un libre arbitre mais également un cerveau dont je me sers plutôt bien ! » dis-je calmement mais très froidement

Je détestais qu’on me rit au nez, c’était un coup à se recevoir une gifle dans le meilleur des cas ou tout simplement à déclencher ma fureur que je laissais éclater de la pire des manières. Mais parce qu’il s’agissait de mon frère, je tentais de prendre sur moi-même si dans ces moments-là, tout ce que j’avais contre lui m’échappait sans que je ne puisse m’empêcher de les balancer avec une pincée de méchanceté et beaucoup de vérité.

« Tes ordres, tu les donnes à qui tu veux mais pas à moi, est-ce que je suis assez claire ? J’ai décidé en quittant la Louisiane que je serai la seule à gérer ma vie et qu’aucun homme n’aurait le droit de me dicter ma vie et tu ne fais pas exception ! Tu ferais mieux de gérer tes propres problèmes avant de te mêler des miens et commence par ton addiction à ce qu’il y a de plus mauvais ici-bas, ce serait un bon début ! » ajouté-je en lâchant tout ce que j’avais pris sur l’établi pour tourner les talons et tenter de rejoindre le rez-de- chaussée

Il était hors de question que je reste dans la même pièce que lui et encore moins dans son périmètre, j’avais besoin de me vider l’esprit et je comptais filer directement chez l’un de mes amis pour penser à autre chose.
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Abel Halloran

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MessageSujet: Re: Dancing in the ruins of our life {Abel} Dancing in the ruins of our life {Abel} EmptyVen 2 Sep - 10:43

Différents et semblables à la fois, nous partageons, ma sœur et moi, de nombreux points communs. Tout deux curieux, nous nous intéressons à tout. Tout ce qui, de près ou de loin, peut nous permettre d’avancer. Je devine donc avec pertinence sa motivation à subtiliser mes calmants : Elle n’y croit pas et comprend difficilement qu’ils sont nécessaires à ma santé mentale. Sans eux, j’erre davantage que je ne vis. Une ombre qui rôde autour de son quotidien. Un fantôme longeant les murs épais de ses habitudes. La fatigue est alors un frein grippé. Et quoi de moins étonnant ? Aucun homme, magicien ou non, ne peut survivre à l’insomnie sur le long terme. Aucun, même le plus fanfaron, ne peut prétendre s’accommoder de quelques heures de repos avec sérénité. Existe-t-il seulement, ce bienheureux à envier ? Car moi, à mes abondantes veilles, je deviens irritable et nerveux. Nerveux et impatient. Impatient et irascible. Mon entourage en fait bien sûr les frais et je le malmène sans scrupule, refusant d’entendre Marshall au téléphone ou repoussant vivement les bons conseils de ma sœur. Pourtant, elle ne manque pas de sagesse. Souvent, sa bonté l’éclaire et son dévouement la guide. J’aurais aimé, c’est vrai, marcher sur ses traces. Au contraire, il est juste désappointant d’avoir à l’éloigner des miennes, trop fourbes et trop perfides pour elle, simplement décevant d’être l’antipode de ceux qu’on aime et terriblement chagrinant de principalement s’y reconnaître dans leurs mauvais côtés comme, par exemple, la détermination de ma sœur. Elle n’a d’égale que mon obstination. Aussi, à ces conversations trop sérieuses comme ses intentions et mes manipulations, à peine ouvre-t-elle la bouche que je suis déjà sur la défensive. Je crois même l’avoir été bien avant qu’elle n’entre dans la pièce.

Cet ouvrage, sagement posé sur un haut promontoire de bois, respire la damnation si bien qu’en soulevant la couverture de cuir noir, j'ai immédiatement su qu’il avait happé mon âme. Des heures durant, je demeurai pensif devant ce grimoire. Mais très vite, il a nourri mon âme d’une curiosité malsaine, d’une hâte innommable et d’une impatience soudaine. Dois-je réellement être honteux de vouloir accéder à l’ultime connaissance de mes ancêtres ? Après tout, la soif d’apprendre et de savoir, n’est-ce pas elle qui nous mène au plus haut et au plus loin de ce que nous sommes en récoltant des honneurs ? Toutefois, dans le cas présent, le hic réside justement dans l’enseignement. Il n’est pas sain. Pas recommandé ni même recommandable. C’est précisément ce qui rend mon absence de vertu si libidineuse. Il n’est rien de pur à se presser de découvrir comment altérer une âme corrompue. Il n’est rien de chaste à céder aux tentations de la magie noire et rien de prude à découdre avec mes faiblesses qui prennent finalement le dessus sur ma toute relative faculté à distinguer le bien du mal. Non, il n’est rien d’honorable à désobéir à Marshall ou à ma sœur qui croient tout deux en mon intégrité.

Si j’en suis conscient ? J’en doute. Je suis la proie du bouquin, sous le joug de son autorité si bien qu’au cœur de ses feuillets j’égarai mon sens critique. Sens critique dont profite allégrement ma sœur. Elle peine d’ailleurs à s’approcher de mon ustensile de travail et le hume telle ce loup qui sommeille en elle. Si je l’ai bien entendue ? Bien sûr. Mais qu’est ce que j’aurais bien pu répondre de logique ? « Oui, tu as raison, je vais le refermer et le brûler. Même que je vais arrêter là ma préparation. Ce n’est pas bon. » Devant ses grands yeux inquiets, j’aurais pu. J’aurais dû d’ailleurs. Je l’aurais probablement rassurée. Néanmoins, tiré lâchement de mon sursaut raisonnable par le débordement de mon vieux chaudron métallique, j’en suis incapable. Incapable de lui promettre que jamais je n’effeuillerai ce recueil. A croire que sa maléfique force se ligue ardemment contre toute bonne foi. Surtout la mienne.

« Tu trouves ? » demandé-je en passant consécutivement ma main libre de mes joues à mon menton. « Je trouve que ça me va plutôt bien ce côté malfrat. » Son regard en dit long sur mon physique et mes lèvres se fendent dans un sourire sincère. « Ok. Je me raserai tout à l’heure... Je suis déçu. Je pensais que tu apprécierais ce petit côté ermite. A ma décharge, je tiens quand même à te préciser que je n’ai pas dormi de la nuit et que j’adorerais récupérer ce que tu m’as volé. Tu sais très bien que tes potions ne fonctionnent pas sur moi parce que tu ne résouds pas à les faire plus forte. Je veux bien tout ce que tu veux mais, j’ai besoin de dormir un peu quand même. Tu me les fileras tout à l’heure ? » la sollicité-je gentiment, négligeant ses avertissements, aussi justifiés soient-ils, sur mes activités inconvenantes à la bienséance.

Sans ambages, je les ignorai. En effet, ils ne m’intéressent pas plus qu’ils ne me préoccupent. Si seulement elle pouvait réaliser comme je suis blasé de continuellement me battre contre mes propres armes. Si seulement elle savait qu’à ma rencontre avec Andreas, mon collègue de la morgue, j’appris que la mort me cerne chaque jour. Peut-être se montrerait-elle moins dure et moins exigeante. Peut-être même comprendrait-elle mieux les raisons pour lesquelles je l’empêche d’effleurer, même du bout des doigts, mes chroniques journalières. Ainsi, épuisé et éreinté, à ses révélations, je ne me montre pas sous mon meilleur jour, flirtant tour à tour entre autorité et dérision. Sans doute a-t-elle cru que je me moquais d’elle. Il n’en était rien. Je suis simplement fatigué, lessivé, rincé et par-dessus-tout, je souffre d’une tangible scission entre mon esprit et mon corps. Le second n’est plus l’hôte bienveillant du premier et, à mesure que la nuit s’est écoulée, je me sentis plus que jamais tirer vers le néant. Je ne m’appartiens plus. Je suis à cette préparation que je réalise de main de maître durant une transe certainement inspirée par le volume posé sur ce pupitre de cuisine. « Referme-le » me crie avec discernement la voix de l’entendement. Elle n’a plus de poids que celle de Dakota que je bride sans ménagement. Mon discours est à l’image de ma force : Tranquille. Comme une mer jusqu’à la trop calme que le vent agite. Ainsi, a son acte respectable, j’impose ma présence, mes mains et mon savoir. J’exige qu’elle avise son chef de meute que Levy ne s’en sortira pas sans moi. Car il n’est pas question que Dakota soit mêlée, de près ou de loin, à la magie noire et à ses sacrifices. Il n’est pas envisageable qu’elle trempe ses plumes dans l’encre noire de ma sorcellerie. Elle la tâcherait à jamais.

« Je sais tout ça. Je sais que tu n’es pas une idiote trop sûre d’elle. Tout comme je n’ai jamais voulu dire que je suis plus puissant que toi » répliqué-je d’un ton monocorde tandis que son calme apparent n’est qu’un leurre. « Je dis juste que si tu n’es pas certaine de pouvoir me protéger de ce bouquin, moi, je serai bien incapable de te tirer vers le haut si les démons de Levy estiment que tu feras un meilleur réceptacle que l’animal que tu sacrifieras.» conclu-je en déposant ma fiole sur mon établi. « Qu’est ce que ça pourrait bien t'apporter de plus ? Ce n’est pas moi qui me méprend Dee, c’est toi qui part toujours à la chasse de puissance .Ca ne te suffit pas d’être un lycan, il faut aussi que tu t’acoquines à la mauvaise sorcellerie. Mais qu’est ce que tu crois ? Que tu vas pouvoir continuer à me protéger si tu souffres des mêmes maux que moi ? Pourquoi est-ce que tu t’obstines à vouloir défaire l’équilibre qui existe entre nous ? » Je me confrontais à sa colère. Une colère glaciale et dérangeante. Une colère habillant sa voix d’une méchanceté contrôlée qui laisse échapper ces vérités plus difficiles à dire qu’à entendre. Mais pour qui se prend-elle ? Non seulement, elle interprète mes propos sans aucune parcimonie mais en plus, elle se permet de juger mes écarts avec un mépris palpable. Je dus prendre sur moi pour réprimer l’irrésistible envie de l’écrouer d’un sort au silence, qu’elle m’écoute sans broncher et sans protester. « Oh, ça te va bien de dire ça. Quand il a fallu que je te suive jusqu’ici, à aucun moment tu ne t’es demandé si ce n’est pas toi qui dirigeais ma vie ? Celle que je me suis construite en Louisiane et que j’ai balayée pour te suivre. Tu te souviens ? Mon boulot ? Ma copine ? Mais ça, évidemment, ça te dépassait complètement à l’époque. Et maintenant, tu oses me reprocher de vouloir garder un œil sur toi quand c’est, encore une fois, MA vie que tu veux jouer sur un coup de poker ce soir ? Parce que, je te ferai remarquer que c’est moi qui me calque sur ta vie. Mais tu ne le vois pas parce que tu es persuadée que tout ce que tu fais, tu le fais pour mon bien. Alors, je vais te dire une chose, si tu veux vraiment m’aider, tu commences par me rendre mes cachets et ensuite, si tu veux vraiment être aussi dévouée que tu crois l’être, demande-toi qui a le plus à perdre ce soir si tu te ramasses. Parce que je te jure que ce n’est pas toi mais bien moi et que je m’en fous éperdument de ce que tu fais de tes soirées. Ce que je veux, c’est rester un minimum humain et malheureusement, ça doit passer par toi qui est trop tournée vers les autres pour te rendre compte que c’est moi que tu sacrifies pour ta meute. » tempêté-je comme fou, les pupilles dilatées et les mains tremblantes. Je n’avais plus rien du frère qu’elle connaissait. Je la fustigeais de reproches tantôt criantes de vérités, tantôt insultante d’excessivité.

Tandis qu’elle tournait les talons pour me fuir, je m’avachis sur ma chaise totalement vaincu J’aimais ma sœur et si je lui cache bon nombres de secrets, c’est toujours pour son bien. Aujourd’hui, j’ai failli. Je regrettai donc déjà mes critiques infondées. Seul l’amour guida mes pas. Dommage ! je l’ai déçue, blessée, peut-être même humiliée et je ne sais que dire pour rattraper mes propos. Peut-être n’ai-je simplement pas envie de me racheter. Peut-être ai-je besoin de distance, de solitude et de temps pour réfléchir sans l’influence de cette force démoniaque qui m’habite. En attendant, si elle s'absente, je téléphonerai à notre oncle. Je lui confierai les tenants et aboutissants de cette discussion et, mieux reposé, je reconsidérerai les besoins d'indépendance de ma soeur, soupesant le contre, évaluant le pour et priant de toute mon âme que quelqu'un la sauve.
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Dakota Halloran

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MessageSujet: Re: Dancing in the ruins of our life {Abel} Dancing in the ruins of our life {Abel} EmptySam 3 Sep - 8:46







Si autrefois sa position d’aîné lui donnait une légitimité et un impact plus grand sur moi et mes décisions, cette époque était désormais révolue. Non pas parce qu’il avait dégringolé dans mon estime mais plus parce que je n’avais plus grand-chose à voir avec la gamine frêle et dominée que j’étais, il y a de cela bien longtemps. J’avais non seulement pris du poil de la bête mais gagné en indépendance et en force de caractère, je n’avais plus besoin de lui et de ses gros bras pour défendre mes intérêts, je le faisais à la force de mes mots ou de mes poings si cela devenait nécessaire. Je ne devais pas ce changement drastique à ma petite personne mais à la transformation que j’avais subie, au fait que j’étais désormais un animal sauvage et que, malgré moi, j’en avais également adopté les comportements les plus basiques. Cela aurait sans doute pu être gênant si cela ne s’était pas imposé comme une évidence. J’avais furieusement besoin de ce changement, de cet événement violent dans ma vie pour me faire ouvrir les yeux et réaliser que la route sur laquelle je me trouvais n’était pas la bonne et ne le serait probablement jamais. Bien sûr, j’écoutais toujours mon frère avec intérêt et respect mais je restais maître de ce que j’entreprenais, qu’il soit d’accord ou pas, je craignais néanmoins son jugement et je gardais beaucoup de choses pour moi, n’étant pas certaine qu’il comprendrait tel ou tel agissement. La vérité, c’était que depuis qu’il trempait dans la magie noire tout entier, nous nous étions inévitablement éloignés l’un de l’autre, non pas géographiquement parlant mais spirituellement. Il y avait des fois où nous ne nous comprenions plus et où l’amour que l’on se portait n’était plus suffisant pour combler le fossé et j’avais beau me dire qu’il ne s’agissait que d’une illusion, d’un tour de mon esprit ou bien d’un esprit maléfique déterminé à briser notre famille, il faisait toujours quelque chose pour discréditer les justifications que j’essayais de construire pour me rassurer. Je l’aimais toujours autant, prête comme par le passé à sacrifier ma vie pour la sienne mais il y avait des fois où j’avais l’impression de faire face à un parfait étranger et non plus au jeune homme qui avait partagé ma quotidien, mes peines et qui partageaient les siennes sans détour. Il me cachait trop de choses, il agissait comme s’il était l’adulte et moi l’enfant, ayant le droit absolu de manipuler le feu alors que je devais me contenter de le regarder faire et d’éventuellement préparer tous ses instruments comme un commis de cuisine. Je ne voulais pas être un autre accessoire dans sa panoplie, j’aurais aimé être son équipière et au lieu de ça, j’étais reléguée au rang de la petite chose fragile à protéger et à épargner. Cette chose qui est incapable de frôler le mal sans finir en poussière. C’était grandement me sous-estimer, moi et ma nouvelle nature, c’était me voir comme j’étais des années plus tôt et ça, je ne l’acceptais plus. Bien sûr, le plus souvent, je me contentais de garder ce ressentiment pour moi, ne faisant aucun commentaire sur ce que mon frère affirmait en me regardant dans les yeux, tout simplement parce que le conflit ne m’intéressait pas quand il était mon adversaire, seulement voilà, comme tout à chacun, j’avais mes limites et il venait de les dépasser allègrement. J’étais souvent trop gentille, sans doute dans l’optique de donner plus, d’aider davantage mais il valait mieux éviter de me pousser à bout, parce qu’alors, les conséquences étaient souvent terribles.

Les colères sanguines et pleines de hurlements, je les gardais pour les étrangers, ces inconnus qui me marchaient sur les pieds sans réaliser dans quelle panade ils se mettaient avant de recevoir mon poing en pleine poire et de s’écrouler non loin du bar. C’était l’excitation du moment, une colère bien plus proche de l’adrénaline que de la haine, du ressentiment et de l’incompréhension. C’était une impulsion, presque un réflexe et on ressortait de l’altercation avec un sourire aux lèvres, presque fier d’en être venu à la violence, seul moyen de laisser échapper tout ce que l’on avait sur le cœur, que ce soit entièrement dirigé vers son assaillant ou pas. Mais pour les gens proches de moi, ceux qui me connaissaient trop bien pour se laisser berner par des noms d’oiseaux et le fait de bomber le torse, j’avais une toute autre façon de montrer mon mécontentement et ma colère pure et simple. Je restais stoïque, paisible mais mes mots étaient comme des lames aiguisées et venaient entailler mon opposant du moment, petit à petit, jusqu’à ce qu’il ait perdu assez de sang pour s’effondrer. J’ignorais si j’avais toujours eu ça en moi ou bien si ce drôle d’amour pour la méchanceté me fut donné avec ma nouvelle nature, néanmoins, j’en tirais un plaisir presque jouissif qui finissait par muter en culpabilité pure et dure. Je n’aimais pas agir de la sorte, sans doute parce qu’au fond, je n’avais rien d’une garde, il y avait seulement des choses que je supportais et d’autres moins. J’excellais relativement bien dans l’art d’humilier et d’appuyer dans les plaies béantes de celui ou celle qui se trouvait face à moi, je savais où frapper, quand et comment et c’était ce qui me rendait aussi redoutable quand j’étais la victime de mes sentiments. Dans ces moments-là, je ne risquais jamais de me transformer, j’étais plus humaine que je ne l’avais jamais été, dans tout ce que l’être humain a de plus détestable et répugnant. En cela j’étais bien différente de ce que j’avais été, je ne gardais plus tout pour moi de manière définitive, j’extériorisais à un moment donné et mes accusations et reproches tombaient comme un couperet. Réserve et parcimonie ne faisaient plus parties de mon vocabulaire. Alors, je n’avais plus de patrie, ne faisant plus de distinction entre famille et amis, frère ou meilleure amie, tout ce que je voulais c’était faire mal, les voir souffrir et donner le coup de grâce. Je devenais une abomination et c’était littéralement jubilatoire. Alors oui, je pouvais affirmer que la magie noire ne me ferait rien de plus que ces moments de pure folie, parce que rien n’était suffisamment fort pour me détourner, sur le long terme, de la raison pour laquelle j’étais encore vivante : aider les autres et y consacrer mon existence. Rien ne pouvait entacher mon âme, j’en étais convaincue mais mes certitudes ne pesaient pas grand-chose à côté de l’obstination de mon frère. Il était trop têtu pour envisager que je puisse avoir raison un minimum.

« Mes potions fonctionneraient si tu ne te bornais pas à te convaincre qu’elles sont inutiles. Et il y a encore des tas de choses qu’on n’a pas essayé, plutôt que de reprendre tes cachets, je propose qu’on essaie ces autres possibilités, non ? »

Il y avait des séances de relaxation à pratiquer dehors, des bains de boue, des onguents aux plantes à appliquer sur des zones particulières du corps et j’avais déjà tout préparé pour qu’il les essaie mais à la tête qu’il tira, je compris que j’aurais beau tout essayer, rien ne serait suffisamment bien pour lui, il devait estimer que je n’étais bonne qu’aux choses basiques et d’une insignifiance à pleurer, ainsi je n’ajoutai rien. A quoi bon le forcer s’il estimait que mon aide n’était pas requise et aucunement nécessaire ? Je mis ça dans un coin de ma tête, histoire de le lui ressortir un jour ou l’autre, l’occasion se présenta plus tôt que prévu finalement et autant dire que ce fut presque un soulagement, je détestais me la jouer cocotte-minute, c’était généralement plus violent quand j’attendais trop longtemps pour dire ce que je pensais. Des semaines voire même des mois que je tente désespérément de lui faire entendre raison, de l’éloigner de ce qui le bouffe jour après jour et il refuse d’entendre et de comprendre avec la douceur, la manière forte n’y changera rien mais au moins, je sais que je me sentirais soulagée. Je ne comprends pas cet attrait qu’exerce le mal sur lui alors qu’il me répugne jusque dans mes fondements, que le simple fait de regarder ce livre me donne la nausée et me transperce les os de sa malfaisance. Mais Abel est un Halloran et il lui faudra plus que des avertissements pour ouvrir les yeux, il attend patiemment que ça lui éclate en pleine figure et qu’il y perde un œil et le bout de son nez pour réaliser qu’il est d’ores et déjà trop tard.

« Le mal ne s’accroche que s’il trouve une faille dans laquelle s’infiltrer et je n’ai aucun réceptacle pour ce genre de mal là ! » répliqué-je sèchement « Oh parce que c’est moi qui tend à rompre l’équilibre ? Alors que tu te plonges dans des préparations aussi impies que ce livre ? Je ne cherche pas la puissance, seulement à comprendre ce qu’il y a de si bien dans la magie noire pour que tu en sois presque à renier ta patrie et ta famille, je veux comprendre ce qui te rend si fébrile et te pousse à croire que je suis celle à protéger. Ne te méprends pas, s’il le fallait, je saurais t’arrêter ! »

Ce n’était pas tout à fait vrai, ce n’était qu’une conviction qui me venait de Dieu sait où et qui me faisait croire qu’il restait de l’espoir pour mon frère aîné. Avant que ça ne tourne mal, j'étais sûre de pouvoir m’opposer à lui et le ramener vers moi et le bien, lui faire quitter le camp de ceux qui mouraient prématurément et dans d’atroces souffrances pour avoir trop flirté avec le mal. J’allais ajouter un argument de poids quand il enchaîna sur quelque chose qui me blessa plus profondément que je ne l’aurais cru. Jamais je ne l’avais contraint à me suivre, j’étais peut-être sotte et candide à l’époque mais jamais je ne l’aurais obligé à tout quitter pour moi, après tout, il avait déjà quitté la maison de notre oncle pour faire sa vie, par conséquent je m’étais faite à l’idée d’affronter l’épreuve de ma transformation seule et cela m’aurait sans doute fait du bien, même si ça aurait définitivement rompu le lien qui nous unissait. J’avais une capacité à pardonner relativement développée mais il y avait des choses que je ne pouvais concevoir et qui me poussait à me montrer dure et sans compassion. Pour moi, la famille était la chose la plus important qui soit et de savoir que pour lui, sa vie passait avant tout le reste m’avait fait énormément de mal. Ainsi, je n’aurais pas pu excuser une deuxième fois même avec toute la volonté du monde. Le pardon était l’affaire de Dieu et non pas la mienne. Mais le plus dur à encaisser ne fut pas le fait qu’il remette sur mes épaules sa décision de quitter la Louisiane mais plutôt qu’il me considère comme une inconsciente et irresponsable prête à tout brader bêtement, juste pour envoyer de la poudre aux yeux à ses « patients ». J’étais tout sauf corrompue et stupide, je connaissais les risques et si j’avais décidé de les prendre c’était entièrement justifié et réfléchi. Je le toisai de toute ma hauteur et ce même s’il faisait bien deux têtes de plus que moi et je farfouillai dans ma poche avant d’en sortir une boîte de médicaments et de m’approcher de lui pour les lui coller, de toute ma force lycane, sur la poitrine pour qu’il s’en saisisse.

« Il n’est pas trop tard pour partir et reprendre cette vie qui te manque, ainsi tu ne pourras plus crier à qui veut l’entendre que tu es ici par la volonté de ton égoïste de sœur ! Je ne te retiens pas Abel ! » lâché-je avant de monter les escaliers de la cave quatre à quatre et de claquer violemment la porte d’entrée, faisant trembler les murs au passage

***

Je ne remis les pieds chez nous qu’à la nuit tombée, il était vingt-trois heures et j’avais passé toute la journée à courir en forêt, mes cheveux en portaient les stigmates ainsi que mon visage pleins de boue et mes ongles noirs. Un bon ban s’imposait même si j’aurais préféré reculer davantage le moment où je devais franchir cette porte, je craignais qu’il ne m’ait pris au mot et qu’il ait fait ses affaires pour m’abandonner. Perspective qui me chagrinait autant qu’elle me soulageait, de cette manière, je m’épargnais des explications et des excuses mais également une bataille perpétuelle avec lui pour qu’il cesse de jouer avec le feu et finisse par se brûler les ailes, y laissant son âme et son cœur. J’étais désormais complètement impuissante face à sa destinée et ça me rendait malade. Je poussai délicatement la porte et constatai que tout était éteint, sans même prendre la peine d’allumer la lumière, je me déchaussai et me défis de mon pull, prête à gravir les escaliers lorsque je sentis une présence derrière moi, je sursautai avant de m’immobiliser complètement.

« Qu’est-ce que tu veux ? » demandé-je avec lassitude


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Abel Halloran

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MessageSujet: Re: Dancing in the ruins of our life {Abel} Dancing in the ruins of our life {Abel} EmptyMer 7 Sep - 8:15

L’émancipation de ma sœur m’arrache ma raison d’être et je me sens douloureusement inutile quand de notre enfance, je garde des souvenirs vivace de mon rôle de protecteur. Des coups de mon père, de mon corps pour rempart pour la protéger, de sa panique le soir de notre fugue définitive, de notre exil chez notre oncle, de ma discussion avec ce dernier, de mon départ vers ma propre vie et surtout, du meurtre de Clayton, je n’ai rien oublié. Comment puis-je décemment admettre que l’enfant sensible et délicate qu’elle était jadis a laissé place à une femme hardie et débrouillarde ? Une jeune femme avenante et souriante qui apprit, à force d’expérience, à affronter seule les épreuves de son destin. Aujourd’hui, elle n’a plus besoin de moi. C’est contrariant et je me sens vide. Vide et dépendant. Dépendant de sa magie et de sa force. Sans elle, il y a bien longtemps qu’emporter par ma colère, ma folie n’aurait d’égale que ma puissance. Dangereux sorcier noire, la frontière entre le bien et le mal aurait fondu comme neige au soleil. Ainsi, cette injustice me laisse un goût amer. A l’absence de Dakota, je perdrais raisons et substances. Mais moi, qu’ai-je à apporter de bon et de sain à la benjamine Halloran ? En quoi lui suis-je utile ? Sa sorcellerie est défensive et sa mutation offensive. Quel est désormais mon rôle dans cette maison comme dans sa vie ?

Pour la suivre, J’ai tué deux fois. Un homme concrètement et une femme abstraitement. Je n’ai rien et une femme. Jamais je n’oublierai le regard apeuré de ma victime enjoint contre sa volonté à presser la détente d’un revolver. Tout comme j’ai gravé dans ma mémoire les yeux embués de ma copine que j’abandonnai sans l’ombre d’une explication convaincante. Ses douces mains accrochées à mon sweet-shirt pour me retenir, ses traits contrits comme les grenouilles de bénitier durant l’office de funérailles, sa voix vacillante pour réprimer ses larmes, sont tant de désagréables images qui me hantent souvent. Elle m’aimait si fort que, sans prétention aucune, je doutai qu’elle puisse se relever quand moi-même, je la regrette encore. Parfois, lorsqu’elle me manque, je l’appelle en cachette jusqu’à entendre son timbre mélodieux. D’autres fois, plus intrépide, j’interroge nos vieux amis communs pour m’enquérir de son moral et de sa santé mais les nouvelles ne sont ni bonnes ni mauvaises. La somme de ma frustration, ma fatigue et ma colère s’abat s’abattent sur elle telle la lame froide d’une guillotine sur la nuque d’un condamné à mort. Je la traite donc sans égard, réfutant ses conseils, réclamant mes cachets et reprochant la misère de mon destin dénué de tout but conséquent.

« Si tu crois qu’il ne s’intéresse qu’aux âmes sourde de bienveillance, pourquoi sauver Levy dans ce cas ? Sans doute doit-il mériter son sort. Non ? » lui demandé-je avec malice juste avant de lester ma sœur d’un fardeau qui n’est pas le sien.

Ma rupture et notre départ pour Aberdeen n’est pas de son fait et la tenir pour responsable du néant de mon existence est outrageusement inique. J’en suis que faiblement conscient. Poussé par le flux d’énergie maléfique qui remplit chaque recoin de mon espace vital – flux généré par l’ouvrage trônant en maître au milieu de la pièce – je ne suis plus vraiment moi-même. J’ajoute même, fort de ma mauvaise foi :

« Qui est-ce que tu essaies de convaincre là ? Toi ou moi ? Tu ne sais rien de ce bouquin, tu ne l’as même pas ouvert et tu te permets de prétendre qu’il est néfaste. Parce que toi, évidemment, sainte parmi les saintes, être pieux et sans défaut, tu ne frôles pas l’indécence avec tes projets de soir. Evidemment que non. »

Mon discours pue l’ironie.Les mots jaillissent crapuleusement de ma bouche incapable de les mesurer, d’en apprécier le poids et de les édulcorer. Manipulé, la facette la plus sombre de ma personnalité, sous le feu des projecteurs, se révèle plus brutalement qu’à l’accoutumée. Non pas que je crie ou vocifère. Jamais je ne me défais de mon calme olympien. Mais je choisis mes vocables sans les considérer, sans les peser, presque avec méchanceté.

« Et après, tu oses dire que c’est moi qui renie ma patrie et ma famille. La bonne blague. C’est plus facile n’est-ce pas ? C’est plus facile que d’avouer que c’est ta meute qui t’éloigne de moi et pas mes bouquins ou ma magie. »

A mes reproches sans fondement, elle se redresse de toute sa hauteur et me jaugerais presque avec mépris. Pour la connaître, je sais l’avoir blessée. Elle a mal, c’est évident et, si, en d’autres temps, j’aurais culpabilisé. Le cœur égaré dans mes rituels d’hérétique, j’en jubile et j’en ris intérieurement. Tandis qu’elle presse contre mon torse le tube de plastique de mes somnifères, un méprisant rictus file sur mes lèvres. J’ai gagné. La victoire est savoureuse. Et, puisqu’elle choisit de couper cours à notre discussion stérile, puisque de bon train elle s’enfuit par l’escalier, je hurle pour qu’elle m’entende : « Je n’ai jamais attendu ton consentement pour me barrer chérie et si je ne suis pas là, ce n’est pas pour toi. Ta prétention te perdra Dakota. » Et de colère, je vire au rouge et vide, d’un geste vif de la main, l’établi ou repose mes ustensiles de travail.

****

Dans ma chambre, les portes ouvertes de ma garde-robe nargue ma valise vide posée sur mon lit. Et moi, une pile de T-shirt reposant sur mes bras, je ne sais que faire : les entasser dans mon sac ou les rendre à leur contenant ? En grimpant les vieux escaliers de cette maison que je partage avec ma sœur, j’étais ivre de colère, résolu à la fuir à tout jamais et à retourner en Louisiane. A présent, je doute du bien-fondé de mon hâtive décision. Est-bien raisonnable de tout envoyer valsé pour une dispute ? Nous en avions connu d’autres – bien que rarement aussi violente – et nous nous aimons elle et moi. Ne me serais-je pas laissé emportée par la frénésie d’une fougue destructrice ? Je n’en sais rien, je suis perdu et, par-dessus tout, je n’ai pas la force d’abandonner ma sœur. Dès lors, usé et rincé, j’ai rangé mes vêtements, refermé le meuble et jeté au sol mon sac toujours vide. Je devais me reposer. Il sera, plus tard, toujours tant de réfléchir à ce qu’il y a lieu de faire. Plus tard. Après quelques heures d’un sommeil artificiel. D’un sommeil qui, finalement, ne durera que cent vingt minutes. Cent vingt petites minutes bien insuffisantes pour que je récupère pleinement de ma nuit blanche. Je me lève encore plus lasse et surtout honteux de mon comportement alors qu’un peu de patience aurait largement pu résigner ma sœur. Ainsi, portable à la main, je décidai de téléphoner à Marshall et d’entendre ces recommandations.

Par chance, il décrocha rapidement et à son timbre enjoué, je ne peux m’empêcher de sourire. Un sourire vrai et spontané. Un sourire à l’image de ma véritable nature. « Comment va mon oncle préféré ? » lui dis-je d’une voix encore un peu ensommeillée. Il en rit de bon cœur et me taquina de toute sa bonne humeur.
« C’est pas une heure pour se lever ça mon grand. Mais, je vais très bien merci. Dis-moi, que me vaut l’honneur ? Dakota et ses projets, je me trompe ?» On n’apprend jamais aux vieux singes à faire des grimaces.
« Non. Tu ne te trompes pas. Qu’est ce que tu en penses. » m’intéressé-je quand un pesant silence s’installe. Il m’inquiète tant que je n’ose un commentaire, respectant sa réflexion décrite pas cette respiration lente que je lui connais.
« Je crois que... » finit-il par répondre « Je lui ai donné tous les conseils possibles. Tu sais, malgré que cette magie s’écarte légèrement de la blanche sorcellerie, elle ne se détourne pas de cette caste. Pour moi, elle ne risque rien même si je préfèrerais que tu la secondes. » A ces mots, je me sentis con. J’avais prêté à ma sœur de la malhonnêteté, oubliant qu’elle en est bien incapable. « Oui, c’est ce qu’elle m’a dit mais, je n’ai pas voulu la croire. Nous nous sommes disputés. Je voulais le faire moi, j’avais peur pour elle mais, je crois que j’ai été trop dur.» me justifié-je en accueillant à leur juste valeur les recommandations de mon grand oncle avant qu’il ne raccroche. Rasé de près, j’ai donc entreprit de lui préparer son plat préféré et d’attendre son retour pour lui présenter, la main sur le cœur, d’authentiques excuses.

***

Des heures durant je préparai la plus douce des léthargies pour soigner son cœur blessé. Néanmoins, lorsque j’ai reconnu le pas de ma sœur dans l’entrée, j’ai paniqué. Je crois même avoir pâli lorsqu’elle sursauta. Je craignais que, toujours vexée, elle ne s’offusque de l’avoir effrayée. Aussi, soupirant tantôt d’aise tantôt de déception à la lassitude de son ton, je demeure muet et mes bonnes résolutions s’envole sous la brise légère de son soupir. Je m’en voulais pourtant. Je m’en voulais à n’en plus trouver mes mots. Lui demander où elle était serait maladroit. M’excuser, trop audacieux. Bégayer, pathétique. Alors, je n’ai rien trouvé de mieux à dire que :

« Après ta douche, tu viens manger avec moi ? Je t’ai cuisiné ton plat préféré et puis, je crois qu’il faut qu’on rediscute de ce qui s’est passé tout à l’heure. Tu mérites quelques explications d’autant que je me suis montré dur avec toi » lui proposé-je avec énormément douceur. J’ai tourné les talons mais avant de rejoindre la cuisine, j’ai demandé, penaud : « Dis, ça t’ennuie si je t’accompagne à ton rituel ce soir ? Juste pour me rassurer, si je reste ici, je vais mourir d’inquiétude. »
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MessageSujet: Re: Dancing in the ruins of our life {Abel} Dancing in the ruins of our life {Abel} EmptyVen 9 Sep - 8:16




Autrefois, j’aurais sans doute fait le tour de la maison en courant jusqu’à ce que toute colère ait déserté mon cœur et mon âme et je serais probablement revenue pour m’excuser alors qu’il était l’instigateur de cette dispute, mais pour arrondir les angles, j’étais souvent prête à porter la responsabilité de n’importe, principalement si ça pouvait me réconcilier avec ma seule et unique famille. Mais depuis mon arrivée à Aberdeen, j’avais changé, pas seulement au sens moléculaire du terme mais également du point de vue psychologique. Je n’étais plus cette jeune femme fragile et prête au sacrifice suprême pour un oui ou pour un non, je m’étais endurcie, j’avais, comme qui dirait avec ironie, pris du poil de la bête et avais commencé à me révolter contre tout ce qui m’avait toujours irrité, mais surtout, j’avais, malgré moi, appris à tenir tête aux autres, qu’ils comptent ou non, j’avais appris le contraire de oui et même si l’égoïsme restait encore bien loin de ma vision de la vie, j’étais consciente que je comptais presque autant que les autres et c’était fondamental dans la construction de ma toute nouvelle personnalité. Je savais que celle-ci effrayait Abel autant qu’elle l’intriguait, comme je savais qu’il se sentait délaissé par ce que nous ne pouvions partager et depuis notre arrivée et surtout, mon entrée dans la meute, il nourrissait cette rancœur pour les autres loups de la meute, comme s’ils étaient responsables de ce qui m’était arrivé, comme s’ils étaient les responsables de notre éloignement et du fait que nous peinions de plus en plus à nous supporter. J’avais, tant bien que mal, tenté d’apaiser ses craintes et ses angoisses bien que celles-ci trouvaient un drôle d’écho chez moi, j’avais également la même impression mais contrairement à mon frère, je savais parfaitement d’où venait cette distance qui s’était instaurée entre nous, elle n’était pas la conséquence de mon entrée dans la meute ou bien du fait que je sois lycanthrope mais de quelque chose de plus ancien et d’ancré en nous, quelque chose qui nous dépassait encore bien trop pour que l’on puisse mettre des mots dessus. Alors que j’étais la quintessence de la bonté et de ce que l’humanité pouvait faire de mieux en matière d’altruisme, il était presque abîmé par le mal dont il usait et qui finissait par littéralement le posséder de bout en bout. J’avais encore des doutes sur cette théorie, sans doute parce qu’elle me semblait trop tirée par les cheveux pour être vérifiée mais il suffit qu’il ouvre la bouche pour me cracher toute sa haine au visage pour que je prenne conscience de l’ampleur de ce mal qui le rongeait. J’avais sous-estimé le problème, moi et mes œillères avions de beaux jours devant nous mais si je continuais, je risquais de le perdre. Au fond, j’aurais aimé que ce ne soit plus mon problème, que cette question ne soit pas de mon ressort et que je n’aie plus à m’inquiéter de ce qu’il adviendrait de lui. Mais s’il se comportait comme le roi des connards trop souvent à mon goût, il restait mon frère, l’homme que j’estimais le plus au monde et je n’avais pas le droit de le laisser sur le carreau alors que je volais constamment au secours de parfaits inconnus, c’était injuste.

Pourtant, je ne rêvais que d’une chose : qu’il ne soit plus là lorsque je franchirais le seuil de la bâtisse qui nous servait d’abri. Je tentais de me convaincre que c’était faux mais il avait littéralement dégringolé dans mon estime et le simple fait de m’imaginer face à lui, réveillait ce qu’il y avait de pire en moi, principalement lorsque j’arborais ma forme lupine. Quelques années plus tôt, s’il avait osé me parler de la sorte et à cause de mon manque de contrôle, je l’aurais sûrement déchiqueté et ça aurait soulagé une part de moi, parce qu’alors, je n’aurais plus eu à gérer les conséquences de son usage intensif de la magie noire. Il pensait sans doute me protéger mais au fond, je subissais presque autant que lui et ça ne pouvait plus durer, j’en avais assez d’être compréhensive et douce, ça ne fonctionnait pas et il était grand temps qu’il prenne conscience que je l’arrêterais par la force s’il faisait toujours fi de mes conseils. Ces mots qu’il m’avait craché au visage tournaient encore et encore dans mon esprit, me serrant le cœur et me poussant à courir plus vite alors que les branches basses des arbres alentours me fouettaient et que je m’écorchais en me frottant à l’écorce des arbres. J’aurais aimé que ce moment dure toujours, pouvoir rester dans la forêt sous ma forme animale pour ne plus avoir à me soucier de quoi que ce soit : ni de la magie, encore moins des factures et surtout pas des hommes. Au final, il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre et mon aîné en était la preuve vivante, ils étaient tous irrécupérables et chaque fois, j’en faisais les frais. Si lui ne m’avait jamais frappé, il me blessait par la force des mots et de sa méchanceté et je trouvais ça bien pire qu’un coup de poing, une gifle ou même un coup de pied, j’aurais presque préféré qu’il en vienne aux mains, ça m’aurait probablement moins vexé que ces accusations infondées. D’ailleurs, si j’avais eu le malheur de croiser la moindre créature sur mon chemin, je ne lui aurais rien épargné mais grâce à Dieu, il n’y avait pas un chat et encore moins de solitaire, personne sur qui j’aurais pu faire passer des années de frustration et de douleur engrangées. Voilà des semaines que je sentais tout remonter à la surface, gonflant ma poitrine de ressentiment et de colère sourde, j’étais une véritable cocotte-minute prête à exploser et il semblait que l’incident du début de journée n’était que les prémisses de quelque chose de bien plus violent encore. S’il était capable du pire, c’était presque attendu alors que moi, je n’étais pas supposée être celle qui perdait patience et sang-froid.

Aux abords de notre demeure, je repris ma forme humaine, me retrouvant nue comme un ver mais ne sentant pas le vent glacé qui venait souffler sur ma peau dont la température était bien au-delà de celle d’un être humain dit normal. Je me penchai pour récupérer mes vêtements abandonnés là quand j’entendis un craquement presque inaudible, je relevai la tête et eus tout juste le temps d’apercevoir une silhouette avant qu’elle ne disparaisse et que mon cœur se mette à battre plus fort, la peur l’obligeant à pomper davantage de sang qu’à l’accoutumée. Je me dépêchai d’enfiler mes frusques pour rejoindre la sécurité toute relative de la maison, j’avais la vague impression de savoir de qui il s’agissait mais je me refusais à l’admettre, pour ma santé mentale. Encore secouée par tout ça, je pris le parti de monter me délasser dans un bain avec en fond sonore du Elvis Presley mais avant que je n’ai mis le pied sur la deuxième marche, mon frère m’interpella et le son de sa voix fit se dresser les poils sur mes bras. Je lui en voulais encore et la simple idée de devoir m’asseoir près de lui pour partager quelque chose me répugnait. J’étais déçue et la dernière chose qui me faisait envie, c’était faire des efforts pour qu’il se sente moins coupable. Je m’étais pliée en quatre pour lui et son bien-être pour finalement m’apercevoir qu’à ses yeux, tout ça ne comblerait jamais le ide de sa vie passée et que c’était plus une corvée qu’autre chose que d’être ici avec moi, alors que j’avais toujours vu ça comme le pilier de ma vie, à savoir la famille, sa présence, ses conseils.

« Le rituel est reporté. » répondis-je sèchement, sans me retourner « Je n’ai pas faim, que ce soit de nourriture ou d’explications, je suppose que tu as bien mieux à faire que de passer la soirée avec celle qui t’a forcé à venir t’enterrer ici, de toute façon. Quant à moi, j’ai mieux à faire que de m’imposer la présence de personnes méprisantes pour apaiser leur culpabilité. Bonne soirée ! »

Je montai le reste des marches et fis couler de l’eau bouillante dans la baignoire tandis que je déposais soigneusement un disque d’Elvis sur mon tourne-disque préhistorique et que je récupérais mes vêtements dans la chambre pour les embarquer avec moi dans la salle de bain. Je n’émergeai qu’une bonne heure plus tard, dans un état second à cause de l’effet de la chaleur sur mon corps mais avec une fringale terrible. Je n’eus d’autres choix que de dévaler les escaliers dans mes chaussons éponges roses et mon pyjama Betty Boop pour me diriger vers la cuisine et tomber sur mon frère, toujours attablé. Je l’ignorai et me mis à farfouiller dans les placards, bien décidée à ne pas toucher au plat typique de Louisiane qu’il avait cuisiné et qui avait parfumé la cuisine. Je me sortis le paquet de pain de mie, le pot de beurre de cacahuètes et de la marmelade et m’installai sur une chaise pour me confectionner mon repas de fortune, sans même lever les yeux sur mon aîné qui devait se demander pourquoi je ne l’excusais pas. Les règles du jeu avaient changées, il devrait s’y habituer.


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